Henri Charlier (1883-1975) était un peintre et sculpteur français, considéré comme l'un des plus importants artistes chrétiens de l'Entre-deux-guerres. Né dans une famille athée, son père étant même franc-maçon, il se convertit à l'âge de 30 ans, à peu près au même moment que ses contemporains et amis Charles Péguy et Jacques Maritain. A partir de ce moment-là, il axera son art dans un but strictement catholique. Aussi, son œuvre sculpturale est essentiellement religieuse.
Dans sa maison du Mesnil-Saint-Loup, située dans le département de l'Aube, il forme et accueille de nombreux autres artistes, dans un style qui vise à débarrasser l'art chrétien du style sulpicien. Ses œuvres sont présentes dans nombre d'églises, surtout celles construites après la Première Guerre mondiale. Il a notamment réalisé le gisant de Dom Guéranger, à Solesmes. Il réalisa en 1920 une statue de sainte Ménehould érigée dans la capitale de l'Argonne. De 1956 à 1976, il tenait la chronique liturgique de la revue Itinéraires de Jean Madiran, sous le pseudonyme de Minimus.
A propos de sa conversion, il écrivit ceci :
"A 18 ans, avec l'outrecuidance de cet âge, je voyais comme le but de ma vie de réformer l'art et la pensée dans le sens de l'esprit français, parce que je l'estimais plus universel, cela surtout contre la philosophie et la musique allemandes. 10 ans plus tard, je m'apercevais que ce qu'il y a d'universel dans l'esprit français était catholique, et que la première chose à réformer c'était moi-même."
Les éditions Terra Mare viennent de publier une biographie agrémentée de nombreuses photos de ses oeuvres. Paul Claudel fait du Maître de Mesnil-Saint-Loup cet éloge qui va droit à l’essentiel:
"Henri Charlier est un grand tailleur d’images, un de ces artistes suivant le coeur de Dieu dont il est parlé dans les livres Sapientiaux."
Dans L’art et la pensée, Henri Charlier écrivitv :
"L’oeuvre qui sort de nos mains doit aller à la gloire de Dieu, où le bien et le beau se trouvent confondus en une unité suressentielle. (…) La rectification de la vue du monde chez l’artiste chrétien n’est pas une castration, mais une ouverture, une expansion de l’âme où s’unissent le beau et le bien, naturels et surnaturels, dans la contemplation de Dieu. (…) La vie de l’homme n’a pas deux fins, chacun de ses actes, directement ou indirectement, a la même, et c’est Dieu. Autrement, l’art devient une fin pour l’artiste, devient une idole."
Rédigée par Dom Henri, moine de l'abbaye bénédictine Ste Madeleine du Barroux, cette première biographie montre comment Henri Charlier fut le continuateur des grands devanciers que furent Puvis de Chavannes, Cézanne, Van Gogh, Gauguin, ainsi que Rodin dont il fut un collaborateur apprécié.