Dernier trésor inconnu de l’Occident, celui du
Saint-Sépulcre de Jérusalem, constitué au fil des siècles par les présents
offerts par les plus grands souverains d’Europe ou grâce aux aumônes versées
par les plus humbles fidèles, s’expose jusqu’au 15 juillet dans les Salles des Croisades nouvellement
restaurées pour l’occasion au château de Versailles. 250 chefs d’œuvre, réalisés par les meilleurs orfèvres, les
brodeurs les plus talentueux, les ornemanistes les plus virtuoses, sont exposés
pour la première fois au public.
L’exposition évoque tout d’abord
le contexte historique de ces envois et plus particulièrement à la basilique
qui enchâsse en ses murs, depuis 325, les vestiges du Calvaire et du tombeau du
Christ, que l’empereur Constantin a voulu symboliquement ériger comme un nouvel
Omphalos. Avant de rappeler le rôle
caritatif des Franciscains établis en Terre sainte sans interruption depuis
1333, par exemple dans les domaines de l’éducation et des soins prodigués aux
pèlerins comme aux populations autochtones, le parcours muséographique rappelle
les terribles conditions d’existence des frères en terre musulmane, les
spoliations dont ils furent régulièrement victimes et les risques endurés par
les voyageurs qui après nombre de vexations devaient encore, au terme de leur
périlleux cheminement « payer à Mahomed le droit d’adorer
Jésus-Christ », selon l’expression de Chateaubriand.
Les présents de Louis XIII, de
Louis XIV, des empereurs du Saint Empire (Charles VI, François Ier et son
épouse Marie-Thérèse, ceux des rois de Portugal, d’Espagne, du royaume de
Naples, des républiques de Gênes ou de Venise, de Toscane, de Lombardie, des
Etats pontificaux constituent une rutilante procession d’objets de culte
exceptionnels toujours utilisés lors de grandes occasions, calices, ciboires,
croix de procession, baldaquins eucharistiques, staurothèques, reliquaires,
encensoirs, lampes de sanctuaire, ornements etc… culminant avec la présentation
d’œuvres en or massif constellés de pierreries, uniques au monde.
Cette vision jubilatoire d’une Jérusalem céleste qui serait descendue
du ciel pour quelques semaines encore témoigne en nos temps si incertains et si
bouleversés que ce luxe déployé pour Dieu vise à vaincre le Mal non seulement
par le Bien mais aussi par le Beau.
Lien vers le site de
l’exposition. (merci à JD)