S’il y a un sujet de satisfaction en France, c’est l’existence de maisons d’éditions indépendantes et courageuses. Parmi celles-ci, les Editions de l’Artilleur/Toucan qui mettent à disposition des livres iconoclastes qui donnent à penser.
Parmi les derniers titres parus, on a déjà beaucoup parlé d’un livre collectif Histoire de l’islamisation française 1979-2019. Il faut lire ce livre. Il est le recueil factuel et documenté des avancées sourdes et régulières de la charia dans notre pays. Il est organisé en petites monographies (qui seront parfois bien utiles comme références pour faire le point sur un sujet précis), chacune occupant un chapitre et traitant d’un sujet organisé autour d’une date emblématique pour le thème traité. Chacune a pour titre une des citations les plus emblématiques. Exemple du chapitre pour l’année 1985 : le titre en est « Moi, je les trouve charmantes ces petites, avec leur foulard ». C’est le début des incidents associés aux voiles portés par des élèves musulmanes à l’école et l’occasion d’en traiter les différentes étapes (y compris l’affaire de Creilen 1989). La citation est de celui qui était alors Président de la République…
Les auteurs ont choisi de ne pas citer systématiquement l’origine des citations, mais on devine qu’ils les ont soigneusement documentées. On regrettera que les chapitres rédigés pour les années les plus récentes –et au regard d’une actualité devenant malheureusement plus chargée- semblent avoir été écrits de façon un peu précipitée.
Aucune introduction, aucune conclusion : le lecteur est entièrement libre de ses réflexions. C’est donc le moment de ramasser quelques remarques.
L’islamisation se traduit par des reculs de la pratique juridique de la France, de sa civilité, de sa civilisation sur de multiples aspects. C’est ce qui ressort de la façon la plus oppressante de la lecture du livre : l’assaut est multiforme, les accommodements ou adaptations à la charia incessants, les renoncements multiples.
1) Tout d’abord, on est étonné par un Etat qui accepte de « dialoguer » avec des autorités musulmanes pour discuter des conditions d’application du culte dans la République ! Comme si on avait demandé en 1807 leur avis aux juifs français ; ou en 1905, à l’Eglise catholique. Dans ce dialogue, les reculs de l’Etat sont fréquents, comme en 1999, lors de négociations ( !) entre Jean-Pierre Chevènement et les représentants de sensibilités musulmanes pour l’établissement d’un texte sur les Principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman en France. Le « droit de toute personne à changer de religion ou de conviction », incorporé dans le texte ministériel initial, est finalement retiré. L’interdiction de l’apostasie par l’islam est donc sauvegardée.
2) Le statut de la femme est bien souvent attaqué :
- L’excision trouve ses défenseurs: Tobie Nathan, professeur de psychologie clinique et pathologique à Paris VIII (revue Science et Nature, 1995) explique : « Nombre de petites filles africaines qui vivent en France et ne sont pas excisées présentent de graves troubles. Or seul le rituel de l’excision permet de les soigner et de les reconstruire… Sans ce rituel, une femme est incomplète, elle est en errance ». Personnalité marginale ? Non puisque c’est à ce professeur que le ministère de l’intérieur, en 2015, commande un rapport sur les jeunes islamistes radicalisés. Sans étonnement alors, on lit dans ce rapport : « la radicalité résulte de la difficulté grandissante de nos sociétés à intégrer la différence ».
- La polygamie: en 1980, un préfet qui s’opposait à la venue d’une deuxième épouse d’un diplomate béninois est désavoué par le Conseil d’Etat au titre du « droit à mener une vie familiale normale ». En 2004, l’imam de la grande mosquée de Lyon pour défendre un autre imam lyonnais Abdelkader Bouziane que le préfet du Rhône veut expulser en raison de son incitation à battre les femmes au nom du Coran, explique : « Quant à sa polygamie, ceux qui la dénoncent aujourd’hui font preuve d’une belle hypocrisie : tout le monde la connaît depuis des années. Il n’a pas fait seize enfants du jour au lendemain ».
- Le port du voile,avec l’affaire de Creil, déjà évoquée. Mais aussi la publication en 2014 par le Conseil français du culte musulman d’une Convention citoyenne des musulmans de France pour le vivre-ensemble(qui n’est, assez étrangement, plus accessible sur le site de la mosquée de Paris mais que l’on peut trouver sur le site du gouvernement français ! Il y est rappelé que « Le voile est une prescription qui recommande au Prophète de « dire à ses femmes, à ses filles et aux femmes des croyants » (Coran 33-59), de l’arborer pour la réserve qu’il leur impose ».
- Le statut de la femme est aussi affecté dans plusieurs autres domaines. Les mariages forcés ont conduit le législateur français à relever l’âge légal du mariage pour les filles à 18 ans en 2006 ; par ailleurs, des annulations de mariage ont été prononcées par la justice française au titre de la non-virginité de la femme, considérée comme une « erreur sur les qualités essentielles de la personne», admise par le droit français. Il y a enfin l’aveuglement sur la violence à l’égard des femmes : en 2005, à Neuilly sur Marne, Sohane Benziane est arrosée d’essence et brulée vive par un jeune pakistanais dont elle a repoussé les avances. La Ligue des droits de l’homme produit un communiqué typique : « l’horreur qu’inspirent de tels actes donne la mesure de la violence et de l’archaïsme des rapports de sexe dans lesquels vit encore la société française ». Rien de musulman donc dans cette histoire, mais une bonne vieille violence patriarcale de la société française ! Et d’ailleurs, l’imam de Bordeaux Tareq Oubrou, « figure de l’islam » interrogée par Libération, a expliqué benoîtement : « La dominance masculine est un invariant transculturel, dû à une différence irréductible, le fameux chromosome Y… Le prix de la dot à payer est le sacrifice de tous ces gamètes mâles dans les voies génitales femelles ». Ah, tous ces gamètes mâles transculturels le 31 décembre 2015 à Cologne !
3) La liberté d’expression est clairement soumise à la stratégie de l’intimidation, conduisant à l’autocensure. Tout d’abord par les menaces pour blasphème : menaces contre Véronique Sanson à propos de sa chanson Allah, dont le disque est retiré des ventes ; l’avis de Jacques Berque, un temps titulaire de la chaire d’histoire sociale de l’islam contemporain au Collège de France et conseiller de Chevènement à propos de l’affaire Rushdie et de la fatwa condamnant ce dernier émise par Khomeiny, en 1994 : « Rushdie doit-il être considéré comme un héros de la libre pensée, voire comme un emblème de l’intelligentsia ? Non, à moins que le critère de la dignité de l’esprit ne consiste à insulter grossièrement le prophète de l’une des trois fois monothéistes ». Claude Lévi-Strauss est lui lucide : « Nous sommes contaminés par l’intolérance islamique ».
C’est plus que largement vérifié lors de la publication des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo : procès, menaces, incendie criminel puis massacre de la rédaction en janvier 2015. Mais aussi lors de la parution d’une tribune de Robert Redeker dans le Figaroen 2006 consacrée aux rapports entre l’islam et la violence à propos du discours de Ratisbonne du Pape Benoit XVI : Témoignage chrétien qualifie le texte d’injure islamophobe digne de l’extrême-droite. Et Olivier Roy, « islamologue » qui ne parlerait pas l’arabe, d’après le livre, à Libérationen septembre 2006 : « Certains jouent délibérément à chatouiller la fatwa… Il ne faut pas ensuite s’étonner des réactions que ces provocations peuvent déchaîner ». Rappelez-vous ce conseil d’ami : il ne faut pas chatouiller la fatwa…
4) L’acceptation des prénoms étrangers par la loi du 8 janvier 1993 ayant remplacé la loi du 1eravril 1803 qui imposait de choisir les prénoms parmi « les noms en usage dans les différentes calendriers et ceux des personnages connus de l’histoire ancienne », une circulaire de 1966 ayant rappelé que les calendriers doivent être de langue françaiseet que l’histoire ancienne a un sens précis, limité à la Bible et à l’Antiquité gréco-romaine. Les prénoms sont désormais librement choisis par le père et la mère. Réflexion de Martin Hirsch : « La vraie intégration, c’est quand les catholiques appelleront leur enfant Mohamed ».
5) Le regroupement familial et l’endogamie : les conditions du regroupement familial sont facilitées par un décret du 29 avril 1976 soutenu par le Conseil d’Etat qui intronise un « droit pour les immigrés à une vie familiale normale », et encore élargies par la gauche après 1981. Provoquant un développement des unions endogamiques, les musulmanes ne pouvant épouser un non-musulman selon la charia : la démographe Michèle Tribalat a établi que, vers 2010, 91% des musulmanes de 18 à 50 ans nées en France ou venues en France avant l’âge de 16 ans se mariaient avec un musulman.
6) L’antisémitisme culturel musulman (mis en évidence en particulier à l’occasion de l’emblématique procès de Georges Bensoussan ; et bien sûr le rappel de l’assassinat des enfants juifs par M.Merah) mais souvent minoré, voire escamoté. Il ne faudrait pas stigmatiser…
7) La réécriture de l’histoire, en particulier à propos de l’esclavage : c’est en 2001 qu’est promulguée une première loi Taubiraà propos d’une reconnaissancetronquée de la traite négrière et de l’esclavage. En particulier, l’esclavage par les arabo-musulmans n’y est pas évoqué. C.Taubira explique en 2005 : « Qu’on permette notamment aux jeunes d’échapper à des catégories qui les enferment : se sentir arabes et porter sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits que les arabes ont pu faire ».
8) Les ELCO (enseignement de langue et de culture d’origine) ont été créés au début des années 1970 pour ne pas couper de leur culture des enfants d’immigrés supposés retourner bientôt dans le pays de leurs parents.Les enfants ne repartent pas mais les ELCO perdurent. Plusieurs heures hebdomadaires dans certaines écoles, en particulier pour l’enseignement de l’arabe et du turc, sous-traitées aux pays d’origine qui envoient des enseignants dont beaucoup ne parlent pas français et enseignent l’arabe à travers le Coran. Quand les heures d’ELCO ne préemptent pas le temps devant être consacré aux enseignements généraux.
9) La halalisation : celle des services bancaires par le développement d’une finance islamique (cette finance bienfaisante et philanthropique, qui ne comporte pas d’intérêts, pas d’éléments spéculatifs et n’investit que dans des actifs réels, concrets et licites…) qui figure en 2009 dans le bulletin officiel des impôts (avec des instructions fiscales) après la publication en décembre 2008 d’un rapport de Paris Europlace en décembre 2008 sur « Enjeux et opportunités du développement de la finance islamique pour la place de Paris ». Finance islamique qui boycotte Israël. Halalisation bien connue avec les dérogations à la loi commune en matière d’abattage animal et le refus d’appliquer un projet de l’Union européenne concernant l’information par étiquettage des conditions d’abattage des animaux : « ce serait une stigmatisation des musulmans » ; mais aussi l’exclusion croissante du porc dans les menus(comme celle des sandwichs au jambon, saucisson et autres rillettes dans les buvettes des enceintes sportives concédées à des associations de musulmans).
10) La croissance de la pression sociale psycho-religieuse évoquée par le Haut conseil à l’intégration dans son rapport de novembre 2000 : « dans le collège Edgar Quinet, dans le centre-ville de Marseille, les élèves qui sont tous musulmans, suivent dans leur quasi-totalité le ramadan et si un enfant mange dans un coin, le principal adjoint rapport qu’il se trouve toujours un camarade pour lui faire le signe de l’égorgement ».
11) Enfin (si l’on peut dire), l’officialisation de l’acceptation de la non-intégration : le Haut Conseil à l’intégration dans son premier rapport en 1991 confirme que « sa mission consiste non pas à améliorer l’intégration des nouvelles populations mais, face au refus d’une grande partie d’entre elles, à changer les règles de l’intégration : l’objectif est désormais de passer de l’intégration par l’assimilation à l’intégration par le multiculturalisme ». On est ainsi passé de l’assimilation à l’intégration ; puis de l’intégration à la rencontre interculturelle et au plaidoyer pour la diversité. Mais alors, pourquoi, en 1998,Libération loue-t-elle Zinedine Zidane comme « l’icône de l’intégration » ?
Mais, au-delà des aveuglements collectifs qui donnent d’autant plus de prix aux dissidents, qui sont les lâches ou les aveuglés individuels relevés dans le livre ?
- Libération, avec une belle constance. A commencer par Serge July en 1974 à propos du retour de l’ayatollah Khomeiny : « La joie a fait son entrée à Téhéran». En 1980 : « La décolonisation des esprits et du savoir devrait permettre aux populations occidentales d’accepter et même d’encourager le droit légitime des Autres (sic !) à rester ce qu’ils veulent être » ; en 1985 « Peut-on crier ‘Halte aux imams’ comme on a crié ‘Halte aux curés’ ? Il est évident que l’on ne peut pas appliquer à une religion minoritaire pratiquée majoritairement par une population dont l’intégration dans la société française n’est pas encore acquise les catégories appliquées au culte dominant ».
- Jack Lang, bien sûr, toujours friand des tenues vestimentaires (surtout gratuites), en 1995 à propos du voile islamique : « Je trouve ces foulards très seyants. Ils mettent en lumière les beaux visages de ces jeunes filles».
- BHL toujours hypnotisé par la formule, plus que par le fond « Le djihadisme est la dernière perle noire lâchée par l’huître du nazisme».
- La hiérarchie de l’Education nationale, si souvent disponible quand il s’agit de ne pas soutenir les professeurs qui souhaitent appliquer la civilité française.
- Des prélats de l’Eglise catholique (pusillanimité ? Perte de foi ?) ensablée dans un dialogue inter-religieux insensé au sens propre du terme.
- Des éditeurs de manuels scolaires, toujours prompts à imprimer le politiquement correct, en particulier pour les programmes d’histoire touchant à l’islam.
- Des « intellectuels» et leurs publications : l’historien Marc Ferro,maître d’œuvre d’un Livre noir du colonialisme. XVI-XXIème siècle : de l’extermination à la repentance, expliquant qu’une des particularités du crime français a été d’imposer la laïcité à un islam qui refuse la séparation du sacré et du politique, et occultant soigneusement bien sûr la traite musulmane ; ou bien l’historien Patrick Boucheron, maître d’œuvre d’une Histoire mondiale de la Francepour « mobiliser une conception pluraliste de l’histoire contre l’étrécissement identitaire qui domine aujourd’hui le débat public ». Son propos démarre en 34000 av. Jésus-Christ et la grotte Chauvet avec la constatation des « prémices d’une humanité métisse et migrante ». Tout est dit. Et aussi le sociologue Jean-Louis Touraine expliquant en 2005 : « Il faut que dans tous les secteurs de la vie nationale soit remis en question l’idéal que les Français se sont créés pour eux-mêmes ».
- SOS-Racisme, bien sûr, s’appliquant à voir du racisme dans toutes les expressions de la peur inspirée par l’islam. Et créant dans les esprits l’association systématique entre arabe et musulman, alors même qu’Abel Chennouf, soldat français assassiné par Merah à Montauban et qualifié donc de musulmanpar François Hollande lors du dîner au Crif en 2014, était catholique !
- Le longtemps indéboulonnable Henri Tincq, chroniqueur religieux dans le Monde: « L’Occident aurait-il oublié que l’islam est aussi une source de sa modernité ? »
- Des universitaires dans leur rage contre Sylvain Gouguenheim lors de la parution de son livre Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l’Europe chrétienne, qui remet en question la vulgate concernant l’apport des musulmans dans la civilisation occidentale. On retrouve dans le lynchage médiatique de l’auteur la même contradiction que, récemment, à l’encontre de Philippe de Villiers pour son livre sur les fondateurs de l’Union européenne : à la fois « c’est bien connu» et « c’est de la désinformation ».
- L’actuel président de la République en 2017 à Abou Dhabi lors de l’inauguration du Louvre : « Ceux qui veulent faire croire où que ce soit dans le monde que l’islam se construit en détruisant les autres monothéismes sont des menteurs et vous trahissent » ; et l’un de ses prédécesseurs, Jacques Chirac, ayant inventé en 2003 « des racines musulmanes» à la France.
Et les auteurs constatent, au final, un renoncement général à un savoir établi, unsavoir antérieurélaboré en particulier par les contacts nombreux de Français avec le monde oriental, l’occultation des écrits qui dérangent.
Ignoré maintenant Tocqueville (loué unanimement par ailleurs pour sa perspicacité concernant l’analyse de la démocratie américaine et la vision d’une future maladie de l’égalitarisme en France) qui disait avoir beaucoup étudié le Coran :
« Je vous avoue que je suis sorti de cette étude avec la conviction qu’il y avait eu dans le monde, à tout prendre, peu de religions aussi funestes aux hommes que celle de Mahomet. Elle est, à mon avis, la principale cause de la décadence aujourd’hui si visible du monde musulman ».
Disparu de la circulation le livre d’Ernest Renan L’islamisme et la science, dans lequel Renan indique
« ce pli inculqué par la foi musulmane st si fort que toutes les différences de race et de nationalité disparaissent par le fait de la conversion à l’islam ».
Eludé, Claude Lévi-Strauss quand il écrit sur l’islam dans Tristes Tropiques sur l’islam :
« Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme inconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables : car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui ».
Oublié, l’avertissement de Jacques Ellul, théologien protestant et auteur de Islam et judéo-christianisme :
« Il suffit de constater que, partout où l’islam s’est installé, les Eglises si vivantes, si fortes d’Afrique du Nord et d’Asie Mineure ont simplement disparu. Et que toutes les cultures originelles différentes que Rome et les Germains avaient respectées ont été anéanties, dans tous les lieux conquis par les Arabes ».
Le livre relève aussi quelques résistances. De temps en temps la justice française (G.Bensoussan relaxé, y compris en appel ; ou M.Houellebec également relaxé après avoir été attaqué pour avoir dit « La religion la plus con, c’est quand même l’islam. Quand on lit le Coran, on est effondré ») ; Jean-François Copé à l’origine de la proposition de loi en 2010 interdisant la dissimulation du visage de l’espace public ; le Conseil constitutionnel qui a confirmé en 1999 que la référence à une « vie familiale normale » devait être celle du pays d’accueil et que d’autres mœurs ne doivent pas être reconnues aux étrangers, pour faire face à la polygamie. Certains intellectuels dont Claude Lévi-Straussfréquemment cité ; certains fonctionnaires courageux, affrontant le réel, comme l’inspecteur général de l’Education nationale Jean-Pierre Obin, auteur du rapport sur Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaire en 2004.
Le livre propose également quelques éclairages rares et intéressants :
- Sur la réalité des mariages dits « mixtes » et loués en particulier par François Héran, longtemps directeur de l’Ined, qui n’a cessé de déclarer que « la moitié des enfants d’immigrés sont issus d’un couple mixte». Il s’appuie sur la définition officielle du mariage mixte : union entre un Français et une étrangère (ou l’inverse). Or en réalité, la majorité des Français en question dans ces mariages mixtes sont des immigrés étant allés chercher leur conjoint dans le pays de leur famille pour se marier en France ou là-bas avant de faire venir leur conjoint après transcription du mariage. Le mariage est donc beaucoup plus « musulman » que « métissé ». Mais on est habitué aux à-peu-près de F.Héran.
- Sur le rôle de la France dans la protection accordée, après–guerre au grand mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini,allié des nazis pendant la guerre, identifié et recherché à ce titre par l’armée américaine et les autorités britanniques. Ce sont les troupes françaises qui l’arrêtent le 5 mai 1945 à Constance et lui permettent ensuite de regagner Le Caire de façon clandestine.
- Sur une vue originale expliquant pour partie l’antagonisme entre l’OAS et le Général de Gaulle : la première , à travers G.Bidault et J.Soustelle, voulant faire de tous les Algériens des français à part entière ; le second ayant considéré comme un potentiel danger mortel pour la nation française l’impossibilité culturelle de réussir l’intégration et qui dit en 1962 : « on se rendra peut-être compte que le plus grand de tous les services que j’ai pu rendre au pays, ce fut de détacher l’Algérie de la France».
- Sur la retransmission du match de football France-Algérieau Stade de France en 2001.
- Sur l’inauguration en 1999 près de Poitiers, à Vouneuil-sur-Vienne sur le site présumé de la fameuse bataille, d’un musée en plein air 732 La Bataille. Y est mise en exergue cette citation idyllique du théologien et poète médiéval musulman d’Al-Andalus Ibn Arabi : « Je crois en la religion de l’amour, où que se dirigent ses caravanes. Car l’amour est ma religion et ma foi ». Il y est aussi rappelé que l’islam est une doctrine, « basée sur la bonté morale, la sincérité, la générosité et la tolérance, qui aboutit à une réforme sociale profonde en canalisant la violence et en réglant les rapports humains» (sic !).
Enfin, il y a ce symbole à propos de musées : le livre rappelle l’histoire du Musée nationale des arts et traditions populaires (MNATP) ouvert en 1972 à Paris. Claude Lévi-Strauss en disait en 1992 : « Il est bon qu’il y ait des musées nationaux centrés sur l’histoire du pays lui-même et pas sur celle du monde ». Mais c’était avant les années Mitterrand et la vogue grandissante du multiculturalisme. Ce musée est alors l’objet d’un désintérêt des instances culturelles officielles, qui préfèrent proposer les conditions d’une réflexion permanente sur le métissage culturel, sur l’acculturation, sur les multiples intérêts de la rencontre des cultures.
Un décret de 2005 transforme finalement le MNATP en musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM). Le MNATP est fermé en 2005. On notera qu’est ouverte en 2007 la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Le MuCEM, lui, est inauguré en 2013 : les expositions temporaires doivent y mettre en scène un sujet d’actualité évoquant « les nouvelles violences, les cultures urbaines, les formes interculturelles, interethniques, la place des différentes immigrations ». Les collections du MNATP ont été mises en caisse et stockées au MuCEM. Peu de chances qu’elles réapparaissent jamais : pensez-donc, elles étaient « nationales » et « populaires ».
Le 25 avril 2019, nouveau chapitre que ce livre intègrera peut-être dans une prochaine édition augmentée, le propos liminaire d’Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse à l’issue du grand débat national.
Le Président de la République a parlé de « sécession » :
« quand on parle de laïcité, on ne parle pas vraiment de laïcité. On parle du communautarisme qui s’est installé dans certains quartiers de la République. On parle d’une sécession qui fait parfois sournoisement installée parce que la République avait déserté ou n’avait pas tenu ses promesses. On parle de gens qui au nom d’une religion poursuivent un projet politique, celui d’un islam politique qui veut faire sécession avec notre république. Et là-dessus, j’ai demandé au gouvernement d’être intraitable. Nous avons commencé à le faire avec une politique ambitieuse de reconquête républicaine dans plusieurs quartiers. Je souhaite que nous allions plus loin en renforçant le contrôle sur les financements venant de l’étranger en étant beaucoup plus dure à l’égard de toutes les formes de cet islamisme politique, de ce communautarisme, de cette sécession au sein de notre République parce que c’est une menace sur la capacité à tenir la nation ensemble ».
Parle-t-il des causes de cette sécession (à part l’allusion à l’islam politique) ? Explique-t-il les renoncements, les défaillances, les reculs ? Non, bien sûr.
Il indique avoir beaucoup appris : « J’ai beaucoup appris et cette fierté que j’évoquais m’a convaincu d’une chose : nous sommes avant toute chose les enfants des Lumières ». Pas sûr que ça aide, d’autant plus que le livre a rappelé cette citation de Mohammed Arkoun, quand même professeur d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne, en 1989 :
« La philosophie des Lumières a permis des progrès réels, notamment dans l’affirmation des droits de l’homme, mais dans un cadre culturel aujourd’hui dépassé ».
Pas sûr non plus qu’aide beaucoup un autre morceau de bravoure :
« Nous pourrons reconstruire ensemble très profondément ce que j’appellerais l’art d’être Français qui est une manière très particulière d’être ce que nous sommes. L’art d’être Français c’est à la fois être enraciné et universel, être attaché à notre histoire, nos racines mais embrasser l’avenir, c’est cette capacité à débattre de tout en permanence et c’est, très profondément, décider de ne pas nous adapter au monde qui nous échappe, de ne pas céder à la loi du plus fort mais bien de porter un projet de résistance, d’ambition pour aujourd’hui et pour demain ».
Pas sûr encore que l’annonce d’un débat sur la politique migratoire au Parlement puisse être considérée comme forte et audacieuse pour rétablir le respect de nos frontières et la maîtrise de l’immigration (on se rappelle pourtant la martiale déclaration du porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye le 7 avril : « rien ne sera comme avant» à l’issue du grand débat).
Quant à la conclusion d’E.Macron, elle devient franchement inquiétante : « Voilà, au fond, ce qu’il nous faut faire c’est rebâtir un patriotisme inclusif ». On se rappelle in petto le rapport Tuot « La Grande Nation : pour une société inclusive », avec cette « société inclusive fière de ces visages contemporains magnifiant une culture vivante et dynamique… Il ne s’agira jamais d’interdire aux étrangers d’être eux-mêmes mais de les aider à être eux-mêmes dans notre société ».
Inclusif, ça fait aussi écho avec l’information récemment fournie par la Football Association en Angleterre : dorénavant, les équipes victorieuses de la FA Cup recevront un champagne non alcoolisé : “Cela a pour but de s’assurer que nous sommes aussi inclusifs que possible pour les joueurs et les communautés auxquels il peut être interdit de consommer de l’alcool, ainsi que pour tous les joueurs âgés de moins de 18 ans.». Il faut ajouter que, depuis 2015, Emirates est le sponsor officiel de la Coupe d’Angleterre officiellement dénommée The Emirates FA Cup.
Comme le faisait remarquer Mathieu Bock-Côté dans une chronique Ce que veut dire “patriotisme inclusif” :
« Pour peu qu’on traduise ce vocabulaire propre à la novlangue diversitaire, on retrouve tout simplement l’idéologie multiculturaliste. Certes, les théoriciens les plus subtils du multiculturalisme le disent désormais compatible avec la nation, mais c’est à condition de vider cette dernière de toute substance, au point de la rendre fantomatique, comme si chaque pays devenait indifférent à sa réalité identitaire ».
Et il rappelle l’exemple du Canada, à l’avant-garde de l’inclusion. A l’automne 2015, Justin Trudeau avait expliqué, dans un entretien au New York Times, que le Canada était un pays sans noyau identitaire propre. Mais inclusif. Depuis 2015, ce Canada, inclusif, valorise le niqab à la manière d’un symbole d’ouverture à l’autre. Et la Commission canadienne des droits de la personne a mis à la une de son dernier rapport annuel une fillette voilée.
Alors, notre patriotisme doit-il être inclusif avec ce conducteur de la RATP qui refuse de laisser une jeune femme monter dans son bus au prétexte que la longueur de sa jupe lui déplaît ? Notre patriotisme doit-il être inclusif avec ce chauffeur de bus de Clermont-Ferrand qui refusait de serrer la main de contrôleuses, ce qui lui avait valu un licenciement pour faute grave, mais une indemnisation (inclusive ?) par le tribunal des Prud’hommes au motif qu’il n’y avait rien de religieux dans son attitude, à mettre, selon lui, sur le compte d’un « blocage lié à sa culture, à son éducation: le contact physique avec les femmes le mettant mal à l’aise » ?
Le livre sur l’histoire de l’islamisation française se termine par cette citation, en 2011, de Marwan Muhammad, responsable du Collectif contre l’islamophobie en France (celui qui veut rendre pénalisable en France la peur de l’islam) : « Qui a le droit de dire que dans trente ou quarante ans la France ne sera pas un pays musulman ? Personne dans ce pays n’a le droit de nous nier le droit d’espérer dans une société globale fidèle à l’islam ». Après tout, Lionel Jospin, quand il était ministre de l’Education nationale, n’a-t-il pas dit : « Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse que la France s’islamise ? »
Le patriotisme inclusif, nouvel oxymore du Président de la République semble bien plutôt annoncer d’autres chapitres de l’islamisation française.
F. JACQUEL
Et quand il a répondu à un journaliste au sujet de Benalla, JUPITER a explicitement reconnu qu’il l’avait recruté en application de ses valeurs profondes. D’ailleurs, on a pu constater ses préférences ethniques et sociologiques lors de la fête de la musique ou d’un déplacement dans les Antilles…
Il faut donc s’inquiéter du résultat des européennes : si, par malheur, l’oiseau et ses colistiers arrivent en tête, cela donnerait un blanc-seing à JUPITER pour poursuivre ses délires immigratoires au détriment des Gaulois réfractaires, mais conformes au Pacte de Marrakech et aux prescriptions des mondialistes de tout poil, tous les Soros et autres…
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