Extrait d'une conversation entre Colbert et Mazarin sous Louis XIV :
Colbert : Pour trouver de l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant m’explique comment on s’y prend pour dépenser encore quand on est déjà endetté jusqu’au cou…
Mazarin : Quand on est un simple mortel, bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison.
Mais l’Etat … L’Etat, lui, c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette !
Tous les États font ça.Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant, il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
Mazarin : On en crée d’autres.Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.
Mazarin : Oui, c’est impossible.
Colbert : Alors, les riches ?
Mazarin : Les riches, non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.
Colbert : Alors, comment fait-on ?Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage (…)! il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux là !
Plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… C’est un réservoir inépuisable.
Ce dialogue est extrait de la pièce de théâtre Le Diable rouge qui retrace les derniers mois de la vie de Mazarin, principal ministre du jeune roi Louis XIV dont il achève la formation de souverain. Cette pièce étant contemporaine, écrite par Antoine Rault en 2008, on se demande si l'inspiration de l'auteur ne lui est pas venue d'évènements beaucoup plus récents…
Lama12
Prenez l’histoire de France pour les nuls,pages 370-371 : “De l’argent,toujours de l’argent ! C’est l’objectif principal de Mazarin…Comment trouver de l’argent…En augmentant les impôts,en en créant de nouveaux [le toisé,ancètre des taxes foncières sur le bâti]qui ne rapportera guère…Mazarin tente de créer un impôt sur les aisés qui est une sorte d’emprunt obligatoire auprès des grandes fortunes [l’ISF en quelque sorte].Cela provoque une levée de boucliers telle que le projet est abandonné.Que reste-t-il ? La taille,la gabelle, les taxes aux octrois.Leur augmentation est décidée.”
D’où la doctrine de Mazarin, qui avait compris qu’il fallait taper sur la classe moyenne pour lever des taxes …Rien n’a changé depuis.
Papon
Colbert:
Il faut taxer comme on plume l’oie “un maximum de plumes, un minimum de cris”
JP
Antoine Rault sait en effet de quoi il parle : il a travaillé plusieurs années auprès des politiques. Voici ce qu’écrit le Figaro à son sujet : “De fait, pendant cinq ans, il fut le nègre de Jérôme Monod, l’ancien président de la Lyonnaise des eaux. Il passa cinq autres années à la Mairie de Paris pour les festivités de l’an 2000, œuvra quatre ans ensuite dans l’ombre de Christian Jacob, l’ancien ministre.” source : http://www.lefigaro.fr/theatre/2009/04/28/03003-20090428ARTFIG00362-antoine-rault-de-la-politique-a-la-scene-.php
LBDD
C’est un bel anachronisme, pour ne pas dire une idiotie, ce dialogue.
Mazarin était incapable de tenir ses comptes, ou de gérer sa propre fortune. Il ne gérait pas les finances du royaume, en étant incapable.
C’est lui qui a trouvé Colbert pour en faire son “homme à tout faire” financier, à la fois expert-comptable personnel, conseiller financier. C’est Colbert qui a mis sur pieds les expédients financiers qui ont permis à Mazarin de mener sa politique, c’est Colbert et Fouquet qui mettaient à profit leurs relations (familiales et d’affaires) avec le milieu financier pour trouver des fonds.
Mazarin n’aurait jamais pu “instruire” Colbert de cette manière, bien au contraire, puisque c’est Colbert qui faisait la leçon à Mazari, le sermonnait, le chapitrait.
D’ailleurs Colbert, historiquement, a démontré l’exact inverse de ce que semble démontrer ce dialogue : il a si habilement piégé Fouquet que toute la bérézina financière du début du règne de Louis XIV est retombée sur lui. Quelqu’un a bel et bien finit ses jours en prisons pour les combinations financières de ces jours-là : Fouquet.
De plus, les nouveaux impôts n’étaient qu’une partie des expédients.
Ce qui alimentait les caisses de Mazarin c’était :
– la mise en ferme des impôts futurs (qui permettait virtuellement de collecter des impôts sur des revenus non encore réalisés). L’Etat ne s’endettait pas dans le calcul, il amoindrissait juste ses revenus contre la possibilité de le percevoir immédiatement.
– la création de nouveaux offices vénaux, qui en baissant la valeur des offices pré-existants était une sorte de taxe sur la bourgeoisie et la noblesse de robe.
Les révoltes antifiscales sont survenues sous le règne personnel de Louis XIV…
Artémise
C’est l’auteur qui raisonne comme un fromage (et, soit dit en passant, n’a aucune culture en matière d’histoire économique). Comme si Colbert et tous ses prédécesseurs avant n’avaient pas compris où il faut prendre l’argent.
Quant au style inimitable de cet extrait… pauvre langue de Molière !
[je crois que l’auteur a tout simplement de l’humour…
PC]
FREULON
Mazarin était socialiste… Colbert lui, appartenait à l’UMP.