Et ceux qui ont honoré le FLN le 19 octobre peuvent se repentir :
"Dans son livre choc, “Un silence d’État” (Soteca-Belin), l’historien Jean-Jacques Jordi dévoile des centaines d’archives interdites d’accès. Cinquante ans après, celles-ci remettent en question la vision à sens unique propagée jusque-là sur la guerre d’Algérie. C’est un historien réputé, plutôt classé à gauche, qui a eu la lourde tâche de “fouiller” les archives inédites de la guerre d’Algérie. […] [C]e sont près de 12 000 documents administratifs classés “très secret”, “secret” et “secret confidentiel” que Jean-Jacques Jordi a pu consulter et photographier. […] Pourtant spécialiste de la question, lui-même le reconnaît : « Jamais, confie-t-il, je n’aurais imaginé découvrir de tels faits. »
[…] « Jusque-là, la thèse officielle était que l’OAS, refusant les accords d’Évian, avait plongé l’Algérie dans la terreur, légitimant la riposte du FLN, rappelle l’auteur. Cela n’est qu’en partie vrai. D’abord parce que le terrorisme FLN a précédé celui de l’OAS, mais aussi parce qu’il a été beaucoup plus meurtrier. Ensuite, sous prétexte de lutte anti-OAS, le FLN et l’ALN (Armée de libération nationale) se sont essentiellement livrés à des exactions dirigées non contre les activistes, mais de manière aveugle contre l’ensemble de la population – l’instauration de ce climat de terreur ayant pour but avoué de précipiter le départ des Français, y compris après le 19 mars (cessez-le-feu) et le 5 juillet (indépendance). »
Documents parfois terribles à l’appui, Jean-Jacques Jordi révèle une “autre” guerre d’Algérie, où les “héros de l’indépendance” – tout du moins une partie d’entre eux – livrent la face obscure de leurs méthodes : enlèvements, viols, tortures, actes de barbarie… Jusqu’à ces « quarante Européens séquestrés » jusqu’à ce que mort s’ensuive pour servir de « donneurs de sang » aux combattants FLN ! Ces faits, démontre l’ouvrage, étaient connus, et même soutenus, par les dirigeants algériens de l’époque. […] Mais les archives secrètes n’épargnent pas non plus les autorités françaises et le rôle des “barbouzes” envoyés sur place : oui, des Français ont torturé d’autres Français ; oui, des listes de militants supposés de l’OAS ont été transmises aux insurgés ; oui, des ordres ont été donnés afin de ne pas intervenir, condamnant à mort des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants… Au-delà de la passivité, une véritable complicité. Comment qualifier autrement l’attitude – révélée par un rapport – de ces gendarmes mobiles rendant à ses bourreaux FLN un ressortissant français « torturé à l’électricité et battu » qui était parvenu à s’enfuir et à se réfugier dans leur cantonnement ?"