Celle qui, dans l’enfer de la cuvette, soignait, souriait et apaisait des soldats souvent très jeunes, Geneviève de Galard, a rendu l’âme à l’âge de 99 ans.
Lorsqu’elle étudiait à la Sorbonne, elle s’occupait de personnes handicapées sur son temps libre. Elle obtient, en 1950, son diplôme d’infirmière puis de convoyeuse, c’est-à-dire d’infirmière spécialisée dans le rapatriement aérien. Elle est affectée, à sa demande, en Indochine en mai 1953. Depuis Hanoï, l’infirmière de Galard participe aux évacuations de Diên Biên Phu. Le 28 mars 1954, alors que son avion a atterri sur la piste bombardée par le Vietminh, l’engin endommagé ne peut redécoller, et il est détruit dès le lendemain.
Seule femme dans un environnement d’hommes – outre une vingtaine de prostituées qui ont servi ensuite comme infirmières – elle devient pour la presse anglo-saxonne «l’ange de Diên Biên Phu». Jusqu’au dernier combat, début mai 1954, elle sert comme infirmière dans l’hôpital de campagne du médecin Paul Grauwin. Son abnégation et sa douceur seront gravées pour toujours dans la mémoire des survivants.
Alors que les combats font toujours rage, Geneviève de Galard est faite chevalier de la Légion d’honneur par le commandant du camp de Diên Biên Phu, le général de Castries :
«A suscité l’admiration de tous par son courage tranquille et son dévouement souriant […]. Restera pour les combattants de Dien Bien Phu, la plus pure incarnation des vertus héroïques de l’infirmière française».
Elle a été nommée légionnaire honoraire le lendemain, anniversaire de la bataille de Camerone. Après le 7 mai 1954, Geneviève de Galard est faite prisonnière et poursuit ses soins sur les blessés. Elle est évacuée vers Hanoï à la fin mai, puis de retour en France début juin est accueillie en héroïne. Paris Match titrera sa une : «La France accueille l’héroïne de Diên Biên Phu». Elle a poursuivi son travail de convoyeuse en Indochine, puis travaillé à l’hôpital militaire des Invalides avant d’épouser le capitaine Jean de Heaulmes, rencontré en Indochine.