Véronique Bourgninaud, diplômée de l’École supérieure de commerce de Paris, docteur en histoire moderne, a enseigné la bioéthique à l’institut de formation Capsud Méditerranée à Toulon. Elle a publié un ouvrage Contre la détestation de l’homme par l’homme. Plaidoyer pour la personne humaine dans lequel elle dénonce le transhumanisme, l’idéologie et du genre et l’antispécisme. Face à cet antihumanisme fondamental et implacable, l’auteur nous livre des clés pour retrouver le sens de la transcendance si intimement liée à l’homme.
Il nous semble insuffisant de répondre à ces désordres profonds par le seul rappel de la loi naturelle, même si celui-ci est nécessaire. Quand on explique par les seules lois naturelles les malheurs qui affligent les peuples (par exemple en voyant la misère des peuples comme le seul résultat des faits économiques ou politiques désordonnés), on risque d’oublier que ces malheurs ont une cause morale plus profonde et proviennent de ce que beaucoup d’hommes mettent leur fin dernière là où elle n’est pas, dans des biens naturels ou matériels qui divisent, au lieu de la mettre dans le Bien surnaturel qui seul unit. Même la loi naturelle dans sa version laïque, sans le rappel de la source dont elle émane et sans l’humble assentiment de l’esprit à la recevoir comme un don révélé, semble buter fatalement contre le fait du mal dans le monde. Un doute tenace demeure toujours sur l’origine de cette nature et sa légitimité. La loi naturelle trouve dans la loi éternelle sa vérité première et ultime : “Seul parmi tous les êtres animés, l’homme peut se glorifier d’avoir été digne de recevoir de Dieu une loi : animal doué de raison, capable de comprendre et de discerner, il règlera sa conduite en disposant de sa liberté et de sa raison, dans la soumission à Celui qui lui a tout remis” [Tertullien]. Ainsi, “ne pas agir selon la raison est contraire à la nature de Dieu”, et l’acte raisonnable demeure incomplet s’il n’est pas conforme à la nature de Dieu.
Comment donc porter remède à ces désordres contemporains dont nous souffrons tous plus au moins ? Cela paraît impossible sans la profession de foi et sans une radicale conversion des coeurs et des peuples : “L’héroïsme chrétien deviendra un jour l’unique solution des problèmes de la vie.” Seule la foi, en révélant la cause et la finalité suprême de tout être, permet de comprendre et de porter un jugement de valeur définitif sur ces idéologies nihilistes. Le grand problème actuel se trouve dans le conflit entre l’universalisme du règne du Christ, qui libère les âmes et restaure les êtres, et le matérialisme ou le naturalisme qui conduisent à l’oppression des faibles et la dénaturation du vivant.