Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur du Centre Européen pour le Droit et la Justice (ECLJ-Strasbourg) et auteur des Droits de l’homme dénaturé était l’invité d’André Bercoff le 9 janvier sur Sud Radio (podcast)
“Nous baignons dans les droits de l’homme, surtout dans le monde occidental. C’est le langage commun qui réunit tous les pans de la société. C’est aussi notre système de valeurs”.
“En s’appuyant sur les droits de l’homme, on peut voir l’évolution de notre société, de nos valeurs, et de notre compréhension de l’homme. Ainsi, depuis 1948 il y a un changement énorme. Il y a un consensus universel sur les droits fondamentaux. On se dit : les droits de l’homme servent à protéger l’homme de l’arbitraire de l’État. On doit protéger la faculté qu’a chaque personne de s’accomplir en tant qu’être humain : penser, étudier, parler, fonder une famille etc. On parle d’un homme qui est enraciné, qui a une famille, une langue, une religion, une culture, un métier etc. Et ce sont tous ces aspects de sa personnalité qu’on protège”.
“C’est à cette époque-là aussi qu’apparaît l’idée qu’un homme peut saisir un État en justice. C’est la grande nouveauté de 1948 : c’est un “ordre moral international” universel. Pourquoi universel ? Parce que la nature humaine est elle-même universelle. L’universalité des droits de l’homme repose sur l’universalité de la nature humaine“.
“D’un côté dans les pays occidentaux il y a eu la révolution individualiste-libérale, qui fait qu’on a perdu la conscience de la nature humaine. Les gens ne veulent plus être définis par leur nature humaine, mais se définir eux-mêmes. Du coup, les droits de l’homme deviennent d’une certaine manière redéfinis par l’individu”.
“D’un autre côté, notre conception occidentale des droits de l’homme ne s’est pas exportée telle quelle. Une conception musulmane des droits de l’homme s’est développée depuis 1990, année où ils ont adopté la Déclaration des droits de l’homme en islam, qui est un contre-texte. Et à la fin de la déclaration ils stipulent : ‘L’ensemble des droits de l’homme doivent être interprétés conformément à la charia'”.