Réaction de Jean Pierre Maugendre après l’assassinat du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame :
"Le sacrifice héroïque du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, le 22 mars près de Carcassonne (11), rappelle à une France assoupie ce que peut être l’honneur d’un soldat. Après avoir remplacé une otage, l’officier de gendarmerie a été assassiné par le terroriste islamiste franco-marocain Radouane Lakdim.
Des vertus militaires à cultiver
Les vertus militaires existent ainsi, encore chez quelques-uns, engagés aujourd’hui dans les opérations Barkhane ou Sentinelle. Le gouvernement trouve normal de pouvoir les mobiliser à tout instant, au doigt et à l’œil : ce sont pourtant ces vertus que ce même gouvernement, en raison de ses propres principes, laisse décourager et déshonorer partout dans la société libérale et permissive. L’obéissance sans murmure ni hésitation ! Le sacrifice sans examen préalable, sans large débat public ni contestation et décision collégiale ! Les vertus militaires ne sont pas cultivées parce qu’elles sont un obstacle évident au développement du grand marché mondial qui repose sur le déracinement des peuples et leur réduction au simple statut de consommateurs fébriles.
Il faut néanmoins, comme toutes les autres vertus, pour qu’elles perdurent que les vertus militaires soient cultivées, qu’elles soient exercées avec patience et énergie, qu’elles soient encouragées et honorées. Il faut, mais l’État ne s’occupe nulle part de le faire au niveau décisif : au niveau « culturel », celui qui forme les intelligences, les consciences, les sensibilités. L’État ne le fait, sauf exceptions rarissimes, ni dans ses écoles ni dans ses universités ni dans ses discours à la nation. Qu’il survive en France des vertus militaires toujours prêtes au service de la communauté par le sacrifice de la vie cela résulte de l’initiative de plus en plus marginalisée de quelques familles, de quelques écoles, de l’âme hardie de quelques farouches garçons en qui brûlent sourdement la flamme de la piété nationale et la soif de servir.
Ces soldats sont dans une vocation dont on ne parle plus avec honneur ou même avec amitié. Emmanuel Macron a traité, naguère, le chef d’État-Major des Armées Pierre de Villiers, comme on ne traite pas un valet indélicat, l’humiliant en public. Ni à l’école ni à la télévision ni dans les discours officiels ne sont exaltés ni même mentionnés les mots clés de la vocation militaire : Honneur, Patrie, Valeur, Discipline, Fidélité, Loyauté, Sacrifice, Service, Respect des Anciens, etc.
Un discours officiel décalé
Les discours officiels relèvent d’autres paradigmes entre matérialisme revendiqué et assumé : « Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires » (Emmanuel Macron, 7/01/2015), mépris de notre histoire nationale et prurit de repentance «La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie » (Emmanuel Macron à Alger, 13/02/2017), moulins à prière des appels à la lutte contre les discriminations, les inégalités, le sexisme, le racisme, la transphobie, le nationalisme, la grossophobie, etc. Ce mépris de la fonction militaire et des valeurs que porte cet état est particulièrement bien manifesté dans le fait qu’à ce jour aucun militaire n’est plus député, ministre ou membre de l’Académie française. Quel signe !
N’en doutons pas Emmanuel Macron sera brillant, comme à son habitude, lors des obsèques nationales qui s’annoncent. Il trouvera les mots qu’il faut pour exalter des valeurs qui sont à la fois nécessaires à la survie de toute société et néanmoins aux antipodes des vents dominants du politiquement correct qui l’ont porté au pouvoir. N’est-il pas frappant qu’en l’espace de quelques heures l’actualité ait vu se succéder des événements si divers. D’abord les défilés de fonctionnaires et de cheminots grévistes en lutte pour la défense de leurs « droits », ensuite une campagne médiatique menée contre le lycée militaire de Saint-Cyr-l’École initialisée par Libération et l’AFP, complétée par uneattaque du Journal Du Dimanche contre l’ESM de Saint-Cyr-Coëtquidan et, enfin, le sacrifice du colonel Beltrame ? Tous ces comportements procèdent, bien évidemment, de cultures très différentes voire antagonistes. Ironie du sort ou clin d’œil de la Providence, le lieutenant-colonel Beltrame était ancien élève à la fois de Saint-Cyr-l’École et de Coëtquidan. La double peine en quelque sorte !
Notons enfin, circonstance aggravante pour la vulgate médiatique, que la récente conversion au christianisme du lieutenant-colonel Beltrame dans une abbaye de chanoines réguliers de Saint-Augustin attachés à la règle et à la liturgie traditionnelles, manifeste clairement qu’il existe une affinité ontologique entre les valeurs militaires et celles du christianisme. Les valeurs de don, de maîtrise et d’oubli de soi, de sacrifice sont au cœur du métier militaire comme de la vie chrétienne. Il semble que ce sont ces convergences qu’a découvertes le colonel Beltrame, se préparant à son prochain mariage religieux, digne héritier d’Ernest Psichari (1883-1914, l’auteur du Voyage du centurion), venu à l’Église par l’amour de la France.
L’alliance de notre épée avec la croix
Les vertus militaires ne sont pas les seules qui soient nécessaires à la vie d’une nation. Mais elles sont au premier rang des vertus indispensables. La réforme intellectuelle et morale dont la France a besoin consiste à redonner dans la société, à l’esprit de sacrifice, la place qu’il occupe forcément dans la vie militaire, où il est plus visible, plus éclatant, ce qui a une valeur d’exemple. En quoi, ce qui nous reste d’armée, et tout particulièrement le témoignage du colonel Beltrame, nous donnent une grande leçon morale. Que proposer aujourd’hui à la jeunesse française, sinon d’abord l’austérité, la discipline, l’héroïsme militaire ?
Le rôle des pouvoirs culturels est précisément de cultiver les vertus intellectuelles et morales. Les pouvoirs culturels de la République macronienne cultivent les vices de la société permissive. Ils cultivent l’esprit de revendication à la place de l’honneur de servir au péril de sa vie. Les vertus religieuses sont aussi marginalisées, aussi disqualifiées que les vertus militaires. Ce sera, pourtant, encore une fois, l’alliance des unes et des autres qui pourra un jour restaurer le visage de la France, son âme et son honneur."
"Ce samedi de la mort héroïque du Lieutenant-Colonel Arnaud Beltram, j’ai écouté plusieurs bulletins d’information à la radio et regardé aussi maintes fois les chaînes « d’information en continu ». À la longue, j’étais indigné d’entendre sans cesse évoquer par les responsables politiques un sacrifice « pour la République », « pour la démocratie ». Enfin, ont été retransmises les sobres et fortes paroles du commandant de l’école militaire inter-armes de Saint-Cyr Coëtquidan, camarade de promotion d’Arnaud Beltrame. Il a rappelé qu’Arnaud était « mort pour la France » dans l’accomplissement de son idéal de soldat. La République et la démocratie sont des systèmes politiques que l’on peut certes aimer défendre, hélas trop souvent aujourd’hui idéologisés, récupérés, confisqués.
La France n’est pas un système, elle ne se ramène pas à une constitution. Elle est la multiséculaire réalité charnelle pour laquelle ont été consentis tant de sacrifices et vers laquelle doit aller la piété filiale de tous. Elle est fréquemment humiliée, blessée, défigurée, diminuée, mais d’âge en âge, elle est réanimée par les sacrifices de héros comme Arnaud Beltrame.
La mort offerte de quelques-uns redonne vie à la patrie pour tous. La mort du lieutenant-colonel Beltrame a été d’autant plus admirable qu’elle n’a pas été la conséquence de la stricte exécution d’un ordre impératif. La mission constante des gendarmes, le plus souvent soldats de la paix intérieure de notre pays, est d’empêcher des crimes, de sauver des vies, souvent au péril de la leur. Elle n’implique pas l’impératif d’un choix personnel ultime d’échanger leur vie pour essayer, sans certitude, d’en sauver d’autres. Pareille héroïcité n’est pas exigée par le règlement.
Arnaud Beltrame a fait seul, en conscience, le choix d’accomplir son devoir au plus haut du risque et du probable sacrifice, pour essayer, sans certitude, mais coûte que coûte, d’en sauver d’autres. Il en a sauvé d’autres mais au prix de la sienne. Il a su pour cela pressentir les ressorts idéologiques et psychologiques du terroriste fanatique. Avec lui, ce dernier tenait la victime la plus emblématique de sa soif de haine. Le lieutenant-colonel Beltrame est mort après son acte héroïque et sacrificiel à l’hôpital de Carcassonne, après avoir reçu l’ultime sacrement de sa religion catholique : la veille du dimanche des Rameaux, premier jour de la Semaine Sainte, celle du sacrifice du Christ pour le salut des hommes. Il avait il y a peu revivifié la foi de son enfance auprès des chanoines de la Mère de Dieu de la proche abbaye de Lagrasse."
Une cérémonie publique en hommage au gendarme Arnaud Beltrame aura lieu mercredi aux Invalides en présence d'Emmanuel Macron. Selon l'Elysée, qui a dévoilé l'information ce lundi, cet hommage débutera à 11h30. Elle se déroulera en présence de la famille du militaire et des familles des victimes.
Aristote
J’apprécie beaucoup Jean-Pierre Maugendre. Toutefois il faut arrêter de dire et répéter, comme le fait ici Jean-Pierre Maugendre que “Emmanuel Macron sera brillant, comme à son habitude, lors des obsèques nationales qui s’annoncent. Il trouvera les mots qu’il faut.” Il faut en effet savoir que ce n’est pas Emmanuel Macron qui rédige ses discours, comme d’ailleurs tous les Présidents de la République. Emmanuel Macron n’est donc pas le si brillant esprit qu’on présente en permanence de façon complaisante dans la presse : je m’étonne que Jean-Pierre Maugendre, esprit pourtant rebelle, aille lui aussi dans ce sens complaisant.
resistant
Pour ma part, je suis prête à mourir pour mon pays, la France. Par contre, jamais pour la république française ! ni pour notre simulacre de démocratie.