C'est l'avis de l'historien Jacques de Saint-Victor dans le Figarovox/tribune, qui compare le déballage élyséen de Valérie Trierweiler à la cour de Louis XV. Quelques extraits :
"[…] cette littérature douteuse n'est nullement une première dans notre histoire politique. Elle nous ramène à des temps plus anciens, ceux de l'Ancien Régime, où une certaine littérature de cour prospérait en évoquant les secrets d'alcôve. Ces «nouvelles à la main» et autres pamphlets encore plus intimes, voire pornographiques, circulaient sous le manteau et étaient le plus souvent écrits ou alimentés par des courtisans, y compris la famille royale elle-même. C'est en ce sens que ces «nouvelles à la main» ont quelques traits communs avec le livre de Mme Trierweiler. Mais elles allaient souvent beaucoup plus loin parce qu'elles multipliaient les révélations les plus scabreuses sur la vie sexuelle du souverain.
[…] La chronique scandaleuse est un genre contestataire propre à la Cour, qui se transforme en objet politique par le biais d'un récit biographique parfois très intime. La seule question intéressante est celle de savoir quelles furent les conséquences politiques de telles révélations. Les historiens de la Révolution ont souvent tendance à penser que ces nouvelles et autres pamphlets contribuèrent à dégrader profondément l'image de la monarchie, facilitant ainsi le phénomène révolutionnaire en délégitimant la figure royale.
[…] Toutefois, on peut quand même dire que personne ne sort totalement indemne de ces confidences blessantes. S'il est évident que Marie-Antoinette n'a jamais prononcé le dire célèbre, «s'ils n'ont pas de pain qu'ils mangent de la brioche» (le propos, d'abord rapporté en France par Rousseau, fut attribué, dans une nouvelle à la main, la Correspondance secrète de 1788, à la duchesse du Maine), il n'en demeure pas moins que ces calomnies frappent les esprits. Il est fort probable que l'anecdote sur les «sans-dents» aura le même effet délétère, même si les révélations de notre moderne République ne sont pas encore, heureusement, au niveau de bassesse de nos anciennes pratiques curiales. Mais elles s'en rapprochent de plus en plus dangereusement. Avec la «peopolisation», c'est un signe de plus de la décrépitude de nos mœurs politiques actuelles."