De Cyril Brun :
"[…] Que mes amis engagés à ce niveau me pardonnent, mais nous nous trompons d’échéance en nous focalisant sur 2017. Non qu’il faille ignorer les présidentielles, mais il faut les mettre en perspective d’une dynamique bien plus vaste et forcément plus longue en même temps que plus immédiate pour nous. Dans le jeu politique actuel, souvent mal connu de ces élites traditionnelles, le coureur de fond n’est pas forcément celui qui l’emporte. Qui sait attendre son heure et profiter d’une opportunité a plus de chance de monter sur le podium. Il suffit de penser à François Hollande, devenu incontournable sans rien faire, en laissant les autres se déchirer ; Manuel Valls ne représentant rien dans son parti ; Nicolas Sarkozy qui étouffe les autres et ainsi de suite. Le temps politique de la cinquième République finissante est d’à peine quinze jours. Celui qui sait jouer sa carte dans ces quinze jours l’emporte. Alors faire des pronostics pour 2017 est aussi peu fiable que de confier son sort à une cartomancière. Si François Hollande dissout l’assemblée nationale après des régionales désastreuses pour le PS, il met la droite en échec politique car en un an elle ne pourra rien faire, de sorte qu’aucun des gros candidats de droite ne voudra de Matignon. La seule alternative à droite est de refuser le pouvoir et ainsi de perdre sa crédibilité. Et Hollande signera un nouveau bail de cinq ans, sauf imprévu majeur, comme une victoire militaire du premier ministre en poste.
Nous sommes là dans un jeu de dupes que nous ne maitrisons pas et qui ne correspond pas à la vocation de l’élite traditionnelle qui, de ce fait, a démissionné progressivement quoique pas totalement. Notre aire de jeu, à nous, se situe à la base. L’élite que nous représentons est une élite locale pour une vision de l’Homme à taille humaine. Ce réalisme pragmatique qui fait considérer chaque être humain pour lui-même et non comme un pion interchangeable, un matricule perdu parmi d’autres millions, est impossible au plan national sans un maillage, une irrigation locale au plus proche des personnes.
N’ayons pas peur des mots, ne nous effrayons pas de ce que nous sommes et assumons notre vocation d’élite locale, à l’image de ces notables d’autrefois tant honnis (et pour cause) par le régime moribond qui a tenté sans succès de les remplacer.
Alors que faire ? Ne pas avoir peur de vouloir le pouvoir, non pour lui-même, mais pour servir la cause fondamentale de la dignité humaine. Sortir d’une fausse modestie se défiant du pouvoir comme d’un péché. Briguer les postes à responsabilité, chacun à sa mesure, car celui qui est à la tête d’une structure est tout autant un modèle, un exemple, qu’une source d’influence. Nous devons faire la preuve de notre compétence. En assumant des fonctions associatives, caritatives et autres engagements, avec succès, nous devenons crédibles pour prétendre aux charges électives. Ainsi, il n’est pas trop tard pour s’engager en vue, non de 2017, mais de 2020. Notre échéance, celle qui nous correspond, celle qui nous attend par vocation, ce sont les municipales. Car au-delà ce sont les sénatoriales puis les différentes instances régionales. Ces trois niveaux sont faits pour nous par vocation même. Ils correspondent à l’esprit de subsidiarité et de responsabilité qui anime cette élite en plein réveil.
Aussi, demain dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, il nous appartient de prendre toutes les responsabilités à notre portée pour être des candidats crédibles en 2020. Chacun dans sa commune, son canton et au-delà peut s’organiser par avance en vue de cette échéance. Du succès des entreprises des uns et des autres, entre demain dès l’aube et 2020, dépendra le résultat de ces municipales. […]
Nous sommes (cette élite locale en réveil) encore trop marqués par le régime des partis. Que ce soit en voulant adhérer à l’un ou l’autre ou en rejetant toute appartenance politique, nous nous laissons encore guider par les règles du jeu imposées par l’oligarchie de ces mêmes partis. Revenons au bon sens, cœur de nos convictions, de nos engagements. Retrouvons le chemin du monde réel en commençant par nous occuper des hommes et des femmes qui sont notre prochain familial mais aussi territorial. […]"