Christophe Dickès, historien du catholicisme, publie une tribune dans La Croix, dans laquelle il exprime sa tristesse devant la sévérité dont fait preuve Rome à l’encontre des communautés traditionalistes. Extraits :
Léon le Grand écrivait à propos de la fête de Noël :
« Il n’est pas permis de donner place à la tristesse aujourd’hui (…). Personne n’est exclu de la participation à ce bonheur. »
En cette veille de la fête de l’Incarnation, la Congrégation pour le culte divin vient pourtant de plonger les communautés dites traditionalistes dans une grande tristesse et une incompréhension renouvelée.
Pire, ces dernières ont le sentiment d’être exclues de la communauté ecclésiale qu’ils chérissent par leur fidélité au siège romain, ceci depuis plus d’une génération et les fameux sacres de Mgr Lefebvre de 1988. Depuis le pontificat de Jean-Paul II et plus encore celui de Benoît XVI, les communautés attachées à l’ancienne messe bénéficiaient au sein de l’Église d’une hôtellerie. Après la publication par la Congrégation du culte divin d’un document sur l’application du Motu proprio Traditionis custodes, elles ne sont même plus sûres de bénéficier d’une étable…
[…]
Alors qu’on aurait pu s’attendre à une volonté d’apaisement, Rome s’engouffre dans un juridisme tatillon qui amène de nouvelles questions auxquelles les canonistes, que l’auteur de ces lignes a contactés, n’ont pas de réponses… De leur côté, les traditionalistes se posent légitimement des questions sur cet esprit romain qui privilégie la lettre et la loi plutôt que l’esprit.
N’est-ce pas le pape François lui-même qui fustige ceux qui n’ont d’yeux que pour la loi au détriment de la seule loi d’amour et de charité ? N’est-ce pas le Saint-Père lui-même qui disait à propos de l’enfant prodigue :
« Les circonstances qui peuvent nourrir la division et la confrontation sont nombreuses ; les situations qui peuvent nous conduire à nous affronter et à nous diviser sont indiscutables. (…) Le chrétien sait que dans la maison du Père, il y a beaucoup de demeures, seuls restent dehors ceux qui ne veulent pas prendre part à sa joie » (Rabat, 31 mars 2019) ?
En cette veille de Noël, les catholiques de tradition attachés au siège de Pierre souhaitent simplement participer à cette joie dans l’union plutôt que dans la division. […]
Mgr Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, qui, dans un entretien récent, ne laisse aucune ambiguïté sur sa volonté de supprimer toute liturgie traditionnelle, ferait bien de lire le discours donné par le pape François hier à la Curie romaine :
La perspective de la communion implique, en même temps, de reconnaître la diversité qui nous habite comme un don de l’Esprit Saint. Chaque fois que nous nous écartons de cette voie et que nous confondons communion et uniformité, nous affaiblissons et réduisons au silence la force vivifiante de l’Esprit Saint au milieu de nous. L’attitude de service nous demande, je dirais même exige, la magnanimité et la générosité de reconnaître et de vivre joyeusement la richesse multiforme du peuple de Dieu ; et sans humilité, ce n’est pas possible.