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Pays : Russie

Géorgie : de la souveraineté à l’intégrité territoriale

Lu dans Présent :

"[M]ême si le maître du Kremlin promet aujourd’hui un début de retrait des troupes russes de Géorgie, on verra rapidement que l’accord conclu mardi dernier à Moscou sous la houlette du Président français, et qui faisait pourtant la part belle aux Russes, est un leurre et ne sera en réalité jamais pleinement respecté. Car en gommant toute référence explicite à l’« intégrité territoriale » de la Géorgie, cet accord en six points était vicié dès le départ et a simplement donné du temps aux troupes russes pour déployer leurs renforts en Ossétie du Sud et mieux imposer leur loi en Géorgie. Pour mieux comprendre que […] les Russes ne lâcheront jamais la Géorgie, dont ils n’ont jamais vraiment accepté l’indépendance ni reconnu la frontière, on lira avec intérêt le dernier livre de Salomé Zourabichvili, ancienne diplomate française qui – ayant la double nationalité – devint ministre géorgienne des Affaires étrangères de 2004 à 2005 et négocia alors avec Moscou le retrait des troupes russes de Géorgie.

Dans Les Cicatrices des nations […] l’auteur y poursuit une réflexion très pointue et argumentée sur la notion de frontière en Europe qui éclaire d’un jour nouveau ce qui se passe actuellement en Géorgie, que l’Union européenne a toujours voulu garder à sa porte pour ne pas indisposer Moscou. […]

«L’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont jamais fait partie de la Géorgie en tant que pays indépendant… (mais) de l’Union soviétique» «Devraient alors cesser tous les jeux autour des frontières russo-géorgiennes, qui sont en même temps les frontières qui séparent (ou « rattachent ») la Russie et les deux régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud […] Reconnaître cette frontière signifierait enterrer tous les projets séparatistes ou de rattachement, de la façon la plus formelle qui soit. C’est ce pas que la Russie ne franchit pas, reconnaissant d’un côté la souveraineté géorgienne sur l’intégralité de se son territoire, notamment à travers les nombreuses résolutions des Nations unies, mais de l’autre côté évitant de reconnaître cette frontière par un acte juridique bilatéral et donc l’inclusion des territoires séparatistes dans le territoire géorgien. » […]

Comme en témoigne l’aveu du vice-Premier ministre russe (et ancien ministre de la Défense) Sergueï Ivanov […] : « Nous reconnaissons la souveraineté et l’indépendance de la Géorgie (…) mais l’intégrité territoriale c’est une autre affaire. » Car, a-t-il poursuivi, « l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie n’ont jamais fait partie de la Géorgie en tant que pays indépendant. Elles faisaient partie de l’Union soviétique et elles faisaient partie de la République socialiste de Géorgie. » On ne saurait être plus clair."

Michel Janva

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