De Jean-Claude Bésida dans Famille chrétienne :
"[…] Sait-on ainsi que les quelques dizaines de milliers de chaldéens qui, aujourd’hui, survivent dans le nord de l’Irak sont les héritiers non seulement de l’Église la plus ancienne du monde, mais aussi d’une des plus impressionnantes chrétientés médiévales ? Alors que Charlemagne régnait sur l’Occident, le patriarche de Séleucie-Ctésiphon (près de Bagdad) Mar Timothée Ier était le chef d’une Église florissante et prospère qui allait de la Méditerranée au Gange. Elle comptait des douzaines d’évêchés et des monastères sans nombre. En 780, il saluait le dynamisme de la mission aux confins de l’Himalaya, avec « l’onction d’un métropolite pour les Turcs » et disait sa « joie de la consécration prochaine d’un autre pour les Tibétains ».
Il est difficile aujourd’hui de prendre toute la mesure de ce que représentaient ces familles d’Orient pour l’Église universelle. Selon l’historien britannique Philip Jenkins, elles regroupaient encore au XIe siècle, un tiers des chrétiens du monde entier les deux autres tiers étant représentés par les chrétientés africaines (anéanties à l’exception des Coptes et des Éthiopiens) et européennes (qui connurent une expansion missionnaire mondiale après le Moyen Âge). L’Église « a les promesses de la vie éternelle », mais l’Histoire montre que des Églises locales peuvent très bien être détruites.
En quelques siècles de domination islamique, elles furent laminées. Nombre de centres chrétiens connurent le sort d’Édesse en actuelle Turquie, prise en 1140 et dont les quarante-sept mille habitants furent passés au fil de l’épée ou réduits en esclavage, au point que le patriarche Michel le Syrien (1126-1199) en dit : « elle est aujourd’hui devenue un repaire de chacals, où personne n’entre, sauf les pilleurs de trésors ». Hier Édesse, aujourd’hui Mossoul. […]"