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Cardinal Burke : “La réforme du procès de nullité matrimoniale nécessite une révision très sérieuse”

Extrait d'une interview du cardinal Burke à propos du Motu Proprio Mitis Iudex, simplifiant les procédures canoniques d'annulation du mariage et traduite en français par le site Benoit-et-moi.fr :

ImagesCAUIXRP3"Dans l'ensemble, et j'ai une longue expérience, ces cas sont très complexes et requièrent un examen approfondi de la part de ceux qui sont préparés pour ce travail. De nombreux évêques, en toute honnêteté et pas par leur faute, m'ont dit: «Je ne suis pas préparé pour juger des cas de nullité de mariage. À part des études de base en droit canonique je n'ai pas étudié cette matière. C'est pourquoi j'envoie des prêtres depuis des années se préparer à le faire». Ma réponse à ces évêques est: «La loi ne peut pas vous obliger à faire ce dont vous n'êtes pas capables; autrement dit, que vous ne pouvez pas honnêtement faire». La réponse à donner au fidèle est donc: «Je ne suis pas préparé pour émettre ce jugement, je renvoie donc votre cas au tribunal matrimonial qui est préparé pour produire un jugement équitable».

Je pense que toute la matière de la réforme du procès de nullité matrimoniale nécessite une révision très sérieuse, surtout en ce qui concerne les questions les plus critiques. Par exemple, il n'est à présent plus nécessaire d'avoir une deuxième 'sentence conforme positive' pour qu'une déclaration de nullité de mariage devienne exécutoire.L'argument souvent utilisé est que cette double sentence conforme n'a été introduite qu'au XVIIIème siècle par le Pape Benoît XIV, ce qui est vrai. Mais il l'a introduite pour une raison importante: il y avait des abus, déjà à cette époque, dans l'octroi des déclarations de nullité de mariage.

Toutefois, même à cette époque, avant qu'il n'introduisît la disposition de la double sentence conforme, les cas de nullité de mariage étaient jugés par un collège de juges. Trois à cinq juges (et même plus) étudiaient les cas et émettaient un jugement sur la demande de nullité. Afin qu'une déclaration de nullité fût émise, une majorité des juges devaient être favorables à la nullité. À présent, dans de nombreux diocèses, les cas de nullité de mariages sont jugés par un seul juge. Nous avons donc une situation où une demande de nullité de mariage peut être jugée affirmativement par un seul homme sans aucune vérification obligatoire. Ce n'est pas juste; ce n'est pas une procédure sérieuse pour juger des fondements mêmes de la vie de la société et de l'Église! Non seulement elle ne traite pas le cas d'une manière sérieuse, mais elle charge aussi le juge d'un poids injuste. Pour ma part, si j'étais un juge, je n'accepterais pas la responsabilité de juger ces cas. Je ne pense pas qu'une décision unique du juge donne une garantie suffisante de défense de la sainteté du mariage; mon unique jugement ne suffit pas dans une question aussi importante. Si quelqu'un a déjà travaillé dans un tribunal, il peut comprendre. Il y a cette idée qui est très naïve et sentimentale, centrée uniquement sur la personne qui s'est présentée disant: «Mon mariage est nul et je demande à l'Église de prononcer un jugement afin que je puisse célébrer un [nouveau] mariage». Cette personne doit être traitée avec la plus grande compassion, mais son mariage est un état public de vie dans l'Église et donc implique un partenaire et toute une série de relations dans la famille, y compris, en principe, des enfants.

Nous focaliser simplement sur la recherche d'une solution rapide pour cette personne, afin que lui ou elle puisse ou bien contracter un mariage, ou bien avoir la bénédiction d'un mariage déjà contracté, crée des dommages considérables à toute une série de personnes impliquées dans ce mariage, et non pas accessoirement, ou dans une sorte de manière pharisienne. C'est un engagement réel qui affecte de nombreuses personnes: parents, enfants frères et sœurs, amis, et ainsi de suite. Cela concerne ce que nous avons de plus sacré dans nos vies."

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6 commentaires

  1. Pour ceux qui considèrent que l’Eglise devrait accepter le divorce sans faire de chichis, je leur propose d’ouvrir une Bible et d’aller à la source : les paroles du Christ lui-même !
    Quand les gens lui demandaient s’il fallait dans certains cas répudier leurs femmes, le Christ a répondu que les anciens avaient prévu le(s) cas de répudiation (divorce donc) à cause de la dureté de leurs coeurs ! Et Notre Seigneur ajouta : Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !
    Il peut y avoir bien sûr des circonstances spéciales, exceptionnelles ; mais je crois fermement que ce n’est pas à l’Eglise de se plier à la courte vue (et à la dureté de coeur) des hommes, mais bien les hommes qui doivent ouvrir leurs coeurs et leurs esprits à l’enseignement du Christ !

  2. Bel exposé.
    C’est évident que restreindre la prudence et la sécurité des moyens, permettra plus facilement à certaines tendances “progressistes” de parvenir à leurs fins lénifiante, lesquelles qui rendront l’Église plus populaire, mais moins fidèle à la parole du Christ; la “démocratie chrétienne” dans les mœurs, l’emporterait alors sur la la Parole du Christ-Roi.
    On proclamera bien haut : “Le mariage est un sacrement absolument inaliénable! mais… cependant encore faudrait-il que vous l’ayez réellement reçu.”
    Triste échappatoire, lamentable martingale que je ne qualifierai pas plus car mes mots risqueraient de manquer à la charité.
    le cœur de l’homme chrétien, serait redevenu si dur que l’Église doive en revenir à une éthique matrimoniale s’approchant de celle de l’Ancien Testament? Deux mille ans d’Évangile auraient-ils donc été effacés par un demi siècle d’hédonisme?
    Consternant!

  3. L’Eglise, comme le Droit Civil considère qu’un mariage est nul lorsqu’il y a erreur sur la personne, non consommation du mariage (allez donc le prouver aujourd’hui!).
    Le Code Civil est très limitatif et l’Eglise un peu plus ouverte, c’est à dire le tribunal de Rota.
    Car en effet, qu’entend-t-on par erreur? Dans le cas d’une de mes cousines, blanche comme une colombe, elle découvrit durant leur voyage de noces que son époux était alcoolique et qu’étant saoul il la frappait. Bon, elle a divorcé et ne s’est plus jamais remariée. Y-avait-il erreur sur la personne?
    Dans un autre cas, le mari, ayant d’ailleurs eu un enfant avec son épouse, au bout de 4 ou 5 ans demanda l’annulation et le tribunal de Rota la lui accorda. Je ne me souviens plus des raisons, mais ce dont je suis sûr c’est qu’aucun tribunal civil n’aurait annulé cette union.

  4. L’Eglise en serait plus populaire… Vous croyez ?
    On en doute fort.
    Elle en serait plus fantomatique et plus négligée que ça n’étonnerait pas.

  5. Si l’on veut observer fidèlement l’évangile, ne faut-il pas alors laisser tomber les nullités de mariage qui ne reposent sur aucune parole du Christ ?

  6. Il n’y a pas à barguigner, il n’y a que deux fraternités qui respectent le message du Christ : la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et la Fraternité Saint Pierre, pour les autres dont certaines sont parfaitement honorables c’est quand même la roulette russe ou le jeu de fléchettes.
    On risque d’être trompé.

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