L’IRA a diffusé, sur DVD, une déclaration appelant ses militants à "mettre leurs armes au rebut" et à se tourner vers l’action politique en utilisant "des moyens exclusivement pacifiques." Faisant sans doute allusion aux activités criminelles annexes de l’organisation, la déclaration appelle ses "volontaires" à "ne pas prendre part à quelque autre activité que ce soit." (Déclaration complète, v.o.)
Cette déclaration semble être accueillie avec plus de scepticisme en Irlande du Nord qu’ailleurs.
Le premier parti d’Ulster, le DUP du protestant extrémiste Ian Paisley, n’a pas tout à fait tort quand il rappelle que l’ "histoire de la décennie passée en Irlande du Nord est jonchée de déclarations de l’IRA dont il nous a été dit qu’elles étaient ‘historiques’, ‘sans précédent’ et ‘sismiques.’ Et après ces mêmes déclarations, l’IRA revenait à ses habitudes et continuait à perpétrer ses meurtres horribles et ses activités criminelles sordides." (Déclaration complète, v.o.)
Des catholiques nord-irlandais de la rue partagent une prudence résignée : "Je suis pleine d’espoir, en pensant à nos petits-enfants, mais nous avons déjà espéré dans le passé, et ça a échoué" (une dame de 64 ans); "je ne crois pas que les choses vont changer" (un jeune de 19 ans.) (Source.)
Bien des éléments incitent en effet à la prudence : la déclaration de l’IRA réaffirme que la lutte armée "était entièrement légitime", et ne dit nulle part que la "fin de la campagne armée" est définitive; l’organisation annonce se désarmer, mais ne se dissout pas; les procédures de contrôle du désarmement de l’IRA sont fragiles et contestées; d’autres intervenants (loyalistes, républicains dissidents) restent armés, ce qui pourrait servir de prétexte à une marche arrière de l’IRA.
On doit pourtant espérer que l’enthousiasme médiatique (Le Figaro, Libération) qui accueille ce qui n’est, pour l’instant, qu’une simple déclaration sur DVD, se révélera justifié.