Dans le dernier numéro de l'Appel de Chartres, on (re)trouve un article écrit par Jean Madiran, toujours d'actualité :
"Une philosophie erronée entraîne la mauvaise définition selon laquelle "la nation est une association de citoyens". Cette erreur provient d'une confusion entre "association" et "société", elle est la source irréversible d'une cascade de méprises et de sophismes. On devient membre d'une association par une adhésion volontaire; on peut en sortir quand on veut. On est membre d'une société par sa naissance, on ne peut pas supprimer cette origine, on peut seulement la renier : "On se met d'un parti, on naît d'une nation. Il y a entre les deux termes la différence de l'Association à la Société. Ceux qui s'associent créent l'élément commun établi entre eux. Les membres d'une société commencent par en être." (Charles Maurras, Dictionnaire politique et critique, tome III, p. 153).
Les "patriotes" de la Révolution française, concevant la nation comme une association, se sont attribué la liberté de la reconstruire selon leur idéologie, plutôt que de la recevoir comme un don merveilleux qui fait de nous des débiteurs insolvables. Un étranger peut venir, lui, volontairement "s'associer" à la nation française : il le pourra s'il y est admis, l'ayant mérité par le sang versé ou les services rendus. Cela doit demeurer une exception, tant mieux si elle est fréquente et son admission ne dépend pas seulement de lui. Essentiellement, la nation reste un fait de naissance. Elle est un héritage. Et pour tout ce que ce que l'on a ainsi reçu sans l'avoir ni mérité, ni voulu, la nation relève de la piété filiale, quatrième commandement du Décalogue. La nation n'est donc pas une utopie idéologique. Le président Sarkozy a voulu orienter le "débat", et en quelque sorte le conclure avant qu'il ait eu lieu : "On est français, a-t-il dit, parce que l'on regarde la Chrétienté et les Lumières comme les deux versants d'une même civilisation dont on se sent héritier". Et encore : "On comprend l'histoire de France quand on accepte de vibrer avec le souvenir du sacre de Reims et d'être ému par le récit de la Fête de la Fédération". Marier ces deux traditions fut la belle chimère et l'échec, malgré son génie, de Napoléon Bonaparte. L'alliance des contradictoires est un rêve irréalisable et décevant : "Dans tout héritage, un être raisonnable fait et doit faire la défalcation du passif. " (Charles Maurras, Mes idées politiques, p. 124).
On ne peut être à la fois avec Dieu et sans Dieu. Et plus précisément en appelant Dieu par son nom, une nation ne peut être à la fois avec Jésus et sans Jésus. Avec le Christ-Roi et sans Lui. En 1980, à la suite d'une longue tradition romaine, c'est un pape pourtant polonais qui est venu lui aussi nous le confirmer une fois de plus. Invoquant à plusieurs reprises, par une répétition insistante, le titre de notre identité nationale : "France, fille aînée de l'Église", il a rattaché aux promesses de notre baptême la vocation historique d'enseigner les nations. Non point certes les enseigner comme seule peut le faire la mère Église. Mais comme peut le faire la fille aînée, par son exemple, par ses croisades quand il le faut, par ses missionnaires dans tous les continents, par son être même et ses vertus, quand la France est fidèle. Elle peut partager avec d'autres nations le fait d'être "de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne", elle ne partage avec aucune autre son titre de fille aînée, et c'est bien là son identité."
Emmanuel
France Fille ainée de l’Eglise, telle est l’identité de la France…
Bon d’accord. Pour nous cathos, bien sûr. C’est même facile à comprendre. Surtout quand c’est Jean Madiran qui l’explique. Magnifiquement.
Puis-je me permettre de rappeler l’existence du très grand nombre de compatriotes et d’habitants de ce pays qui ne partagent pas nos convictions religieuses, parmi lesquels très nombreux sont ceux qui ne sont pas contre nous pour autant. Juste indifférents.
Pour eux, que doit être l’identité de la France?
Quand on se place au plan politique, pour l’immédiat, on voit bien que notre avis formulé comme le titre de ce post ne résout pas le problème.
francois
Merci de ses pécisions.
pg
@ Emmanuel
Excellente remarque : et bien, ces français non croyants, aux yeux d’un certain nombre de catholiques de ghetto, ils ne sont pas de vrais français et méritent le mépris, l’injure et la diffamation.
gm
@ pg
Le très grand nombre de nos compatriotes qui ne croient plus…ne sont pas ce que vous dites.
Il y a dans toute société un entrainement facile vers des valeurs partagées lorsque celle-ci est saine, or depuis des dizaines d’années, le libéralisme grandissant et maintenant le mondialisme envahissant font que tous ces gens perdent pieds et qu’ils n’ont rien pour se raccrocher.
On a supprimé Dieu de nos vies, le modèle de société proposé est le politiquement correct élaboré par des sans Dieu, comment voulez vous que nos conpatriotes s’y retrouvent.
Regardez quel enseignement est donné à l’école et même au catéchisme, croyez vous que des gens qui n’ont rien reçu peuvent suivre la bonne voie ?
Il faut rechristianiser notre pays mais pour cela il faut reprendre l’évangile et le proposer comme seul chemin de la vraie vie.
Pourquoi y a t-il eu tant de jeunes à suivre le St Père Jean Paul II ?
Parce qu’il proposait le Christ à tous ces jeunes qui étaient sans vrai pasteur. Il a donné le remède mais il est toujours plus facile de choisir ce qui ne demande pas d’efforts.
Ayez pitié de ce peuple plutôt que de le mépriser et relevons nos manches pour donner le témoignage de l’Espérance Chrétienne.
svan
Bonjour à tous,
C’est la première fois que je réagis à un article de ce site où je viens souvent. Je ne suis pas catholique mais orthodoxe. Je ne sais pas au juste de quand date ce “titre” de Fille ainée de l’Église attribuée à la France, ce n’est certainement pas avant le 8e ou le 9e siècle, peut-être même plus tard. Je ne l’ai jamais trouvé dans les textes d’avant la révolution, ce qui ne veut rien dire, bien sûr. Certes, l’identité de la France est chrétienne, et il est indéniable que la période “gothique” disons (je veux parler de la Chrétienté d’après Charlemagne)l’a beaucoup marquée, mais il serait très dommage d’occulter, par la formule “fille ainée de l’Église” tout l’héritage chrétien de la Gaule romaine et du royaume mérovingien avec la conversion de Clovis. Vous ignorez ainsi des évêques comme Irénée de Lyon et tous les martyrs, sainte Geneviève, saint Martin, saint Rémy et tant d’autres ! A cette époque, Rome n’était pas du tout la tête de l’Église et les grands sièges épiscopaux de la Gaule étaient sur le même plan. Pour moi, la France fait partie des nations élues par Dieu pour un dessein que lui seul connaît. Cela me paraît plus grand que d’être la fille aînée d’un siège patriarcal. Cette formule laisse entendre qu’aucun peuple chrétien n’existait avant l’avènement de Charlemagne et de l’Église proprement romaine qui a fini par absorber toutes les autres églises occidentales. Or, un grand nombre de nations ont adopté le christianisme comme religion d’état bien avant ! Moi qui ne suis pas catholique, je mets la France plus haut que vous dans l’économie divine. C’est ce qui explique la raison pour laquelle elle est toujours cernée par tant d’ennemis et toujours menacée mais aussi, qu’elle triomphe à chaque fois. Je pense qu’elle va triompher une fois encore de toutes les menaces qui l’environnent aujourd’hui, mais j’espère qu’elle ne sera pas obligée de passer par l’enfer.
[Le titre de Fille aînée remonte au baptême de Clovis et de ses guerriers, et à la période des évêchés que vous citez qui ont converti la France. Quant à Rome, c’était déjà le siège de la Papauté.
MJ]