Les manifestations de soutien au peuple palestinien se multiplient en France et la communauté juive commence à craindre pour sa sécurité. Plusieurs centaines à Lyon, près de 400 à Paris, quelque 200 à Nantes, une centaine à Strasbourg: les manifestants ont proféré des slogans de soutien à Gaza et d'autres hostiles à la politique israélienne. Samedi, une manifestation avait rassemblé entre 5.000 et 6.000 personnes dans une des principales rues de Lyon. Un nouveau défilé est programmé samedi au départ de la place Bellecour. La préfecture de police de Paris a engagé une procédure pour interdire une nouvelle manifestation de soutien à Gaza prévue samedi dans la capitale.
Roger Cukierman, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, a estimé que dimanche à Paris, « c’était un peu la Nuit de Cristal. On a échappé de peu à un véritable pogrom… »
Gil Mihaely, fondateur avec Elisabeth Lévy du site et du magazine Causeur, déclare au Figarovox :
"En fait, les conflits au Moyen-Orient ont des répercussions de plus en plus importantes en France depuis le début des années 1980. […] La nouveauté depuis les années 1990-2000 c'est que ce sont les Français d'origine maghrébine qui cherchent à en découdre et non plus des commandos envoyés par un acteur extérieur (OLP, Iran etc.). La raison principale est que la haine d'Israël et des Juifs est devenue un composant majeur de l'identité des Français d'origine arabe et africaine, c'est le ciment de la «beuritude». […]
C'est tout à fait légitime et parfois justifié de critiquer la politique israélienne mais la comparaison avec les autres conflits dans la région ne laisse pas de place au doute. Si il s'agissait là d'une véritable identification avec les victimes des bombardements de Gaza, alors on pourrait s'étonner que la crise syrienne avec ses 160 000 victimes n'ait pas déchainé une telle mobilisation et de telles passions! Je crois que ces manifestations trahissent un besoin profond de se définir comme adversaire d'Israël et des Juifs.
En taxant d'antisémitisme toute critique d'Israël, certains membres de la communauté juive n'ont-ils pas eux-mêmes alimenté la concurrence victimaire?
Tout à fait et ils ont tort ! C'est d'ailleurs ridicule car, comme en France, un très grand nombre des citoyens israéliens critiquent sévèrement la politique de leur gouvernement… Le débat est ouvert et devrait le rester aussi longtemps qu'on échange des arguments rationnels. Or hurler «Israël assassin» et dénoncer un «génocide» à Gaza ne tombent pas dans cette catégorie. […]"