A l’occasion de la nouvelle mouture de l’hebdomadaire France Catholique, Le Salon beige a interrogé son rédacteur en chef, Aymeric Pourbaix :
On dit que France Catholique est un des plus vieux hebdomadaires catholiques en France. Pouvez-vous nous rappeler les grandes étapes de la vie de ce journal ?
Aymeric Pourbaix : Il a en effet été fondé il y a presque cent ans, en 1924, par le général de Castelnau (1851-1944), considéré comme un des officiers les plus brillants de sa génération. Fervent catholique aux idées sociales avancées, forte personnalité et proche de ses hommes, ce soldat s’est élevé après guerre contre la politique anticléricale du Cartel des gauches. À la tête de la Fédération nationale catholique, Castelnau s’est ensuite battu, notamment dans ses éditoriaux de France Catholique, contre le pacifisme d’une partie des élites catholiques, qu’il dénonçait comme une naïveté, face à la montée du nazisme.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’hebdomadaire France Catholique est devenu, à l’époque de Jean de Fabrègues, la plaque tournante de l’intelligentsia catholique, en accueillant des signatures prestigieuses comme celle du cardinal Daniélou, de l’académicien Daniel-Rops, du père Louis Bouyer, du philosophe Gustave Thibon, puis du poète Pierre Emmanuel, du théologien orthodoxe Olivier Clément, de Jean-Marie Domenach, etc. Une flamme maintenue allumée dans l’histoire récente de France Catholique par Gérard Leclerc, à travers ses éditoriaux particulièrement remarqués dans la crise que traverse l’Église aujourd’hui.
Le journal a récemment été racheté par le Groupe Bolloré. Cela s’inscrit-il dans une stratégie médiatique pour ce groupe qui possède notamment CNews ?
Le groupe Bolloré a choisi de reprendre France Catholique qui cherchait alors une aide pour poursuivre son aventure. Comme on peut s’en douter, cela ne correspond pas exactement à un investissement stratégique en termes économiques ou médiatiques. Mais plutôt au choix de soutenir et de donner une pérennité à ce journal à l’histoire glorieuse.
Quelle est la particularité et l’identité de cet hebdomadaire par rapport aux autres hebdomadaires, et particulièrement aux hebdomadaires catholiques ? Pour le dire autrement, pourquoi lire et s’abonner à France Catholique ?
Sa particularité est d’être à la fois un lieu de débat intellectuel pour tous les catholiques, avec une grande liberté de pensée, et dans le même mouvement d’avoir toujours été fidèle à Rome, à l’Église et aux papes. Un journal anticonformiste donc, comme l’était son fondateur.
Dans la situation actuelle de la foi dans notre pays, il est fondamental qu’il y ait un pluralisme de voix pleinement catholiques qui puissent s’exprimer, à travers différents médias, de manière à pouvoir porter plus loin et plus fort le message de l’Évangile.
Enfin, son identité profonde se résume dans son titre : France Catholique. Loin de se résigner au déclin, ce journal se veut plein d’espérance pour l’avenir, car sans la foi et l’Église, qui constitue le ferment de l’identité française, notre pays ne pourra renaître.
Vous sortez une nouvelle formule : est-ce uniquement une stratégie marketing ou estimez-vous qu’il y avait des choses à changer dans le fond ?
Il s’agit avant tout de donner un nouvel élan au journal, de le rajeunir sur la forme par une maquette moderne, et sur le fond par de nouveaux visages, de nouvelles plumes, et en étant plus présent sur internet. Tout en gardant une grande continuité sur le fond – car le journal est toujours demeuré fidèle à son identité initiale – à la fois militante et avec le désir de nourrir ses lecteurs en profondeur.
Ce nouvel élan vise aussi à susciter un grand mouvement en faveur de la transmission, de renouer avec cette caractéristique de l’Eglise depuis les origines : enseigner, former, donner les arguments de l’intelligence pour répondre de notre foi dans le monde contemporain. Ce que nous avons choisi de résumer par cette ambition : « Donner des racines au futur. » C’est dans cette optique que nous avons créé de nouvelles rubriques d’apologétique, de Maîtres spirituels, de liturgie… Dans ce monde aux identités troublées, la jeune génération de croyants a besoin de repères clairs.
Pour s’en faire une idée par soi-même, nous offrons trois numéros gratuits sur notre site ou un abonnement à prix préférentiel, à l’occasion du lancement de la nouvelle formule.