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Pays : International

Expropriation des blancs : l’idéologie officielle du non-racialisme de l’Afrique du Sud se traduit par une racialisation de toutes les relations

De François-Philippe Galvane dans l'Afrique Réelle :

Unknown-5"Lors de sa 54e Conférence Nationale des 16-21 décembre 2017), l’ANC décida d’opérer une réforme agraire radicale par la procédure de l’Expropriation Sans Compensation (Expropriation Without Compensation- EWC) des fermiers blancs et cela, dans un contexte de lutte entre factions partisanes.

Cyril Ramaphosa, fut en effet élu Président de l’ANC (il est devenu depuis Président de la République le 15 février 2018) par seulement 179 voix d’écart sur 4701 votants, sur son opposant Nkosazana Dlamini-Zuma. Il n’avait eu le soutien que de la moitié des 80 membres du National Executive Committee (NEC) et de 3 des 6 membres du Top Six, la direction de l’ANC. Sa position étant fragile, il lui fallait donc donner des gages à son aile la plus révolutionnaire. Voilà pourquoi le « modéré » Ramaphosa a repris la proposition de l’EWC chère aux extrémistes de l’Economic Freedom Fighters (EFF) de Julius Maléma et de l’aile gauche de l’ANC.

Parmi les raisons invoquées par l’ANC pour justifier cette politique, on retrouve la sempiternelle référence aux injustices historiques, avec pour point de départ 1913 et le Land Act qui effectivement spolia les Noirs d’une partie de leurs terres. Quant à l’invocation d’une « faim de la terre » chez les Noirs, elle est à relativiser. Depuis 1994 existe en effet une procédure de restitution des terres, or dans 92% des cas, les plaignants ont préféré une compensation financière plutôt que la restitution de la terre. Cette somme leur permettait en effet de s’installer en ville, d’avoir une maison et d’être présent dans les territoires où l’on peut trouver du travail, au contraire des campagnes… Si il y a une «faim de la terre»,elle se trouve donc dans les villes, où les populations manquent de terrains pour s’installer et construire leurs logements. La majorité des cas d’occupation illégales de terres ont lieu dans les villes et les banlieues et non dans les campagnes.

Mais allons plus loin. La politique de redistribution entamée dès 1994, est un échec dont la responsabilité incombe à l’ANC qui ne s’est pas donné les moyens de l’implanter à grande échelle et qui n’a pas soutenu financièrement et techniquement les nouveaux fermiers noirs, ce qui a eu pour résultat que 90% des fermes redistribuées sont maintenant en faillite, en friche ou réduites à une activité d’autosubsistance avec une déperdition de la production agricole. […]

En Afrique du Sud, c’est la classification raciale et le poids démographique de son groupe d'appartenance, et non le mérite ou la compétence qui permettent – ou non – des perspectives professionnelles, sociales, économiques. Dans les administrations publiques, cela a conduit à un effondrement du niveau de compétence, et de services. Dans le domaine économique, ce sont des pressions politiques de l’appareil d’Etat permanentes pour réduire par tous les moyens le rôle et la présence des Blancs.

L’économie sud-africaine est en crise avec un chômage massif qui touche la moitié de la population, des municipalités en faillite qui n’assument plus leurs missions de service public, des entreprises publiques surendettées, des systèmes de santé et d’éducation qui s’effondrent, une dette nationale qui s’envole tandis que la crédibilité internationale du pays est au plus bas avec la chute du rand et la dégradation des agences de notation… Et c’est dans ce contexte que le président Cyril Ramaphosa lance une réforme agraire par la procédure de l’Expropriation Sans Compensation, tout en invitant les investisseurs étrangers à venir en Afrique du Sud !"

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