Polémia a fait le compte :
"En 20 ans, le FN perd 22% de ses voix, alors que le corps électoral dans son entier s’accroît lui-même de 21% ! La croissance du score FN ne suit même pas l’accroissement démographique électoral ; il manque plus d’1,6 million d’électeurs FN pour que ce dernier soit l’équivalent, en proportion des inscrits, du score de 1997. Personne ne peut décemment démontrer que la ligne Marine/Philippot fait gagner le FN. Il ne s’agit pas de conjecture politique ; mais de chiffres nets. […]
La répartition des 91 circonscriptions qui ont vu le FN progresser en voix depuis 2012 montre le quinté gagnant suivant :
- Normandie avec 57% de ses circonscriptions en progression depuis 2012 ;
- Hauts-de-France avec 46% ;
- Nouvelle-Aquitaine avec 35% ;
- Bretagne avec 22% ;
- Pays-de-la-Loire avec 20%.
Cette disparité régionale très forte, qui voit en gros 20% des circonscriptions progresser, permet de s’interroger sur les motivations du vote. Si les motivations du nouveau vote FN étaient dues au discours social et souverainiste de la ligne Philippot, l’impact sur l’électorat serait naturellement général et globalement harmonieusement réparti d’un bout à l’autre du territoire. Or, ce n’est pas du tout le cas. Du coup il convient de s’interroger sur ce qui provoque les disparités. Et c’est ainsi que l’on constate que la carte du nouveau vote FN recoupe celle des territoires qui, plus récemment et notamment via la crise des « réfugiés », sont touchés par les affres de l’immigration et de l’insécurité et prennent conscience des nécessités de se battre pour préserver leur identité et de l’injustice à être réduits à ces territoires oubliés qu’ont parfaitement décrits les essayistes.
Il y a clairement des dynamiques électorales dans ces régions : la Normandie de Nicolas Bay, qui place 3 candidats dans le « top 15 » des plus belles progressions, la Bretagne de Gilles Pennelle ou les Pays-de-Loire de Pascal Gannat, par exemple. […]
La ligne politique suivie par le FN depuis 10-15 ans, bien que fortement revendiquée comme faisant progresser le FN, a plutôt produit l’effet inverse. On ne peut pas dire, aujourd’hui, que le bilan du binôme Marine/Philippot se traduise par du succès électoral. […]
La comparaison sur 20 ans – l’espace d’une génération – est cruelle pour le Front national. En 20 ans, la France n’a connu aucun reflux, aucun répit en termes d’immigration massive, de pertes de repères et d’identité, de saccage culturel et civilisationnel, d’ensauvagement de toutes ses structures, depuis les centres villes jusqu’aux classes scolaires. Avec en prime une succession de présidents plus médiocres les uns que les autres, de Chirac en Sarkozy et de Sarkozy en Hollande. En 20 ans de pouvoir sans limites et absolu sur le FN, Jean-Marie Le Pen puis sa fille Marine ont imposé leur marque politique, leur marque de dirigeants, leur ligne politique. Pour quel résultat opérationnel, concret pour la vie des Français ? Aucun.
Contrairement aux acquis obtenus par des partis (souvent électoralement moins puissants) au Danemark, en Italie, en Autriche ou encore en Suisse, le FN n’a pu apporter aucune victoire significative et reste un parti à la marge, ne suscitant aucune adhésion de ralliement et, on le voit, une adhésion provisoire de la part de centaines de milliers d’électeurs qui votent, puis se retirent du jeu. Ce qui livre aujourd’hui un FN qui n’a toujours pas retrouvé sa force et sa dynamique de 1997 (législatives) – 1998 (régionales), alors que les circonstances externes n’ont jamais été aussi favorables. […]
Les chiffres ne mentent pas ; les conclusions sont évidentes pour qui veut bien les lire. Après le temps de la lucidité doit venir celui du courage des remises en cause, de l’audace stratégique et, enfin, du travail. Vaste programme pour un congrès !"