De Jean de Tauriers, Président de Notre-Dame de Chrétienté, dans L’Appel de Chartres :
Depuis la publication de Traditionis Custodes, il a été souvent demandé à Notre-Dame de Chrétienté d’encourager la célébration de la messe de Paul VI pendant le pèlerinage de chrétienté. Comme aux premières années de notre pèlerinage, nous devons à nouveau justifier les raisons de notre attachement exclusif à la messe tridentine, messes publiques ou privées.
Trente-neuf années de dossiers Notre-Dame de Chrétienté disponibles sur notre site (nd-chretiente.com) donnent toutes les raisons théologiques de nos choix, ce sont les plus importantes bien évidemment.
Les arguments avancés dans ce petit texte, sont de simple bon sens et sautent aux yeux des “catholiques du bout du banc” que nous sommes. Nul besoin de formation liturgique, théologique ou canonique, il suffit de respecter la parole donnée, de juger un arbre à ses fruits et d’observer le réel.
Rien d’insurmontable comme effort, vous en conviendrez. Dans la kyrielle d’arguments disponibles, j’ai mis de côté les statuts de l’association Notre-Dame de Chrétienté qui obligent exclusivement au rite tridentin.
1) La fidélité à la parole donnée
Notre pèlerinage est né en 1983.
En 1988, Monseigneur Lefebvre sacre des évêques sans mandat pontifical. Le Centre Henri et André Charlier (Notre- Dame de Chrétienté sera créée quelques années plus tard) choisit de ne pas suivre la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X par fidélité aux autorités romaines.
Le pape Jean-Paul II, ainsi que le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Ratzinger (futur Benoît XVI), accueilleront les catholiques (dont le pèlerinage traditionnel de chrétienté) acceptant les propositions romaines avec une promesse : « vous avez toute votre place dans l’Eglise, tels que vous êtes ». Derrière ces paroles, chacun sait parfaitement qu’il s’agit de conserver la pratique exclusive de la messe tridentine.
Revenir sur la promesse d’un pape canonisé et d’un pape émérite ayant consacré tous leurs efforts à cette réconciliation est extrêmement choquant.
2) La cohérence d’une œuvre missionnaire
Une des vocations du pèlerinage de chrétienté est d’être missionnaire grâce à la Tradition. Il faut comprendre derrière ce mot de Tradition l’usage de la liturgie tridentine, l’enseignement doctrinal et pastoral de l’Eglise.
Quand il est demandé à Notre-Dame de Chrétienté d’adopter la messe de Paul VI, cette demande revient à renoncer aux charismes de notre œuvre.
Comment cette demande pourrait-elle être acceptée par Notre-Dame de Chrétienté ? Ce qui est présenté comme une simple concession marginale, va à l’encontre de la vocation même du pèlerinage de chrétienté depuis 40 ans.
“Notre Seigneur nous demande de juger l’arbre à ses fruits” (Matthieu 7, 15-20).
Le pèlerinage est à l’origine de dizaines de vocations, de milliers de conversions, de dizaines de milliers de confessions. N’est-il pas plus important de récolter les fruits d’une œuvre plutôt que de s’attaquer à l’arbre, source de forces vives pour l’Eglise ?
Tous les prêtres qui veulent péleriner sont les bienvenus. Il va de soi que ces prêtres viennent pour la spiritualité de notre pèlerinage, pour ses charismes dont fait partie l’usage exclusif de la liturgie traditionnelle. Quand certains d’entre eux ne savent pas célébrer la messe tridentine, ils demandent à l’apprendre avant le pèlerinage dans les différentes communautés, abbayes, paroisses. Tout cela existe et fonctionne très bien depuis près de 40 années.
Créer une espèce d’« obligation de bi-ritualisme », en faire un prérequis de catholicité, apparaît à la fois comme un autoritarisme belliqueux et une grande imprudence pastorale
3) La crise de l’Eglise
De nombreuses personnalités de l’Eglise se sont exprimées sur la dramatique crise de l’Eglise qui est une crise de la foi liée à la réforme liturgique.
Benoît XVI (Ma Vie, Souvenirs en 2005) :
« Je suis convaincu que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie qui est parfois même conçue de telle manière– et si Deus non daretur (comme si Dieu n’existait pas) – que son propos n’est plus du tout de signifier que Dieu existe, qu’il s’adresse à nous et nous écoute. Mais si la liturgie ne laisse plus apparaître une communauté de foi, l’unité universelle de l’Eglise et de son histoire, le mystère du Christ vivant, où l’Eglise manifeste-t-elle donc encore sa nature spirituelle ? »
Cardinal Sarah (Conférence donnée le 18 septembre 2021 à Draguignan) :
« On ne peut dire qu’il n’y a pas de crise de la foi… La crise de la foi en la Présence réelle est au cœur de cette crise de la foi… L’Occident traverse une crise jamais vérifiée dans toute l’histoire de l’humanité. »
Devant la gravité de tels propos, devant la haute autorité de ceux qui les prononcent, devant les faits qui s’accumulent sous nos yeux (ignorance religieuse, méconnaissance de la Présence réelle, effondrement de la pratique religieuse, disparition des vocations, attaques contre le droit naturel, scandales de mœurs au sein de l’Eglise et aux plus hauts niveaux, quasi schisme de l’Eglise d’Allemagne, …), face à l’apostasie de notre monde autrefois chrétien, nous demandons respectueusement à notre hiérarchie ecclésiale de nous laisser faire l’expérience de la Tradition afin de nous laisser transmettre la foi catholique à nos enfants.
Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !