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Valeurs chrétiennes : Culture

François-Xavier Clément mis à l’honneur

François-Xavier Clément mis à l’honneur

Mercredi 1er juin, à l’occasion de la publication de son livre « L’éducation intégrale » François-Xavier Clément recevra le Prix Saint Jean-Paul II pour la famille, l’amour et la vie à la Maison de Saint François-Xavier, 7 place du Président Mithouard – Paris 7ème à 14h15. Nous l’avons interrogé à l’occasion de cet événement ouvert à tous.

M. Clément, par votre engagement vous témoignez de l’urgence d’annoncer la lumière de la vérité et de l’amour. Qu’avez-vous envie de dire aux parents et aux éducateurs à cette occasion ? 

Oui je le crois, il y a une urgence à former les intelligences pour leur redonner le goût de la vérité et la trace des bornes de l’ordre naturel. Il nous faut des professeurs et des éducateurs qui permettent aux jeunes générations d’acquérir une culture. Au cri du monde souffrant doit répondre celui de la Bonne Nouvelle. Mais pour que ce second cri se fasse entendre au milieu du bruit il nous faut des chrétiens pour le pousser par leur parole, leurs actes et par leur exemplarité. L’état général du monde nous semble inquiétant, et nous avons raison car c’est le nôtre. Loin de nous décourager, cela doit nous conduire à répéter que nous avons gagné et que le Christ est le chemin qui permet de goûter cette joie ici-bas et d’en vivre éternellement au-delà. Alors je souhaite dire aux parents, aux professeurs et aux éducateurs en général que personne ne peut nous retirer cette joie car elle est déterminée par notre foi et notre espérance. Elle s’est installée dans notre cœur un soir de Noël… comme disait Péguy. Alors transmettons cette joie, témoignons de la certitude de notre foi en donnant aux enfants la possibilité de goûter les fruits de la véritable éducation chrétienne. Arrêtons de maudire l’obscurité et parlons aux jeunes du vrai chemin du bonheur par la vertu et surtout de celui qui mène au Ciel.

Quelle est la mission de l’école catholique face à la détérioration des repères traditionnels ? 

L’école catholique doit avant tout assumer son héritage d’une vision holistique de la personne humaine et exprimer avec courage la perspective du Salut et de la vie éternelle. La jeunesse ne se satisfait pas du tout d’un discours sur le « vivre ensemble » avec une approche de la pastorale qui confine à l’humanitaire républicain. Si une société est à l’image de l’école dont elle s’est dotée 20 ans avant, alors l’école catholique a pour mission de répandre dans les intelligences et dans les cœurs les germes de la Civilisation de l’Amour pour les prochaines générations. Nous sommes dépositaires d’un patrimoine éducatif que nous devons partager sans le dénaturer, sans le diluer, sans en cacher le but, sans en trahir la responsabilité pour les enfants de nos enfants.

Vous avez accompagné de nombreux jeunes alors qu’ils traversaient des périodes très difficiles. Comment leur venir vraiment en aide ? 

Cela dépend bien évidemment des difficultés que rencontrent les jeunes, mais je peux affirmer sans hésitation que la jeunesse actuelle souffre avant tout du manque de disponibilité des parents et des adultes en général. Je parle ici de la disponibilité d’attention et d’écoute, du temps long consacré à ses enfants dans une conversation où l’on s’interdit les formules, les raccourcis, la dérision et… les notifications du smartphone ! Nombre de problèmes trouvent une voie de résolution quand on prend le temps de la conversation. Il y a une éducation au dialogue et à la conversation à ré-instaurer dans nos familles. Et cela commence très tôt. L’écoute attentive et structurante est une urgence pour permettre aux enfants et aux jeunes d’obtenir de leurs parents un traitement régulier des informations, des sollicitations, des rencontres, des tentations, des influences idéologiques, et de toutes les questions qui se posent dans leur expérience du monde. Sans quoi c’est le monde qui fera autorité !

Il semble que la majorité des intervenants dans l’enseignement catholique essaie de faire de son mieux. Qu’aimeriez-vous dire pour sensibiliser davantage les responsables, professeurs, aumôniers, et directeurs ? 

Oui, je suis d’accord avec vous, la majorité des personnes qui travaillent dans l’enseignement catholique cherchent à œuvrer pour le bien des enfants. Et ils sont très nombreux à être confrontés à l’impossibilité d’exercer le métier pour lequel ils s’étaient engagés. Le problème vient, selon moi, d’un syndrome d’abdication contagieuse. Elle se déverse dans les établissements de manière insidieuse et consiste à penser que les établissements catholiques doivent se conformer au monde au fur et à mesure qu’il change et qu’il ne sert à rien de se battre pour penser autrement. Et de même que le courage est contagieux, de même son opposé s’installe comme une chape de plomb dans les salles des professeurs et dans le traitement des programmes scolaires. Qu’il s’agisse des repères fondamentaux sur la personne humaine. « Homme et femme Il les créa » ! Qu’il s’agisse des propos sur le bonheur humain. « A qui irions-nous Seigneur, vous avez les paroles de la vie éternelle ». Est-ce que les lois de Dieu sont supérieures aux lois de la République ? « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »  Nous nous laissons piéger par la mise en accusation du monde qui nous accule à répondre à ses questions avec ses catégories. A force de vouloir être toujours compatible on finit par perdre son identité. Nous devons être en mesure de témoigner de l’Espérance dans laquelle nous avons été plongés le jour de notre baptême.

De nombreux parents créent des écoles chaque année. Pourquoi selon vous ? 

Rappelons que tous les établissements scolaires catholiques sont nés d’une initiative privée et non d’un contrat avec l’État. Ils étaient prêtres, religieuses, religieux, entrepreneurs, parents, familles pauvres ou fortunées, etc. Et ils furent fondateurs d’écoles, de collèges et de lycées dans le but de vivre la charité évangélique dans une œuvre d’éducation, comme d’autres le firent dans des œuvres hospitalières. On ne se posait pas la question des moyens ni des parts de marché, mais seulement de mener des jeunes sur le chemin qui mène à Dieu. C’est ainsi qu’aujourd’hui des parents cherchent tout simplement à retrouver cette vision cohérente et intégrale de l’éducation en créant des écoles qui n’imposent pas une rupture ou un grand écart à leurs enfants et à eux-mêmes. Il s’agit pour les parents d’assumer tout simplement la responsabilité que rappelle le droit naturel quand il pose que les parents sont les premiers et principaux éducateurs des enfants. Quand le système scolaire général impose des idéologies dans la transmission des savoirs et que les professeurs et éducateurs sont devenus pour certains des contre-exemples, alors il est urgent d’ouvrir des voies alternatives pour enseigner et éduquer dans le respect de la liberté et de la finalité de la vie humaine.

Un dernier mot ? 

Oui volontiers. Comment ne pas citer le grand Saint Jean-Paul II pour terminer cet échange ? Lui qui nous a tant éduqué, au sens où l’Église a vocation à être éducatrice des peuples. Lui qui nous a donné l’exemple et le courage de l’engagement pour annoncer l’Evangile à temps et à contretemps. Lui qui a osé nous dire en 1980 : « France, fille aînée de l’Église et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ? » Ces propos puissants rappellent à la Nation française qu’elle fut ointe d’une vocation, dont la portée éducative est universelle. Alors, de même que des armées ont dû se lever dans l’histoire pour défendre et reconstruire, il nous faut aujourd’hui une armée de professeurs et d’éducateurs chrétiens pour défendre nos enfants contre la culture de mort et rebâtir par l’enseignement et l’éducation la civilisation de l’amour.

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