De Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique :
"Il y a tout juste 52 ans dans la torpeur d’un été analogue à celui que nous vivons un million de chrétiens d’Algérie étaient chassés de leur terre natale. Cette épuration ethnico-religieuse s’accomplit dans le silence assourdissant des bonnes consciences autoproclamées, le mutisme des évêques de France à l’exception notable de Mgr. Rodhain , président du Secours Catholique, et la complicité active des autorités gaullistes de l’époque qui renvoyèrent en Algérie les supplétifs musulmans qui avaient échappé au massacre et réussi à rejoindre la métropole.
Dans l’esprit du général De Gaulle il s’agissait, ayant recentré la France sur son pré carré originel et conforté son homogénéité ethnique et religieuse, de lui permettre, libérée du poids financier et médiatique de ses colonies, de jouer, de nouveau, un rôle international de premier plan. Le moins que l’on puisse dire est que la suite des événements n’a guère confirmé les analyses du chef de l’Etat qui craignait, paraît-il, de voir Colombey-les-deux églises devenir Colombey-les deux mosquées.
Aujourd’hui ce sont nos frères chrétiens d’Irak et de Syrie qui doivent choisir entre la valise, le cercueil et la conversion à l’Islam. La communauté internationale regarde ailleurs. Le capitaine de pédalo qui préside aux destinées de notre pays et qui souhaitait intervenir militairement pour soutenir les insurgés islamistes syriens « imite de Conrad le silence prudent », n’envisage absolument pas d’intervenir militairement en Irak, ce qui est objectivement au-dessus de ses moyens, et se propose d’accueillir tous les réfugiés qui le souhaiteront.
Le mondialisme libertaire qui est l’idéologie de nos élites dirigeantes est au mieux étranger, au pire absolument rétif au concept même de « Chrétiens d’Orient. » « Le christianisme voilà l’ennemi » ressentent plus ou moins confusément tous les tenants du matérialisme hédoniste, adeptes du métissage culturel, ethnique et religieux sur fond de société de consommation et de liberté des mœurs. Une inimitié irréconciliable existe entre ceux qui « ont fait pour Dieu leur ventre » (Phil III, 18) voire leur bas-ventre et les disciples d’un Dieu crucifié qui, à leur tour, portent leur croix et prient pour leurs bourreaux.
Que peuvent comprendre à un attachement charnel à une terre natale les « hommes nomades » loués par Jacques Attali, sans racines ni passé, dont le rapport à la patrie a été, depuis longtemps déjà, résumé par Fénelon : « La patrie d’un cochon se trouve partout où il y a du gland » ?
En cet été 2014 puisse notre solidarité avec les chrétiens d’Irak, par la prière, le jeûne ou l’action extérieure, être un signe visible, par Dieu et les hommes, de l’universalité de l’Eglise : « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor XII, 26)
Peut-être sera-ce également l’occasion de nous demander ce que nous a coûté, jusqu’à aujourd’hui, notre fidélité au Christ. Si la réponse est rien ou pas grand-chose est-ce vraiment une bonne nouvelle ?"