Mgr Berhaneyesus Souraphie, archevêque d’Addis Abeba et président de la Conférence épiscopale d’Ethiopie et d’Eryhtrée, a été interrogé à l’émission de télévision « Là où Dieu pleure ». Extraits :
"L’Eglise en Ethiopie remonte à l’époque des apôtres, quand Philippe baptisa un eunuque. Ce fait est cité au chapitre 8 de l’Acte des apôtres. Le christianisme est devenu officiellement la religion d’Etat au IVe siècle. Le premier évêque, saint Frumence, a été ordonné par saint Athanase d’Alexandrie. Avec ce premier évêque, qui était syrien, l’Ethiopie est devenue officiellement un pays chrétien et le second, après l’Arménie, à avoir déclaré le christianisme comme religion d’Etat. […]
Les chrétiens représentent 60% de la population, les catholiques seulement 1%. Quelles sont les différentes traditions présentes en Ethiopie ?
Les chrétiens constituent encore la majorité en Ethiopie. L’Eglise orthodoxe représente 44%, les protestants environ 18%, les catholiques 1%, et donc 62% de la population est chrétienne. L’Ethiopie est toujours restée un pays chrétien, grâce à la « Divine Providence, comme nous disons en guèze ou ge’ez ». […]
Voyez-vous, la croix est un signe de victoire pour les chrétiens – par la croix le Christ a détruit le péché et la mort. En Ethiopie, la croix est partout : au-dessus des églises, sur le toit des maisons, dans les tatouages sur le front ou sur la main, sur les vêtements, sur les écrits et sur les manuscrits. Il y a plus de 200 dessins différents de croix éthiopiennes. Les prêtres tiennent la croix dans la main pour que les gens puissent la baiser et la saluer. L’Ethiopie célèbre la Fête de la Vraie Croix, qui rappelle que l’impératrice Hélène, mère de Constantin, a découvert trois croix enterrées sous un chantier de fouilles à Jérusalem et comment elle a identifié la vraie croix sur laquelle Jésus a été crucifié, en constatant la guérison de malades. La croix joue un très grand rôle en Ethiopie et une partie de la [vraie] croix est conservée dans un monastère d’Ethiopie, le monastère de Gishen Mariam. […]
L’Eglise catholique fournit à elle seule environ 90% de l’aide sociale en Ethiopie ? Comment l’Eglise, étant si minoritaire, peut-elle être aussi active ?
Vous avez raison. L’Eglise catholique constitue une minorité, environ 1%, et elle fournit la plus grande partie de l’aide sociale : centres médicaux, écoles, centres sociaux qui prennent soin des sans-abris, des nécessiteux et des malades du sida etc. Un travail comme celui des sœurs de Mère Teresa. […] L’enfant a besoin aussi d’instruction : nous avons plus de 200 écoles en Ethiopie ; principalement dans les zones rurales, mais également dans les villes où les personnes dans le besoin peuvent y avoir accès. […] Les services fournis par l’Eglise catholique sont ouverts à tous, chrétiens et musulmans. La chose importante est la personne humaine avec ses besoins humains. C’est sur cette base que l’Eglise a travaillé et encore aujourd’hui, à la demande des gens et du gouvernement, l’Eglise catholique construit une université catholique à Addis Abeba, en collaboration avec le gouvernement afin qu’elle soit une université nationale."