Lu sur l'école déboussolée :
"Monsieur le Député Jacques Lamblin [Mention Passable, NDMJ], Député de Meurthe et Moselle, a bien voulu nous faire parvenir la réponse écrite que lui a adressé Monsieur Luc Chatel, ministre de l’Education Nationale à la suite de l’inquiétude qui lui avait exprimé comme de nombreux autres parlementaires. Le ministre y fait la défense des programmes et rejette la responsabilité de la polémique sur les éditeurs scolaires. L’école déboussolée constate que le ministre se défausse amplement de sa responsabilité de gouvernance du service public d’éducation et de son rôle de garant de sa déontologie.
Le ministre refuse de reconnaître que ses services sont à l’origine de l’ambiguïté qui lui vaut cette polémique. Or Plusieurs dizaines de milliers de citoyens, 27 questions écrites à l’assemblée, de nombreux articles manifestent qu’il y a bien une difficulté dans la définition de ces programmes. Le ministre précise : « La théorie du genre n’apparaît pas dans les programmes de Svt – Le programme est centré sur des phénomènes biologiques » « En complément des aspects biologiques, le programme aborde la dimension sociologique de la différentiation sexuelle en distinguant identité et orientation sexuelle »
Il faut d’abord reconnaître que le ministre assume pleinement l’introduction d’une approche sociologique dans un cours de SVT – ce qui constitue en soi un mélange et une confusion des genres puisque ces disciplines n’ont pas la même épistémologie et ne sont pas dites scientifiques selon les mêmes principes méthodologiques. En effet, le concept de « Genre » est employé dans les manuels et il est historiquement, étymologiquement et notionellement issu de la théorie de Judith Butler, la conceptrice de la théorie du Genre. Or selon France Culture: « La théorie du genre élaborée aux Etats-Unis sous l’impulsion de mouvements féministes dans les années 60 n’est pas explicitement désignée, mais c’est une référence directe. »
On doit donc demander au ministre de quel apport sociologique différentiant orientation et identité sexuelle le programme se revendique t il ? Car enfin si la défense d’une orientation sexuelle non physiologiquement normée est une des finalités avouée du programme, comment lui donner une assise scientifique (et pas seulement juridique – ce dont le programme aurait pu se contenter) autrement qu’en relativisant l’identité sexuelle à l’orientation sexuelle en définissant cette première comme culturellement construite ? […]
Enfin, le Ministre ne résoud pas le problème des manuels très majoritairement influencés. Les enseignants ne peuvent se contenter de la brièveté du descriptif du bulletin officiel et ne peuvent s’appuyer que sur les manuels. De même les élèves n’auront pas d’autres ressources que ces derniers. Que compte faire le ministre de l’Education nationale pour doter enseignants et élèves de supports conformes aux programmes ?
Objet d’inquiétude pour une cinquantaine de Députés et plusieurs dizaines de milliers de citoyens, L’école déboussolée demande au ministre que l’interprétation des programmes fasse donc l’objet d’une lettre de cadrage à destination des éditeurs et des professeurs. L’école déboussolée demande également que les service de la Direction Générale de l’Enseignement Scolaire certifie les seuls manuels conformes aux programmes ou fasse réaliser un manuel en ligne dédié à ce chapitre et disponible librement sur Educscol."