D’Axelle Girard sur Educ’France :
Fermer l’ENA. Sans doute pour mieux recommencer, cette fois avec un Institut du service public n’affichant plus sa nationalité. Coup double qui cible le mauvais souvenir des Gilets jaunes, mais qui flatte aussi et surtout la haine souvent gratuite du haut-fonctionnaire, bourreau de travail pendant sa jeunesse, pantouflard bienheureux après. Si elle a de quoi réjouir les hérauts du « nouveau » monde, cette décision placée dans son contexte n’a pourtant rien de réjouissant.
Elle s’ajoute en effet à la liste des attaques portées contre l’élitisme français, ou à ce qui y est assimilé de gré ou de force. La culture générale ? Trop « élitiste » elle est progressivement évincée des concours au profit de modalités d’évaluation jugées plus démocratiques... comprendre plus accessibles, et bien souvent révélatrices de l’abandon pur et simple d’une certaine éthique de la transmission par les enseignants. Mais continuons en si bon chemin : suppression, heureusement plus fantasmée que pratiquée de la notation, trop dure à assumer. Constitution de modules de préparation spécifiques aux Grandes Écoles au succès…. contrasté, puisque les inégalités de destin se reconstituent après la scolarité. Citons encore la disparition programmée des chiffres romains, jugés incompréhensibles malgré leur relative universalité tout de même, et, bien sûr, la vraie-fausse réécriture de certains classiques de notre patrimoine littéraire au nom de l’intelligibilité des textes.
Pas une année ne passe sans que ne soient honorées des idées géniales qui, de facto, précipitent la catastrophe par excès de renoncements. Ces derniers ont en effet ouvert la voie au décolonialisme et à la cancel culture qui gangrènent nos universités, sur fond de construction du bouc émissaire blanc de pour paraphraser Pascal Bruckner, et d’imposture intellectuelle dénoncée notamment par Pierre-André Taguieff. Pourquoi ? Précisément parce qu’en renonçant à ce qui fait l’ambition, parfois même l’exception française, ou simplement l’exigence, nous renonçons à qui nous sommes.
Il est donc urgent de penser des solutions qui, demain, nous décourageront jusqu’aux velléités de nivellement par le bas, et d’abord à l’école, où seuls les élèves les plus favorisés peuvent encore échapper à la chute. Des initiatives qui, demain, permettront de renouer avec le rêve d’un enseignement d’excellence, à l’image et au service de la France.
Rien de moins au fond, que l’idéal de l’école laïque et obligatoire… selon d’autres modalités !