Eugénie Bastié dresse son portrait dans Le Figaro Magazine. Extrait :
[…] Gaspard Proust serait-il devenu l’humoriste officiel de la droite? L’esprit Canal est mort, les nouveaux curés sont progressistes, qu’ils prédisent l’Apocalypse climatique ou conspuent la «concupiscence» des mâles, ce qui a laissé le champ libre au persiflage sur un esprit de sérieux passé à gauche.
«C’est même chiant car c’est trop évident , dit Proust. Moi-même je me lasse. On parle du wokisme tous les jours. Sandrine Rousseau, c’est une Nadine Morano de gauche. Il y a un côté ambulance… parfois j’ai des scrupules. En même temps… je me dis que je ne peux pas laisser passer ça (il soupire) . Je ne sais pas ce qu’ils prennent, ils ne sont jamais fatigués. Ils n’ont jamais honte.»
Serait-il un «anar de droite?» Il n’aime pas l’expression.
«Ça veut souvent dire mec de droite aimé par la gauche. Au fond, je suis un individualiste. C’est le mot liberté qui m’intéresse. J’ai vécu dans un pays de l’Est où l’on nous vendait l’Occident comme une terre où certaines choses, comme la liberté de penser et le droit de propriété, ne seraient jamais remises en question. Quand je vois le pli que ça prend parfois en France, je me dis qu’il y a vingt ans je ne l’aurais pas cru.»
Il se dit pour une liberté d’expression «absolue» :
«On ne peut pas faire la police des cerveaux et des âmes.»
Une vocation d’écrivain
Mais au fond, Proust est-il vraiment un comique? […] «C’est un intellectuel drôle plus qu’un humoriste, dit de lui Geoffroy Lejeune, directeur de Valeurs Actuelles . Chez la plupart des humoristes, le rire est une fin en soi ; chez lui, c’est un moyen pour faire réfléchir à autre chose.» Sa véritable vocation ne serait-elle pas celle d’écrivain?
«J’ai du mal à l’admettre, mais c’est ce que je désire le plus , nous confie-t-il. Mon rêve ça a toujours été la plume. Si j’arrivais à ne vivre que de l’écrit j’aurais réalisé toute mon ambition.»
Gaspard Proust possède plusieurs tiroirs. Derrière la façade d’humoriste, il y a l’écrivain. Et puis au-dessus des livres, il y a la musique classique, une véritable passion. Et puis, au-dessus de la musique il y a… Quand on lui demande quelles sont ses attaches, ses racines profondes, il hésite. «Je vais très peu en Slovénie. C’est le pays de ma langue natale. Je suis très attaché à la Suisse. Mais comment dire… tout ça reste très terrestre.» Il sourit et lève les yeux au ciel.
«Le vrai attachement est là-haut, le reste n’est qu’une étape. Mon projet, au fond, il est là.»
On remarque sur sa poitrine une médaille miraculeuse de la rue du Bac (Paris, 7e), qu’il tripote machinalement. Ce sont des sœurs qui la lui ont offert, un jour qu’il traînait près du Bon Marché.
«Je l’ai rangée dans ma moto, mais j’y pensais assez souvent, un peu comme Bilbo le Hobbit avec l’anneau, tu vois.»
Un jour, il l’a mise autour du cou. C’est peut-être le tiroir le plus secret de Gaspard Proust. Par pudeur, il ne veut pas trop en parler, mais lors d’une messe clandestine, en plein confinement, alors même que l’Église officielle avait décrété la fermeture du culte, il s’est laissé toucher par le Mystère. Depuis, il a saint Augustin sur sa table de chevet. Il laisse parfois entrevoir dans quelques-unes de ses chroniques, cette nouvelle vérité qui le travaille. […]
«Peut-être sais-je mieux que personne pourquoi l’homme est le seul être qui sache rire ; lui seul souffre assez profondément pour avoir été contraint d’inventer le rire. Le plus malheureux, le plus mélancolique de tous les animaux est, comme de juste, le plus gai.»