Le Père Cantalamessa, prédicateur de la Maison pontificale, a prononcé vendredi, en présence du pape et de ses plus proches collaborateurs de la curie, la 2e prédication de carême sur le thème de la «parole de Dieu dans la mission de l’Eglise». Il a opposé les «paroles inutiles», qui sont les paroles des hommes ou celles des faux prophètes, aux «paroles efficaces», qui sont celles de Dieu.
"Dans l’Evangile de Matthieu […] est rapportée une parole de Jésus qui a fait trembler les lecteurs de l’Evangile de tous les temps : «Or je vous le dis : de toute parole inutile que les hommes auront proférée, ils rendront compte au Jour du Jugement» […] Le terme original traduit par «inutile» est argòn, qui signifie «sans effet» (a privatif plus ergos, œuvre). […] parole qui ne fonde rien, qui ne produit rien : donc vide, stérile, sans efficacité […]. Il n’est pas difficile de deviner ce que Jésus veut dire, si nous comparons cet adjectif avec celui qui, dans la Bible, caractérise constamment la parole de Dieu : l’adjectif energes, efficace, qui agit, qui est toujours suivi d’un effet (ergos) […]
La parole inutile est la contrefaçon de la parole de Dieu, elle est le parasite de la parole de Dieu. […] Cette parole de Jésus ne juge pas le monde, mais l’Eglise ; le monde ne sera pas jugé sur ses paroles inutiles (toutes ses paroles, au sens décrit ci-dessus, sont des paroles inutiles !), mais il sera jugé […] pour ne pas avoir cru en Jésus (cf. Jn 16, 9). Les hommes qui devront rendre compte de toute parole inutile sont les hommes d’Eglise […]. Les «faux prophètes» ne sont pas seulement ceux qui, de temps en temps, répandent des hérésies ; ce sont aussi ceux qui «falsifient» la parole de Dieu. […] Les faux prophètes sont ceux qui ne présentent pas la parole de Dieu dans sa pureté mais la diluent et la noient dans mille paroles humaines qui sortent de leur cœur. […] les faux prophètes sont ceux qui […] transforment le vin pur de la parole de Dieu en eau qui ne provoque aucune ébriété, en lettre morte, en bavardages inutiles. Au fond, ils ont honte de l’Evangile (cf. Rm 1, 16) […].
Trop de paroles humaines, trop de paroles inutiles, trop de discours, trop de documents. Dans l’ère de la communication de masse, l’Eglise risque elle aussi de s’enfoncer dans la «paille» des paroles inutiles, prononcées pour le simple fait de parler, écrites parce qu’il y a des revues et des journaux à remplir. Nous offrons ainsi au monde un excellent prétexte pour demeurer tranquillement dans son incroyance et dans son péché. S’il écoutait la parole de Dieu authentique, ce ne serait pas aussi facile pour l’incrédule de s’en sortir en disant (comme il le fait souvent après avoir entendu nos prédications) : « Des mots, des mots, des mots ! ». […] Il faut par conséquent avoir le courage, lorsqu’on traite des problèmes doctrinaux et disciplinaires de l’Eglise, de partir plus souvent de la parole de Dieu, spécialement de celle du Nouveau Testament, et de rester ensuite liés à cette parole, engagés par celle-ci".
Boris
Attention à ne pas tomber dans le sola scriptura.
[Lisez l’intégralité du sermon. Le Père C. montre comment éviter également ce travers. MJ]