Lu dans Daoudal Hebdo :
"Puisqu’il n’y a plus de frontières dans l’Union européenne (ou plus précisément à l’intérieur de l’espace Schengen), il existe une agence européenne dont la mission est de surveiller les frontières extérieures et de prêter main forte aux pays concernés : Frontex. Comme de bien entendu, Frontex n’a pas vu arriver les milliers de Tunisiens qui ont débarqué à Lampedusa. Sans doute ses agents étaient-ils en vacances en Suède… L’île italienne de Lampedusa est depuis des années une destination favorite de l’immigration clandestine africaine, et elle se trouve à 130 km des côtes tunisiennes. Mais Frontex n’a pas dû suivre les événements. On ne peut pas tout savoir… Il est vrai aussi qu’on ne comprend pas vraiment que des gens se mettent à fuir la liberté et la démocratie…
Rassurez-vous, Frontex s’est réveillé. Mardi. Près d’une semaine après le début de l’arrivée massive de Tunisiens. Et, mardi, Frontex a pris une décision. Elle a décidé qu’elle allait lancer une opération. «D’ici quelques jours». En mobilisant «30 à 50 personnes» (sic), «quelques navires et quelques avions» (empruntés aux pays membres, car Frontex n’a rien). 30 à 50 personnes qui vont pouvoir épauler les deux experts présents sur l’île. Car, oui, il y avait deux hommes de Frontex à Lampedusa… Ils devaient être sur la plage, de l’autre côté. Mais Frontex, dans un éclair de lucidité, reconnaît que, «comparé aux mesures nationales prises par les autorités italiennes, nous jouons un rôle secondaire»… Bref, que les Italiens se débrouillent.
Ces Tunisiens n’ont qu’un seul but, venir en France, où ils retrouveront leurs 600 000 cousins. Mais la France ne veut pas accueillir ces milliers de clandestins. Brice Hortefeux se montre très ferme. S’ils viennent sur notre sol, ils seront traités comme des immigrés clandestins appelés à être reconduits dans leur pays, a-t-il dit. […] Admirable. Aussi admirable que la réactivité de Frontex. Car chacun sait qu’en dehors de quelques opérations spectaculaires et médiatisées, on ne recherche pas les clandestins. Certes, il y en a toujours qui n’ont pas de chance et qui se font prendre. Ce sont ceux-là les vrais cas marginaux… Mais ils ne sont pas pour autant expulsé. En général, on remet au clandestin un papier disant qu’il doit quitter le territoire français, et au revoir. S’il se fait prendre une deuxième fois, c’est plus risqué… Mais il reste que les trois quarts des décisions de reconduite à la frontière ne sont pas appliquées, et que celles qui sont appliquées concernent majoritairement des Roms, qui sont européens et peuvent revenir quand ils veulent…"