Luca Volonté, ancien député italien et dirigeant de la fondation Novae Terrae Foundation, adresse ce texte au Salon Beige :
"Nous avons tous pu voir, dans le monde entier, des images des monuments et des bâtiments les plus importants illuminés aux couleurs du drapeau belge. Voilà un sujet embarrassant que nous ne pouvons accepter. Après l’attentat contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, le ressentiment et les attitudes hypocrites se sont développés, mais on trouve aussi des commentaires intelligents.
Le gouvernement français actuel rappelle l’esprit de la République qui devient toutefois petit à petit pour les personnes, pour leur tradition judéo-chrétienne et leurs rêves d’un avenir meilleur, comme une « huile de ricin ». Ce n’est pas un hasard si un grand partisan de l’antichristianisme tel que Michel Onfray s’est mis à défendre cette même religion et que, au même moment, des milliers de jeunes français sont descendus dans la rue contre les réformes scolaires et du travail.
L’« esprit de la République », d’après Najat Vallaud-Belkacem, peut s’exprimer dans le projet d’une école uniformisatrice sous contrôle de l’État, ce qui représente un échec sur le plan du multiculturalisme. D’autre part, nous observons les propositions de la ministre Myriam El Khomri, dans lesquelles la dignité du travail ouvre sur une nature de temporalité « éternelle », si bien qu’aucun projet de vie personnelle ou familiale ne peut être réalisé. Soyons clairs : je parle de deux ministres du gouvernement français, et non du Maroc.
Les lumières brillent toujours plus que les « feux d’artifice » utilisés pour éviter d’affronter le problème réel de la société moderne. Mais les lumières et les couleurs ne sont pas pour tous. Les victimes du terrorisme ne sont pas toutes considérées de la même manière. Aucun bâtiment ou monument n’a été illuminé pour les victimes des attaques survenues en Turquie ; pas la moindre bougie pour les martyrs catholiques tués à Lahoré, au Pakistan, le jour de Pâques. Les autorités orientales n’ont pas réalisé d’acte concret depuis que Boko Haram a enlevé trois cents jeunes filles nigériennes.
Sous le règne de Madame Hidalgo, la Tour Eiffel est devenue un symbole privé, à usage personnel et discrétionnaire. Tous les mots s’arrêtent face à un choc : un tweet, un hashtag, ou une lumière colorée. Ils colorent des élites sans âmes qui insistent pourtant dans leur prétention de respect de la part des autres.
On ne parle pas franchement de l’islam par peur de discriminer les musulmans, mais on discrimine de fait tous les citoyens européens. Par exemple, il y a quelques jours, il a été demandé à un employé hollandais du conseil municipal d’Amsterdam de ne pas porter de pantalon court et des chaussettes au genou, comme le veut la tradition pour le premier jour du printemps (Rokjesdag) : il s’agissait d’un ordre donné pour éviter d’éventuels problèmes avec le grand nombre de musulmans présents dans la ville.
Le paradoxe est que, en quelques semaines, les institutions françaises les plus importantes ont adopté les résolutions les plus contradictoires. Le 6 mars, le président Hollande a remis la Légion d’Honneur au prince saoudien au nom de la « lutte contre le terrorisme ». Puis, quelques jours plus tard, le premier ministre Valls a mis en garde contre la présence de salafistes dans le pays, considérés comme un danger réel.
Il faut un certain aplomb pour agir ainsi, et il n’y a pas de limites. Ces derniers jours, les dessinateurs de mode ont connu une victoire facile dans les boutiques et les nouvelles tendances des centres commerciaux en France et au Royaume-Uni : voiles et autres vêtements arabes typiques, reconsidérés selon la nouvelle idée de mode « burkini », fondée sur la doctrine islamiste.
Les débats privés de fondement, lancés par la fureur idéologique, viennent à point nommé pour distraire les opinions et les esprits, avec la complicité des médias partisans.
Ainsi, le 4 mars, le Cardinal de Lyon a été mis en accusation et l’évêché a été perquisitionné à la recherche de documents, bien que tout le monde sache que le diocèse était prêt à collaborer et à remettre immédiatement le matériel en sa possession.
Tout acte et toute action a son propre scénario à suivre. C’est ce qui est arrivé dans les églises et à Bruxelles en juin 2010, lorsque les tombes ont été perquisitionnées à la recherche de graves indices. Comme c’est arrivé également six ans plus tard, il y a eu ensuite une conférence de presse, des déclarations de représentants de la culture, de la politique et des institutions, dont beaucoup sont en faveur de la pédophilie : tous réclament l’arrestation d’évêques, de cardinaux et d’autres autorités religieuses. A l’heure actuelle, il ne reste de ces inspections que de la poussière ; aucun jugement, seulement le discrédit jeté sur les vivants et les morts, accusés de complicité. Je suis certain que le cardinal Barbarin sera bientôt innocenté et que les personnalités politiques françaises, les institutions et les grands maîtres de l’« esprit de la République » ne s’excuseront pas.
Au même moment, les rappels aux « valeurs européennes » et à la « culture européenne », ainsi qu’aux origines communes des pays s’intensifient ; toutefois, pas un n’entre dans le vif du sujet. Certes, après les agressions sexuelles envers des jeunes filles suédoises de la part de jeunes hommes demandeurs d’asile, dans la piscine de Malmo, beaucoup de pays européens – à commencer par l’Allemagne – ont interdit l’accès des piscines publiques aux migrants de sexe masculin, ou ont réduit les horaires d’accès.
La dignité des femmes comme victimes et les événements qui les célèbrent sont deux des exemples les plus impressionnants et les plus contradictoires qui montrent combien s’éloigne le rêve de valeurs logiques et cohérentes dans le monde oriental. Ce n’est pas une simple coïncidence que la culture chrétienne soit la seule à accorder une importance à la dignité des femmes, au point de reconnaître Marie comme la mère du Christ et Madeleine comme le premier témoin de la Résurrection.
L’« esprit de la nation » se rapproche de plus en plus, entre les mains de ces élites, de l’esprit de l’Assommoir d’Émile Zola : une fois que le feu de la tradition de la France se sera éteint, tout sera transformé en une taverne où chaque personnage mourra sans espoir.
Quoi qu’il en soit, la roue tourne, la vérité émergera et, dans quelques mois, tout rentrera dans l’ordre : les citoyens français retrouveront leurs droits sans lois spéciales ni état d’urgence, et les urnes donneront à chacun ce qui lui est dû."