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Europe : politique

François-Xavier Bellamy : Avec Mme von der Leyen, nous ne serons sans doute pas d’accord sur tout

François-Xavier Bellamy : Avec Mme von der Leyen, nous ne serons sans doute pas d’accord sur tout

Après l’élection à la tête du Parlement européen du socialiste David Sassoli la semaine dernière, le chef de file des eurodéputés RN Jordan Bardella a accusé les élus LR d’avoir voté en sa faveur. François-Xavier Bellamy, patron des élus LR au Parlement européen, se défend dans Valeurs Actuelles :

Comme je l’ai déjà indiqué, je n’ai pas voté pour M. Sassoli. Les élus du RN n’ont même pas pris la peine de me poser la question avant de lancer cette contre-vérité. Il suffit pourtant de lire les résultats du vote pour voir que la majorité du PPE n’a pas non plus voté pour ce candidat… Cette affirmation est donc tout simplement un mensonge. Ces méthodes sont consternantes, et semblent tristement habituelles pour certains. Aucun désaccord politique ne devrait conduire à des pratiques aussi caricaturales.

Vous dites avoir menacé de quitter le PPE si un socialiste était nommé à la tête de la commission. C’est finalement Sassoli qui a obtenu le Parlement. Avez-vous été entendu ?

Oui ; nous avons eu des discussions très franches avec nos collègues du PPE au cours des derniers jours. La droite en Europe est arrivée en tête de l’élection du 26 mai. Lorsque, pour dénouer le blocage survenu dans cette nomination, l’idée a été proposée de laisser M. Timmermans présider la commission européenne, j’ai très clairement fait savoir qu’accepter un tel choix serait trahir nos électeurs, et que notre délégation française ne céderait à aucun prix sur ce point. Cette fonction est déterminante pour la politique menée dans les cinq années du mandat. Beaucoup de collègues d’autres pays ont suivi cette ligne, et nous avons obtenu gain de cause : malgré l’opposition de M. Macron au candidat de notre famille politique, la présidence de la commission revient finalement à la droite.

En conséquence, comme le veut la pratique parlementaire dans de nombreux pays d’Europe, et c’est aussi le cas pour des institutions importantes en France, la présidence du Parlement a été laissée à l’opposition, pour la moitié du mandat seulement. Nous étions opposés à ce choix, et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas voté pour ce candidat ; mais cela n’enlève rien au fait que nous avons gagné la bataille qui comptait. La présidence du Parlement est une fonction institutionnelle, qui n’a aucun impact sur les choix politiques à venir. Ce que nous devons à nos électeurs, c’est que les orientations de la commission européenne correspondent à leur choix.

Le binôme von der Leyen-Lagarde n’incarne-t-il pas ce que les électeurs rejettent : une vision de l’action publique centrée sur l’économie, dépolitisée, loin de votre discours sur l’Europe civilisationnelle ?

Nous avons échappé au risque de voir les socialistes prendre la main sur la commission ; l’immense danger était là. Avec Mme von der Leyen, nous ne serons sans doute pas d’accord sur tout, mais c’est notre groupe qui pourra déterminer avec elle les orientations futures. Ce sera notre responsabilité de lui faire entendre ce que les électeurs nous ont dit de leurs attentes envers l’Europe.

Avec un socialiste à la tête de la commission, nous aurions été condamnés à rester spectateurs de la politique menée pendant cinq ans, et cette politique aurait été radicalement éloignée de la vision que nous défendons. Si nous n’avions pas défendu vigoureusement nos engagements face à l’adversité intense venue en particulier de M. Macron, les cinq ans de mandat laissés à la gauche auraient eu de très lourdes conséquences. Nous avons évité cela. Maintenant, nous avons les leviers essentiels pour pouvoir servir ; nous nous sommes donnés les moyens d’agir pour traduire concrètement la vision proposée dans notre campagne.

Je voudrais ajouter une remarque sur ce point. Les élus du RN sont rapides pour propager des mensonges. Mais je constate avec désolation qu’ils ont montré dès les premiers jours de ce mandat combien ils avaient trompé leurs électeurs. Souvenez-vous : il y a quelques semaines encore, ils promettaient qu’ils allaient créer un groupe parlementaire majoritaire qui permettrait de changer l’Europe de l’intérieur. Mais ils sont si peu crédibles dans les autres pays d’Europe que cela ne pouvait aboutir, et ils le savaient parfaitement. La vraie trahison est dans cette politique de la propagande permanente qui nourrit les désespoirs au lieu de tenter d’y répondre concrètement.

Comme Mme Loiseau, les élus du RN ont construit leur campagne sur la fausse promesse de renverser à eux seuls la politique européenne. Il aura suffi de quelques jours pour que ces illusions se dissipent. Je n’aimerais pas devoir assumer aujourd’hui un succès électoral si manifestement fondé sur du vent… De notre côté, nous avons traversé un moment éprouvant ; mais nous avons pris les Français au sérieux, et la suite l’a confirmé. C’est sur nous que repose aujourd’hui la responsabilité d’agir concrètement pour servir la France en Europe. Et comme pendant ces derniers jours, nous ne céderons rien pour rester constants et fidèles à nos engagements.

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5 commentaires

  1. En somme, il se satisfait du “moins pire”. Voyons la suite …

  2. En résumé l’ennemi c’est le RN…

  3. Je ne vois pas ce que cet imbécile dit roi des candaules a à reprocher aux élus RN. JAMAIS le RN n’a dit que les patriotes seraient majoritaires aux parlement européen. Et si les peuples européens ne votent pas assez patriotes, populistes etc, c’est quand même avant tout de leurs fautes, pas de la faute du RN !!! Quand on fait 8%, je crois qu’on n’a aucune leçon à donner au parti … qui est arrivé en tête ! certes, le RN peut très bien se tromper, (ou du moins CERTAINS RN, pas “les élus RN”, comme si c’était tout le monde !), mais d’abord en politique, c’est normal de “bluffer” en campagne électorale, de c’est pas mentir, de plus il est idiot d’attaquer le RN ainsi, alors qu’il est dans l’opposition et en rien responsable de la situation catastrophique de la France. Ce mauvais ami devrait réserver ses attaques à nos dirigeants……. ou alors c’est peut-être parce qu’il se sent plus proche de LREM que du RN ??? ça m’étonnerait pas d’ailleurs…..

  4. les députés LR ont voté socialiste au parlement de bruxelles, belel trahison de leurs électeurs, continuez bel ami (du pouvoir

  5. Les politiciens qui trompent leurs électeurs le font toujours, à les entendre, pour de bonnes raisons… C’est ce qu’ils appellent “prendre les électeurs au sérieux” ! Les RN n’ont pas trahi : ils ont en effet promis de créer un groupe, mais si le résultat n’est pas (encore) atteint, ce n’est pas de leur volonté …

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