L’abbé Christian Vénard a été interrogé sur le site de l’ISSEP :
Vous êtes à la fois prêtre, aumônier et militaire : comment cela se conjugue-t-il concrètement ?
La République française reconnaît par la loi, quatre cultes au sein des armées, afin d’assurer la liberté de culte aux militaires qui le désirent. Dans ce cadre, je suis d’abord un prêtre catholique, engagé par le Ministère des Armées (et donc soldé par lui) pour assurer deux missions majeures confiées par l’Etat Major des Armées : une mission cultuelle (assurer les offices, donner les sacrements, témoigner de la foi catholique) ; une mission humaine qui se décompose en deux temps, être un conseiller du commandement en matière humaine et éthique, et se faire le plus proche possible de tous les militaires. Placé hors hiérarchie (le grade d’aumônier n’a ni supérieur ni subalterne), l’aumônier, homme de foi, essaie d’être un camarade et un interlocuteur pour chaque militaire, du simple soldat jusqu’au général ! […]
Vous qui êtes à la foi homme d’Eglise et militaire, que pensez-vous de la notion de « guerre juste » ?
Dans la mesure où en tant que tel, l’état de guerre est un mal, les théologiens catholiques préfèrent aujourd’hui ne plus utiliser les termes de “guerre juste“. C’est une évolution sémantique me semble-t-il, non de principe. C’est-à-dire que la doctrine perdure, mais on évite ces termes qui, aujourd’hui comme hier, peuvent semer de la confusion, comme si l’Église pouvait en soi, approuver l’état de guerre (qui est, rappelons-le une des conséquences dramatiques du péché originel). Une approche théologique et réaliste, montre que malheureusement, cet état de guerre est permanent dans toute l’histoire humaine (au moins depuis la sédentarisation des populations au néolithique). Ainsi en Occident, très tôt l’Église a cherché à instaurer des règles éthiques dans la guerre pour l’encadrer et si j’ose dire l’humaniser (création de la chevalerie, protection de la veuve et de l’orphelin, instauration des trêves de Dieu, proportionnalité des réponses, interrogation sur les nouvelles armes à feu, etc.). Naissent ainsi le droit dans la guerre (jus in bello) et le droit de la guerre (jus ad bellum). […]