Dans L'Homme Nouveau, l'abbé Christian Vénard, aumônier militaire, livre quelques réflexions sur la guerre que la France doit mener contre le terrorisme islamiste. Extrait :
"[…] Dans la guerre, rappelle Glenn Gray, l’ennemi doit être considéré comme abominable et barbare pour être mieux combattu. On sait que certaines théories privent le combattant terroriste de toute dignité à cause des moyens mêmes qu’il a choisi d’utiliser, et autorisent alors toute forme de rétorsion pour l’empêcher de nuire. Saint Thomas semble ne pas dire le contraire :
« Si pour se défendre on exerce une violence plus grande qu’il ne faut, ce sera illicite. Mais si l’on repousse la violence de façon mesurée, ce sera licite » (Somme théologique 2-2, 64, 7 cité par le CEC).
Y a-t-il une violence plus grande que l’attentat terroriste visant des innocents civils ? Saint Thomas va plus loin :
«Et il n’est pas nécessaire au salut que l’on omette cet acte de protection mesurée pour éviter de tuer l’autre, car on est davantage tenu de veiller à sa propre vie qu’à celle d’autrui ».
Comment dès lors concilier la dignité intrinsèque de tout être humain – largement amplifiée par la pensée de saint Jean- Paul II – et la déchéance morale du terroriste ? Le Caté- chisme de l’Église catholique (CEC) précise :
« L’effort fait par l’État pour empêcher la diffusion de comportements qui violent les droits de l’homme et les règles fondamentales du vivre ensemble civil, correspond à une exigence de la protection du bien commun. L’autorité publique légitime a le droit et le devoir d’infliger des peines proportionnelles à la gravité du délit ».
Que pouvons-nous dès lors opposer à la gravité de l’acte terroriste barbare ? Le CEC continue :
« L’enseignement traditionnel de l’Église n’exclut pas, quand l’identité et la responsabilité du coupable sont pleinement vérifiées, le recours à la peine de mort, si celle-ci est le seul moyen praticable pour protéger efficacement de l’injuste agresseur la vie d’êtres humains ».
Si la peine de mort ou une peine équivalente à la souffrance imposée ne sont pas requises contre les terroristes, nous risquons fort d’entretenir l’idée, déjà promue par l’EI, que la vie d’un djihadiste vaut plus que celle d’un civil innocent. Dans le cadre nouveau de ce type de guerre que nous impose l’EI, prêt à tout pour le succès de son idéologie, ne faudrait-il donc pas reprendre notre réflexion sur les peines encourues par les terroristes islamiques ?