Jean-Dominique Merchet, dans son ouvrage Mourir pour l'Afghanistan Pourquoi nos soldats tombent-ils là-bas ?, écrit au lendemain de la perte de 10 soldats français, défend l'idée qu'il faut quitter le théâtre afghan :
"[E]t le plus vite possible. Le problème est que c'est devenu quasiment impossible. Plus nous perdrons d'hommes en Afghanistan et plus nous nous y enferrerons, afin de ne pas donner l'impression de céder devant nos ennemis. C'est un piège dans lequel nous sommes en train de sauter à pieds joints.
La priorité politique devrait être de préparer les conditions de notre désengagement militaire, si possible avec tous nos alliés. Fixer un calendrier, comme le demandent certains, serait une erreur dramatique. Cela reviendrait à dire à nos adversaires : voilà notre date de départ, contentez-vous d'attendre. Mais plus nous resterons, plus il sera difficile de nous en aller. Cela s'appelle un enlisement. […]
Préparer les conditions du départ signifie deux choses, aussi désagréables l'une que l'autre : baisser notre niveau d'exigence quant aux résultats obtenus et passer des compromis avec des gens peu recommandables. Cela signifie abandonner l'idée de laisser derrière nous un Afghanistan totalement sécurisé, doté d'une gouvernance selon nos normes et remis sur la voie du développement économique. Il faudra se contenter de moins, tout en laissant se réinstaller des gens qu'en d'autres temps on eût volontiers envoyés devant une cour de justice, qu'ils soient islamistes ou trafiquants… Il faut partir, au risque d'abandonner l'Afghanistan aux… Afghans."
trahoir
N’oublions pas que de Valeurs Actuelles à Libération en passant par Famille Chrétienne, les “experts” tenaient des propos absolument identiques sur le Bosnie (“même les Allemands en 40 avaient payé le prix pour les avoir, blabla…”) et le fait est que les actions des américains en 1995 ont permis d’arrêter les combats en peu de temps et pour bien moins de morts que la Forpronu, gérée, commandée, pensée par la France n’en a connu dans une soi disant mission de paix. De nombreux experts ont avoué a posteriori avoir été aveuglé…par l’Histoire. Et pendant que la France tergiversait, aidant les bosniaques et protégeant les serbes, et pendant que l’Allemagne en faisait autant avec les croates et les slovènes, l’islamisme s’installait en Europe et nos petits gars de banlieue abandonnés entre des barres de bétons, gérées par des mairies communistes, et l’Education nationale gérée par des syndicats communistes, révaient de faire le “moudjahidin” de Bosnie quand carrèment il ne prenait pas le bus pour y aller.
Je n’ai pas à l’instant sous la main les versions papiers des articles de VA, scolairement archivés, mais ce sont ex-act-em-ent les mêmes propos qui étaient tenus sur la Bosnie. Un épisode de plus où nos armées, quoique très professionnelle techniquement, ont sagement suivi des ordres, soi disant stratégiques, des décideurs de l’époque. Si il y avait une seule chose à mettre à l’actif de Chirac (la deuxième étant de ne pas s’être fait élire une troisième fois) c’est d’avoir mis fin à cette guerre, malheureusement avec l’aide des américains, qui a servi de point de fixation à tous les islamistes d’Europe et du bassin méditerranéen pendant des années.
Maintenant on peut me rétorquer que dans le cas de l’Afghanistan c’est la guerre, et la participation américaine, qui font problème et créée un fort ressentiment de la part des islamistes. Je soulève cette objection mais je n’en suis pas persuadé.
Par ailleurs, pour les malins qui croient que la guerre américaine “pour le pétrole” c’est pas bien….il faut qu’ils comprennent qu’américains et européens payent le pétrole au même prix grosso modo car les problèmes sur un flux d’approvisionnement (oléoduc terrestre, détroit maritime,…) influe sur les prix au niveau mondial via les marchés des matières premières, et que par conséquent lorsque les américains se battent pour le pétrole, ils se battent aussi pour notre pétrole.
lm d wlt
Oui, à part que:
1 les Sovietiques n’y sont pas parvenus, il n’y a pas si longtemps que cela.
2 les attentats se produisent à 40 km de la capitale.
3 les bases logistiques sont réguliérement attaquées.
4 et surtout la question de fond: que faisons nous là bas ?
41 apporter la démocratie? en effet, l’exemple de la Bosnie et de l’Irak sont édifiants.
42 libérer les populations? de quoi? de l’islam? poser la question c’est y répondre;
vous proposez donc une nouvelle croisade?
je croyais que ce n’était pas dans l’air du temps.
Merchet a raison. il faut partir mais ce n’est plus trop possible.
conclusion;
1 cette guerre impossible il faudra en boire le calice jusqu’à la lie.
2
21 Clinton a détruit la Yougoslavie
22 Bush a fait mieux avec l Irak
23 Obhama -oui il peut le faire- fera encore pire en Afgahanistan
Martine
Je suis absolument d’accord avec Jean-Dominique Merchet. Il a entièrement raison. Partons avant que ça ne devienne encore pire.
Certains disent que notre époque connait une baisse du sens du sacrifice. Mourir pour la France, d’accord. Mais nos soldats n’ont aucune raison de mourir pour l’Afghanistan.
Pascal G.
Cette proposition de Jean-Dominique Merchet me rappelle le point de vue de ceux qui dans les années 50, au nom de l’altérité des civilisations, de l’éloignement géographique et l’apparent non intérêt stratégique de notre présence militaire, pressait la France de quitter l’Indochine, après avoir privé nos armées des moyens de combattre. Les mêmes firent campagne pour la ”paix au Vietnam” contre les Américains.
Ce genre de sirène pacifiste contribuent à ancrer l’idée que les démocraties ne doivent et ne peuvent faire la guerre, nulle part sauf à leurs frontières. Or, quand on se bat à sa frontière, tous les stratèges l’ont écrit, c’est qu’on a déjà perdu la première partie de la guerre. Il est absurde de penser qu’on puisse tenter de dominer ici en France, l’Islamisme, si on ne le combat pas à l’une de ses source, qui est le Pakistan, d’où viennent toutes les confréries qui inondent les banlieues de l’Occident européen de leur propagande.
Jean-Doominique MERCHET raisonne à courte vue, parce qu’il ne voit que l’aspect militaire, et que son opinion de journaliste à LIBERATION lui fait ignorer le danger islamiste, par oeillères idéologiques, ou par cette “arabophilie” de principe qui masque l’absence de pensée stratégique dans les milieux officiels français depuis la décolonisation de l’Algérie et la collaboration officielle avec le FLN.
Que la guerre en Afghanistan nous oblige à des alliances avec des Afghans peu conformes à nos canons moraux ne signifie pas qu’il ne faille pas y participer. Si la France n’est pas présente dans cette région du monde, elle ne pourra pas tenir les Dom Tom le jour il le faudra : l’habitude aura été prise de partir dès qu’il y a danger.
Selon le point de vue de M. MERCHET, dans cette logique, le plus simple serait de supprimer l’armée pour ne garder que la gendarmerie et les garde côtes. Il y a aussi une autre logique qui est de doter nos forces armées du matériel et des crédits qui leur sont nécessaires : ce n’est pas le cas actuellement, c’est évident. Mais entre entre deux exigences, celle de la renaissance de notre défense, ou celle de notre repli définitif, quelle doit être celle des Français qui croient au rôle de notre pays dans le monde ?
Parce que si nous nous replions d’Afghanistan on nous expliquera que puisque nous ne sommes plus présents à l’extérieur, il faut encore abandonner des programmes de matériels militaires et réduire le format de nos forces armées.
trahoir
Petites précisions :
Si la France (avec quelques pays européens et la Russie) avaient “traité” le problème yougoslave le résultat final auraient certainement été une nouvelle répartition ethnique mais sans massacre, sans l’arrivée des USA, sans un nouveau motif à l’islamisme….et c’était possible, de l’aveu même des américains.
Par ailleurs, en Afghanistan, les soviétiques étaient à bout de force (et c’est bien pour cela que les USA ont tout fait pour les “fatiguer” sur ce front), leurs troupes étaient faiblement motivées et sous équipées y compris pour l’époque. De plus ils n’avaient pas l’ensemble des systèmes d’armes et de détection actuelles (on voit sur un reportage un officier français dire : “par repérage technique on sait que dès qu’on quitte le camp un appel est émis par portable”).
De même, les soviétiques n’avaient pas la maitrise totale des airs car les américains ont livré aux afghans des missiles sol-air Stinger alors que les occidentaux bénéficient de toute une gamme du drone au satellite….
Enfin, c’est faire bien peu honneur à l’ (ex ?) incroyable savoir, connaissance, efficacité, et j’en passe de notre armée (à moins que les services de communication de la DGSE se moquent du “gogo-citoyen”). Effectivement, permettez ce petit rappel documentaire et lisez bien à quel point les experts de la DGSE prenaient les soviétiques pour des “nuls à un point inimaginable” quand ils aidaient les afghans à leur tendre des embuscades….et combien ils pensaient pouvoir mettre une “raclée” aux talibans avec Massoud. Bien sûr je ne dis pas que les forces de la coalition sur équipée sont “nulles à un point inimaginables”…peut être que l’obligation de faire une guerre sans morts les inhibent.
Souvenirs, souvenirs.
http://www.confidentiel.net/breve.php3?id_breve=2017 [ce lien particulièrement intéressant n’est plus accessible !!!??? il fait référence à un article du Point signé Jean Guisnel, expert militaire auteur de nombreux ouvrages sur la question]
Quand la DGSE soutenait Massoud
samedi 22 septembre
Le Point – 21/09/2001 – Par Jean Guisnel
(…)
La DGSE dispose alors au Pakistan, à Peshawar, d’une base opérationnelle qui reçoit notamment les armements livrés à la résistance par la France. Des avions apportent essentiellement des mortiers, des missiles Milan antichars, des moyens de communication. Une demi-douzaine d’agents de la DGSE sont présents en permanence auprès de Massoud pour assurer les liaisons, les communications, la formation. Et réceptionner les armements arrivant de Peshawar par les pistes, les Pakistanais fermant les yeux. Les Français participent également aux combats contre les Russes, mais pas en première ligne : « Nous ne pouvions courir le risque que l’un de nous soit pris », confie un homme ayant participé à ces actions. Qui ajoute : « On a vu dans ces combats que les Russes étaient nuls à un point inimaginable. Ils tendaient des embuscades que nous repérions aussitôt, dans des gorges que nous franchissions dès qu’ils étaient partis ! »
=> Est ce le cas des soldats de la coalition aujourd’hui ?
Les Américains et les Saoudiens soutiennent pour leur part le fondamentaliste Gulbuddin Hekmatyar, avec les conséquences que l’on sait. L’aide française à Massoud cesse au moment de la chute du régime prosoviétique. Chez les cadres de la DGSE qui sont allés sur le terrain, c’est la stupéfaction. L’un d’entre eux laisse échapper sa colère : « Scandaleux ! On l’a laissé tomber, alors qu’il nous avait aidés, qu’il aurait pu, avec notre aide, faire un mal terrible aux taliban.
http://www.wsws.org/francais/News/2001/novembre01/18oct01_afghafrance.shtml
Les services secrets français ont plus de 20 ans d’expérience en Afghanistan. «Depuis la fin des années 1970, écrit le journal Libération, les services secrets ont été fortement impliqués dans le soutien aux moudjahidin contre les Soviétiques. L’un des grands succès de la “piscine”, le surnom de la DGSE, serait même d’avoir annoncé, la première, l’invasion soviétique en 1979. Directement infiltrés dans le pays ou employant des moyens moins recommandables sous la couverture d’ONG, les agents français sont des familiers du pays, plus en tout cas que leurs homologues américains».
lm d wlt
A Pascal G;
Vous devez être au moins expert en relation internationale pour confondre l’Indochine et l’Afghanistan.
A moins que vous ne consideriez l’Afghansitan comme une colonie française ?
Sans animosité aucune mais avec un peu d’ironie tout de même.
Martine
Absolument pas OK avec Pascal G.
1)On ne peut pas du tout comparer l’Afghanistan avec l’Indochine, ça n’a rien à voir. En Indochine nous étions “chez nous” du moins selon la théorie et la sensibilité du moment. En Afghanistan nous sommes dans un pays complètement étranger, et dans lequel l’Angleterre puis les Russes avec tous leurs moyens énormes, se sont complètement enlisés, et qu’ils ont dû quitter. Ce pays ne peut être ni conquis ni occupé, en partie en raison de sa géographie mais pas seulement : c’est ainsi. C’est une guerre perdue d’avance.
2) “Merchet ne voit que le côté militaire” : on se demande pour Pascal G ce qu’il faut voir dans une guerre si ce n’est pas l’aspect militaire. Ne versez pas dans l’intellectualisme de salon qui nous a perdus en 1914 etc : une guerre on la mène sur place. Napoléon a gagné parce qu’il était toujours sur le terrain, au plus près de ses troupes, et non dans ses palais dorés.
L’opinion de “Merchet en tant que journaliste à Libé” : vous oubliez qu’il tient un blog sur lequel, sous divers pseudos, se rencontre la fine fleur des officiers généraux français, des gens qui ont une expérience militaire, une réflexion, justement une “pensée stratégique”.
3) Merchet oublierait le danger islamiste et aurait des oeillères idéologiques ! Les oeillères idéologiques sont plutôt chez ceux qui croient que c’est en Afghanistan que se joue la résistance à ‘islamisme . C’est faux, au contraire la guerre en Afghanistan ne fait que nourrir l’islamisme et le démultiplier.
Luttons d’abord conte l’islamisation chez nous, en France, aux portes de Paris, dans nos banlieues qui “ont la haine”, et dans lesquelles des immams se promènent en toute impunité en répétant que la France va leur appartenir, leur appartient déjà, et qu’ils vont nous bouter dehors.
4) La France n’a pas à être présente en Afghanistan pour défendre nos DOM-TOM, ce sont deux questions qui n’ont rien à voir.Celle des DOM-TOM recevra sa propre réponse particulière quand il le faudra.
5) Dans tout conflit il faut savoir raison garder. Cette guerre fait trop de morts dans NOS rangs pour qu’il soit raisonnable de la continuer. Nos jeunes militaires n’ont pas vocation à aller se faire égorger à l’arme blanche dans les montagnes de Kaboul. Partons avant que notre armée ne se révolte, se mutine, ce qui serait vraiment perdre sur tous les tableaux.
trahoir
Cet avis de Martine me laisse pantois :
“Cette guerre fait trop de morts dans NOS rangs pour qu’il soit raisonnable de la continuer. Nos jeunes militaires n’ont pas vocation à aller se faire égorger à l’arme blanche dans les montagnes de Kaboul. Partons avant que notre armée ne se révolte, se mutine, ce qui serait vraiment perdre sur tous les tableaux.
Rédigé par: Martine | 30 déc 2008 20:15:51”
Si on la suit je me demande ce que la France faisait au Liban. Par ailleurs avoir peur que “l’Armée se mutine” est incroyable même si il est clair qu’il y a un problème de manque de moyens pour la protection individuelle des soldats ! La dernière fois que l’Armée s’est mutinée c’était en Algérie (guerre qui était, à long terme, un moyen de lutter contre l’islamisme comme l’a montré l’émergence antérieure du Fis et du GSPC, groupes créées aussi en réponse à l’incurie du pouvoir Fln mis en place par de Gaulle….).
Enfin il va falloir revoir chants et traditions de l’Armée se réferant à la mort, au combat,….à l’Algérie (non ça le pouvoir PS l’a déjà fait).
Pour ce qui est de la fine fleur de l’Armée qu’on retrouve “sous pseudo” sur le blog de Merchet je le mets fortement en doute ou alors je mets fortement en doute leur qualité. Font ils partie de ces militaires qui s’étonnent de l’Etat de la France quand ils y sont confrontés comme ce blog l’a fait douloureusement remarqué à une époque…
Enfin voilà une raison (LA raison?) justement reprise sur le blog de Merchet : peut être un manque de qualités “militaires” dans les Armées qu’on pourait dire corrompue par des dizaines d’actions inutiles, ridicules et parfois perverses sous mandat ONU, voilà donc le résultat sur le blog de Merchet, lu par la “fine fleur de l’EM” :
http://secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/12/gnral-lecerf-a.html
09/12/2008
Général Lecerf: ça réagit !
Les propos attribués au général Lecerf par la lettre A, à propos des “défaillances dans l’encadrement des hommes au combat” ont suscité de nombreuses réactions sur le forum Secret Défense de Liberation.fr.
Vous avez bien lu DEFAILLANCES. Au pluriel. Je vous invite à relire mon deuxième post sur le jugement de la DGSE des 80’s sur les soviétiques “nuls à un point inimaginable”.
Et pour finir définitivement si vous fréquentez “la fine fleur de l’Armée française sous pseudo” qui fréquente le blog de Merchet vous pourrez leur parler de ça :
“Difficile d’obtenir un congé parental chez les paras… Voici le témoignage d’une jeune femme, militaire du rang chez les parachutistes, qui s’étonne de ne pas obtenir de congé parental.”
Ps : là où les forces de l’ordre luttent au quotidien contre violence et aggression, c’est à dire dans la police des transports en commun parisien, il n’y a pas de femmes contrairement aux “paras de l’an 2000” mais que des gros balèzes.
=> humour : “Mais quelle est la ‘doctrine d’emploi’ de ces gens, dit la fine fleur de l’Etat Major, faisons un prospective pour 2035…top secret bien sûr, on mets la DGSE dans le coup, OK ?”.
Si “la fine fleur de l’EM” n’avait pas, pendant des années, léché les bottes du pouvoir qui l’a émasculé, au point de gérer les recrutements de la plupart des écoles, on aurait peut être une armée de combat sans “mutinerie”.
Pascal G.
@ lm d wlt et Martine
Etions-nous autant ”chez nous” en Indochine coloniale, ainsi que le dit ”lm de wlt” pour qu’après Cao Bang (désastre auprès duquel la malheureuse embuscade de cet été en Afghanistan ne fut rien), l’armée française soit allée se faire écraser à Dien Bien Phu, ”chez elle” ? Nous luttions alors contre le principal danger mondial qui était le communisme, et les Américains ont repris le fardeau après nous : or à l’époque les argument de la distance, de l’hétérogénéité des cultures, du terrain ”impossible” à défendre ou à tenir, des populations hostiles, etc….. étaient déjà ceux de M. MERCHET aujourd’hui. Ils ont servi à ce que l’effort matériel de la IV ème république nécessaire pour soutenir la guerre ne soit jamais budgété et voté, et nous sommes partis.
Il en fut de même pour l’Algérie : nous y étions certes ”chez nous”, mais cela ne nous a pas empêché de perdre si ce n’est militairement, au moins politiquement. Il doit bien y avoir une raison, qui n’est pas seulement le double langage de De Gaulle.
Je comprends le raisonnement de ”Martine” : l’islamisme se combat ici, en Europe. Encore que démographiquement, avec l’immigration due au non respect des accords d’Evian, la partie soit déjà presque perdue, et que les imams aient été formés précisément par les courants et confréries islamistes pakistanais qui souhaitent ”tenir” l’Afghanistan.
Mais pour reprendre l’histoire, est-ce notre retrait lors de l’affaire de Suez n’a pas préparé notre échec politique algérien ultérieur ?
Autrement dit, est-ce qu’on peut vaincre ”chez nous” un ennemi qui s’alimente ailleurs, et dont les bases morales, psychologiques et financières se situent précisément au sud de l’Afghanistan ?
Les guerres se jouent-elles uniquement sur le terrain militaire : il est évident qu’on est vainqueur militairement sur le terrain, mais est-ce que nous n’avons pas souvent perdu sur le terrain géopolitique, ailleurs, lorsqu’il s’agissait d’utiliser politiquement des succés militaires.
Il me semble paradoxal de dire que la ”fine fleur” des officiers français ne dispose que du blog d’un journaliste de LIBE pour s’exprimer et réfléchir : au risque de vous choquer, je n’oublie pas que c’est la ”fine fleur” des l’armée française qui appela De Gaulle en 1958, pour garder l’Algérie. Je ne suis pas certain que l’armée française ait souvent fait les bons choix politiques et géopolitiques depuis un siècle et demi, car elle a toujours oscillé entre régimisme servile et révolte après coup, les plus lucides des officiers étant condamnés au silence et dans l’incapacité d’influer sur la politique de défense française.
Pour les Dom Tom, je sais qu’il n’y a pas de lien direct : mais si nous prenons l’habitude de renoncer à utiliser nos forces armées pour des enjeux géopolitiques mondiaux, l’opinion publique finira par penser qu’en dehors de la métropole, rien ne vaut qu’on se batte, sauf pour les ”missions de paix” onusiennes.
Ce qui équivaut à dire que la France ne peut plus et ne doit plus avoir de politique autre que celle de son territoire européen. C’est une vision des choses, mais elle signifie qu’à terme nous ne serons plus en mesure d’utiliser l’espace géopolitique que nous donne notre histoire, ne serait qu’au travers de notre espace maritime.
Et ainsi nous laisserons la place définitivement notre place aux USA, à la Chine, la Russie, etc……Si nous n’avons plus de volonté d’intervention militaire, ni de possibilité technique de le faire, nous devrons abandonner notre siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU et nous effacer progressivement de la scène du monde : c’est déjà largement entamé, me direz-vous, mais à vous lire, on a le sentiment qu’il faut encore poursuivre dans cette voie.
Martine
@ Trahoir :
Avoir peur que l’Armée se mutine vous laisse pantois ? C’est pourtant ce que m’a fait comprendre un militaire rentré d’Afghanistan. Le risque existe.
Le Général Leclerc a bien raison sur les défaillances, le manque de formation, le manque de moyens etc. Et sur la manque de motivation (cette histoire de congé parental n’est-elle pas symptomatique d’une armée de petits fonctionnaires sans envergure…?) Et vous avez raison sur la frange de l’EM qui a léché les bottes du pouvoir. Mais ceux dont je parle sont des gens qui ont gardé leur indépendance d’esprit et qui ne collaborent avec personne. N’oubliez pas que l’armée est depuis toujours “la Grande Muette”, alors si elle trouve quelqu’un comme Merchet qui se met, contre toute attente, à l’écouter, et à parler (et bien parler) pour elle, pourquoi se priver ?…Quant à la DGSE, que voulez-vous qu’elle fasse, aussi compétente et avertie qu’elle soit ? La DGSE, combien de divisions ? Surtout face à l’antimilitarisme ambiant, très PS depuis la guerre froide, spécialement chez les diplomates français, qui hélas font la pluie et le beau temps.
@ Pascal G
Non, la France n’a plus les moyens de sa politique militaire et ça fait déjà un moment, déjà pendant la guerre du golfe nous avons été ridicules. Oui le processus d’effacement de la scène du monde est largement entamé, depuis très longtemps. Des opérations comme l’Afghanistan sont uniquement médiatiques, pour faire croire que. Rassurez-vous je ne dis pas du tout qu’il faut poursuivre dans cette voie, je déplore complètement cet état de faits comme vous, mais je suis réaliste. S’effacer de la scène du monde ? Mais ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on n’a tout simplement pas le choix !…Notre armée est exsangue.
Et soyez sûr que j’aimerais beaucoup avoir tort.
Quant à l’Aghanistan, on met officiellement en avant la lutte contre le terrorisme islamique, mais n’est ce pas tout simplement un affaire de gros sous et de pétrole ?…
vapincum
Pourquoi est-on là-bas ? Ca ne serait pas une nouvelle guerre de l’opium par harsard ?
Partout où les Etats-uniens combattent, ils développent les cultres illicites. En Amérique du Sud ils financaient leurs partisans avec l’argent de la drogue (voir les “contras” du Nicaragua). Pendant la guerre du Viet-Nam, leurs supplétifs Hmongs faisaient aussi dans la drogue. Aujourd’hui en Afghanistan le propre frère du gauleiter yankee Hamid Karzaï, Ahmed Wali Karzaï est à la tête du plus gros réseau de narcotrafiquants du pays.Car la menace que les Talibans font peser sur le Monde n’est pas le terrorisme, mais l’éradication de la culture du pavot.
lm d wlt
decidement pascal G vous avez la plume facile mais legere.
Où ai je dit que nous étions “chez nous”.
L’Indochine était une colonie francaise sur laquelle nous exercions une souveraineté de droit et de fait et l’Algérie 3 departements francais.
Les Algériens étaient pour le maintien de la présence de la FRANCE dans leur immense majorité; le rapport de force entre ceux qui étaient dans l’armée francaise et ceux dans le FLN est sans commune mesure.
Nous étions là depuis 130 ans et avions fait aussi du bien à ce pays et avions parfaitement respecté ses coutumes et sa religion dès la premiére proclamation de 1830.
Ce nest pas le cas du tout en Afghanistan.
Mais si le général PETRAUS met en oeuvre une politique conforme aux idées du lt col GALULA peut etre réussira t il comme nous avions réussi en Algérie avant que le pouvoir politique en decide autrement .
PS: Depuis qu’en 2001, la coalition bienfaiante et vertueuse est en Afghanistan la production d’opium a littéralement explosé.
A notre bénéfice et avec notre consentement ? Nous ne sommes même pas capable de détruire les champs de pavots et nous prétendons instaurer la démocratie ?
Au fait et si ces gens ne voulaient pas de la démocratie ?
Martine
Dernière précision :
@ Trahoir
Ne dites-pas que les Russes ont été nuls en Afghanistan, c’est faux et ridicule. Leur matériel devenu obsolète à la chute de l’URSS, était encore très performant, et les Russes sont des gens extrêmement compétents, bien loin d’être les sots que vous décrivez. Je ne vois pas où vous êtes allé chercher ce ragot, mais c’en est un.
Le Liban : mais c’était là aussi totalement différent. Au Liban la mission était claire et précise : séparer deux communautés qui se battaient. On a réussi à stabiliser.
@Pascal G :
Suez n’a pas du tout été le début de la guerre d’Algérie : rien à voir. Pourquoi on s’est retiré de Suez ? Sous la pression des Russe qui nous menaçaient de la bombe atomique. C’est ce qui nous a conduits à décider d’avoir la bombe atomique nous aussi. Vous auriez voulu qu’on s’entête ? Dans ce cas pourquoi ne pas rhabiller en rouge tous nos soldats tant qu’on y est ?…
La volonté d’intervention militaire ne suffit pas, encore faut-il en avoir les moyens et les hommes. Non nos militaires n’ont pas vocation à aller se faire tuer en Afghanistan : gardons-les pour des taches plus primordiales. Ne les gaspillons pas. Se faire tuer pour se faire tuer ne représente aucun intérêt. Les militaire veulent bien donner leurs vies, mais eux mêmes et surtout leurs chefs, militaires et politiques, doivent veiller à ce que ce ne soit pas pour n’importe quoi ni à n’importe quelle condition.
Odile Kukai
J’apprécie la clarté d’esprit de LM ……….
Les forces armées quelqu’elles soient ou non en poste sur un territoire en souffrance ne sont pas la pour envenimer les conflits intérieurs mais pour instaurer une force dissuasive et aider le mieux possible les populations sur place.
Vue mes activités religieuses, je parle plutôt de conflit en général peu importe l’endroit .
Parler de démocratie n’est pas utile , au sens où il faut éduquer avant de parler, éduquer en laissant les armes au repos, les mots sont des armes, trop souvent.
Eduquer c’est partir de l’envers de la démocratie quitte à renier ses propres acquis et avancer vers la démocratie.
Souvent les gens parlent de tel ou tel conflit sur tel ou tel territoire, je pense que ce n’est pas la plus saine façon d’appréhender les choses.
Les réponses les plus tangibles sont dans l’histoire, il faut chercher non pas sur le terrain mais dans l’histoire pour comprendre ce qui se passe ou ce qui s’est passé, toujours aller en amont, éviter de se projeter dans l’avenir.
odile
Pascal G.
@ Lm de wlt
Excusez mon erreur : je vous ai attribué une expression de ”Martine”.
Pour ce qui est de la distinction entre colonies et départements, elle était mince et surtout récente : et n’explique pas notre échec politique et militaire.
Par contre, en évoquant les méthodes et techniques de guerre du Lt-Colonel GALULA dont on dit en effet qu’elles inspireraient le général PETRAEUS, après avoir été utilisées avec succès durant la bataille d’Alger puis ensuite pour le maillage militaire et sécuritaire du terrain algérien, peut-être donnez vous une réponse aux problèmes que pose cette intervention en Afghanistan : la question du matériel et des moyens n’est pas la seule à laquelle il faut répondre. Les Américains en ont fait l’expérience en Irak et ils semblent en avoir tiré la leçon. Nous est-il possible de nous retirer d’un pays où les élites ont été longtemps francophones (Masssoud), et dans lequel nous nous sommes toujours impliqués ?
Pour ce qui est de l’opium, c’est le fruit de la politique qui a consisté à croire qu’en balaçant des subventions, nous redonnerions une prospérité à l’Afghanistan, sans nous impliquer dans l’après talibans. L’exemple colombien démontre qu’on peut faire reculer l’économie de la drogue.
@ Martine
Beaucoup officiers français partagent votre analyse, et ils craignent un enlisement.
Pourtant il est certain qu’entre le sud de l’ex empire soviétique en Asie centrale, et le nord du Pakistan, le départ des forces occidentales redonnerait à d’autres puissances le contrôle d’une zone clef sur le plan géopolitique mondial, soit l’Iran, soit le Pakistan.
Les intérêts des USA recoupent les nôtres : le contrôle de cette zone facilite la sécurisation de toute la région, en obligeant l’Iran à un certaine modération. Notre sécurité d’approvisionnement pétrolier est liés à la présence des USA.
Pour ce qui est de SUEZ, notre recul fit de l’Egypte la base arrière du GPRA puis de la logistique du FLN : quand on renonce, on en paie le résultat. L’histoire aurait pu être inversée, non par plus de moyens militaires, par parplus de volonté politique et de soutien collectif de la France à ses soldats.
N’est-ce pas le cas actuellement en Afghanistan ?