Les états d’âme de chrétiens allemands sont, on l’a vu, un sujet de prédilection de la couverture des JMJ par la presse. Gérard Leclerc, rédacteur en chef de France catholique, y apporte un peu de profondeur d’analyse dans une tribune du Figaro :
(…) Il faut avoir en mémoire les deux derniers siècles théologiques allemands, dont la richesse d’érudition et de spéculation est indéniable mais dont les dérapages doctrinaux n’en ont pas moins affecté le devenir politique. (…) Tout cela est certes du passé, mais quand surgit la révolte d’un Eugen Drewermann, on est tenté d’interpréter le cas dans le cadre d’une continuité où l’orthodoxie s’est trouvée sans cesse bousculée.
Ce cas Drewermann est typique d’une tendance récurrente de la pensée allemande. La plupart des commentateurs français n’y ont rien compris, croyant avoir affaire à un contestataire de l’ "autoritarisme romain", alors que de théologien il se transformait en mythologue, abandonnant la foi au Dieu transcendant de la Bible au profit du Dieu maternant des résurgences gnostiques. (…)
Le cas Hans Küng est fort différent, bien qu’il s’inscrive authentiquement dans le refus obstiné des orientations romaines. (…)
Les contestataires ont vieilli sans réussir à créer autre chose qu’un climat délétère qui a considérablement affaibli le catholicisme allemand, sans rien comprendre au phénomène historique Jean-Paul II. Ils ont cru dénoncer la réaction alors que c’est l’histoire qui leur passait devant le nez, sans qu’ils voient rien venir. (…)