Communiqué de SOS Chrétiens d’Orient :
Le monastère de Debre Damos, vieux de plus de mille cinq cents ans, a été détruit par des bandes armées, l’un des moines aurait été assassiné. Les troupes fédérales Éthiopiennes ont combiné leurs forces avec leurs anciens ennemis Érythréens, devenus leurs nouveaux alliés, pour réprimer la volonté des habitants du Tigré, région du Nord de l’Ethiopie, de s’émanciper en partie du pouvoir central Ethiopien. Depuis trois mois, des troupes Érythréennes payées par le gouvernement éthiopien assassinent, pillent et violent la population du Tigré.
C’est au Nord-Ouest d’Adigrat que le monastère de Debre Damos, datant du VIème siècle, a été bombardé par les forces Érythréennes qui seraient ensuite montées sur le plateau, sur lequel le monastère a été construit, pour le piller, s’emparer de ses trésors et de ses archives. Dans la ville d’Adigrat ce sont des bandits qui ont profité de la confusion régnante pour piller la mission des Missionnaires d’Afrique avec lesquels SOS Chrétiens d’Orient travaille depuis deux ans, après avoir lynché le garde et ligoté les plus vieux prêtres qui n’étaient pas parvenus à s’enfuir.
Un des prêtres orthodoxes de la communauté des Missionnaires d’Afrique a rapporté qu’au moins un moine de Debre Damos aurait été assassiné. Il est cependant possible que l’ancienne église du monastère ait survécu aux bombardements, d’après cette même source.
Depuis 2018, année durant laquelle les Tigréens ont perdu les rênes du pouvoir central d’Ethiopie au profit de l’Oromo Abiy Ahmed, cette ethnie se sent marginalisée par le nouveau gouvernement en place. Au mois de septembre 2020, des élections régionales ont été organisées de manière illégale par les autorités du Tigré, non pour créer un nouvel état séparatiste mais en réaction aux actions du président Abiy Ahmed qui consistaient à écarter les Tigréens du pouvoir central.
C’est à la suite de cette action protestataire que l’armée érythréenne, dont les troupes sont payées par le gouvernement éthiopien, a marché sur les villes d’Adigrat, d’Adwa, de Wukro, où ils ont ouvert un camp militaire, et de Shire.
Mercredi dernier, lors de manifestations dans ces villes du Tigré, vingt jeunes ont été exécutés par les forces gouvernementales éthiopiennes et érythréennes à Adwa et 10 autres ont connu le même sort à Shire, tandis qu’à Adigrat ce sont le manque de médicaments et la famine qui provoquent la mort de nombreux citadins.
Le peuple de Tigré n’est pas au bout de ses souffrances et SOS Chrétiens d’Orient invite à prier pour que la paix et l’unité reviennent en Ethiopie. L’association poursuit son aide au travers des communautés encore présentes sur place, et sera présente dès le mois prochain dans le pays afin d’aller à la rencontre de ces chrétiens en souffrance et leur apporter le soutien nécessaire.
Jipeo
Je suis surpris par ce communiqué. J’ai vécu plusieurs années en Ethiopie, j’ai escaladé la falaise pour accéder à Debre Damo, j’ai été à Adigrat et dans le Gueralta, je connais les Pères Blancs et je soutiens financièrement SOS Chrétiens d’Orient. Toutefois ce communiqué me laisse un peu perplexe.
En Éthiopie les choses sont toujours d’une extrême complexité. Pour le coup, cette charge politique très binaire et peu nuancée me paraît un peu simpliste de la part de SOS Chrétiens d’Orient.
De plus, on nous annonce la destruction du monastère mais on nous dit après qu’on ne sait rien de ce qui s’est passé ni si le monastère a été touché. On nous parle de prêtre orthodoxe de la Mission d’Afrique qui est par ailleurs totalement catholique. Peut-être alors un prêtre catholique de rit oriental ? Mais SOS Chrétiens d’Orient sait normalement parfaitement faire la différence.
Aussi, SOS Chrétiens d’Orient peut-il nous éclairer son communiqué ?
Jipeo
Par ailleurs, classer ces crimes dans la catégorie “cathophobie” n’est également pas juste. D’abord, les moines de Debre Damo sont, contrairement aux Pères Blancs, des orthodoxes. Donc pas catho. Ensuite, cette guerre n’a aucun caractère religieux et ces crimes sont bien plus du banditisme de bas étage qu’autre chose.