De Bernard Antony :
Détesterait-on Nicolas Sarkozy, détesterait-on Génération Identitaire, la condamnation du premier et la dissolution des seconds, sont des signes qu’il y a quelque chose de pourri dans la justice et dans le gouvernement français.
Car, c’est violer un principe fondamental non seulement du droit mais de notre civilisation que de mettre sur écoute policière un avocat non poursuivi et son client. C’est en effet le propre des régimes totalitaires de ne respecter ni le secret de l’avocat, ni celui du médecin, ni celui du prêtre.
Pour ce qui est de la dissolution de Génération Identitaire pour motif ubuesque de « constitution de milice », sous le prétexte de port par ses militants d’anoraks ou de pantalons de même couleur à la manière d’un club de ski, cela relèverait de la farce si ce n’était une mesure grave de total déni de liberté démocratique.
Et ce, à un moment où maints « territoires » sont livrés aux règlements de compte souvent meurtriers entre bandes rivales de sauvages utilisant poignards et matraques ; période aussi où les assassinats par armes à feu se multiplient sur fond de rivalités dans les trafics de drogue.
Cette décision macrono-darmanesque est aussi insupportablement arbitraire que politiciennement calculée : à seule fin d’établir une apparence de symétrie avec des demi-mesures envers de dangereuses associations islamistes. C’est un grossier procédé qui n’honore ni le ministre de l’Intérieur ni le Président de la République.
Concernant Nicolas Sarkozy, Bernard Antony estime que c’est pour une autre raison qu’il devrait être condamné :
Ce n’est pas suite à des écoutes judiciaires, elles même très répréhensibles (violation du secret de l’avocat !) que Nicolas Sarkozy mérite d’être condamné.
En revanche, c’est l’histoire qui déjà le condamne pour sa faute politique majeure aux conséquences désastreuses pour l’Afrique et tragiques pour l’armée française: l’élimination du « guide » libyen Mouammar Kadhafi, certes, dictateur fantasque et cruel pour ses opposants. Mais rappelons que Sarkozy avait reçu ce dernier à l’Élysée acceptant qu’il installe sa tente dans les proches espaces verts et qu’il y séjourne en grande pompe bédouine.
Et cela, évidemment, en toutes connaissances des manières et des exigences du personnage.
Mais il savait bien aussi que ce dernier, qui, rappelons le, avait écrit un livre vert disait-il « supérieur au Coran », était l’ennemi juré des islamistes. Il les combattait avec acharnement, il bloquait les progressions jihadistes en Afrique du nord et sahélienne.
Pourquoi donc alors, Sarkozy manigança t-il de l’éliminer ? On sait qu’il se laissa pitoyablement influencer par l’irresponsable va t’en guerre Bernard-Henry Lévy. Ce dernier, piétinant les plates-bandes de Juppé alors ministre des Affaires étrangères, l’avait incroyablement persuadé de prendre le train en marche des « printemps arabes » et d’appuyer des rebelles pourtant évidemment bien plus dangereux que le régime du colonel bédouin.
Sarkozy ayant obtenu l’accord de l’américain Obama et du britannique Cameron, les bombardements de notre aviation ouvrirent la voie aux meurtriers de Kadhafi et de ses fils.
Depuis le chaos règne en Libye.
Les islamistes se sont emparés de stocks d’armes avec lesquelles les jihadistes mènent depuis des années leurs actions terroristes dans tout le sahel où, à cause de la faute de Sarkozy des soldats français meurent.
Et la Lybie est devenue aussi le territoire principal des migrations vers l’Europe.
L’élimination de Kadhafi s’est vite avéré un crime politique impardonnable. Mais il ne relève pas de l’institution judiciaire, oui, l’histoire a déjà condamné Nicolas Sarkozy.