De Bruno de Seguins Pazzis :
En 1531, il y a donc près de 500 ans, la Vierge Marie est apparue quatre fois au jeune Aztèque Juan Diego. Aujourd’hui encore, Notre-Dame de Guadalupe est la représentation de Marie la plus vénérée au monde. Que s’est-il vraiment passé lors des apparitions ? Peut-on percer le secret de la Tilma, ce tissu qui miraculeusement recueilli l’image de la Vierge Marie.
Avec : Angélica Chong (La Vierge Marie), Mario Alberto Hernadez (Juan Diego), Kayme Lozano (elle-même), Pepe Vazquez, Alejandro Marquez (Servidor), Emilio Linder (), Pedro Rodriguez. Scénario : Andrés Garrigo, Josepmaria Anglès, Javier Ramirez et Josemaria Munoz. Directeur de la photographie : Ruben D. Ortega et Ismael Duran.
« Avec ce film, nous nous sommes fixés des objectifs très élevés : rien de moins que de recréer dans le cœur des gens d’aujourd’hui l’effet merveilleux que les apparitions de la Vierge de Guadalupe ont eu au Mexique en 1531 »…
Ainsi s’exprimait le 15 février 2024 Andrés Garrigo lors de la première mondiale du film dans la basilique de Guadalupe à Mexico en présence du recteur de la basilique et du postulateur de la cause de canonisation de San Juan Diego. Avec ce film, Andrès Garrigo et Pablo Moreno signent le 25ème sur Notre-Dame de Guadalupe (16 courts, moyens ou longs métrages de cinéma et 8 documentaires téléfilms ou mini séries pour la télévision entre 1917 et 2024). Parmi cet ensemble il existe deux longs métrages américains de fiction (The Blood & The Rose en 2013 de Tim Watkins et Lady of Guadalupe en 2020 de Pedro Brenner) qui n’ont malheureusement jamais été distribués en France.
Pour évoquer Notre-Dame de Guadalupe, Andrés Garrigo et Pablo Moreno ont choisi le genre du docu-fiction, un genre cinématographique et télévisuel qui mélange le documentaire et la fiction, reconstituant des faits réels en mêlant des images documentaires, des entretiens et des scènes jouées par des acteurs, un genre qui s’est largement développé depuis une vingtaine d’années. Les cinéastes se concentrent donc ici sur les apparitions de la Vierge de Guadalupe et sur la façon dont la population a embrassé le christianisme sur fond de Mexique préhispanique et d’arrivée des Espagnols. Ils entremêlent des reconstitutions fictives des apparitions basées sur le récit du Mopohua de Nican (un document de 16 pages qui contient le 2 récit en 1556 par Antonio Valeriano des apparitions de la Vierge Marie à Juan Diego, son contemporain), des témoignages récents tout à fait impressionnants sur les miracles opérés par la Vierge de Guadalupe aux Etats-Unis, au Mexique, en Espagne et même en Allemagne, des réflexions de prêtres, des analyses d’historiens et de scientifiques. Autant de scènes qui permettent de montrer au spectateur l’impact de Notre-Dame de Guadalupe jusque très loin de la colline de Tepeyac au Mexique, où les apparitions ont eu lieu.
Le film met plusieurs choses en évidence. Bien entendu en premier lieu le rayonnement mondial de la Vierge de Guadalupe et c’est ce qui marquera tous les publics. Mais le film va plus loin, d’abord en montrant l’histoire dramatique du Mexique préhispanique à l’arrivée des Espagnols, et comment, après les apparitions de Guadalupe, le peuple a abandonné les sacrifices humains sanglants et a embrassé le christianisme. Notre-Dame de Guadalupe devient alors le centre et la cause de la formation de la nation mexicaine. Ensuite le film expose comment dans les siècles qui suivent et surtout, comment à l’époque moderne, les scientifiques ont pu faire apparaître les messages cachés dans la tilma, le tissu miraculeux sur lequel s’est imprimé une image acheiropoïète de la Vierge : les images qui se reflètent dans les yeux de la Vierge, les constellations d’étoiles dessinées sur le manteau, la façon dont le tissu à résister à toutes sortes d’agressions et d’attaques comme une fois lors de l’explosion d’une dynamite à proximité. Toutes ces informations très intéressantes n’empêchent heureusement pas au film de rester totalement inculturé : Le spectateur occidental est frappé par l’expression très extériorisée, naturelle et touchante de la foi des Mexicains comme des sud- américains, les acteurs principaux pour les scènes de fiction sont tous mexicains, Mario Alberto Hernandez dans le rôle de San Juan Diego et Angelica Chong dans le rôle de la Vierge. C’est de surcroît la célèbre actrice mexicaine Karyme Lozano (Dona Maria del Rio dans le chef d’œuvre pour grand public Cristeros de Dean Wright en 2012) qui joue le rôle de la narratrice pour faire le lien entre les scènes de fiction et les scènes documentaires. Sur le plan de la mise en scène et de la photographie, il ne faut pas attendre une expression stylistique particulière. Certains effets sont même très simples. L’ensemble est donc très classique mais très bien réalisé. Pour le public occidental Guadalupe : Mère de Miséricorde est une occasion exceptionnelle de découvrir les différents aspects de l’histoire des apparitions la Vierge Marie à Guadalupe évidement moins connus dans nos contrées, bien que, comme le précise le réalisateur Andrés Guarrigo :
« Il n’y a pas d’autre dévotion qui ait autant de millions de fidèles qui viennent la visiter de loin et de près avec cette ferveur année après année pendant presque cinq siècles.»
Bruno de Seguins Pazzis