Intéressante conférence donnée hier à l’Ecole militaire par l’ancien ministre des affaires étrangères Hubert Védrine. Plutôt que de s’attacher aux idées et idéologies (la démocratie, le libéralisme, le droit de l’hommisme…), l’ancien ministre se veut factuel pour aborder la géopolitique actuelle, entre le retour de Donald Trump et l’annonce d’une guerre économique via les droits de douane, le retour d’une Amérique d’une XIXe, la marge de manoeuvre de Poutine que nous avons fait dépendre de la Chine, l’attitude que la France devrait avoir en Afrique, etc. Il rappelle opportunément que le multilatéralisme comme la « communauté internationale » n’existent pas : chaque État défend ses intérêts, ce que ne semble pas avoir compris les États de l’Union européenne. Que vont-ils faire si les Etats-Unis suppriment le parapluie qu’est l’OTAN ?
La conférence commence vers la 12e mn :
Horace
Il est évident et claire que l’Europe s’est comportée en petit chien des USA. Comme toujours, nous nous perdons en bavardages vains sur des considérations idéologiques anciens, incapable d’évoluer sauf dans des dérives aberrantes…. wokisme, transgenres etc. etc. La liste est longue.
AFumey
Une proposition de résumé de la conférence.
Noter les biais du conférencier, sensiblement moins ‘réaliste’, et davantage ‘idéologue’ qu’il le pense, notamment sur son adhésion aux thèses catastrophistes sur le ‘climat’, son aveuglement sur la démographie dont il n’intègre absolument pas les conséquences, son ‘globalisme’ (maçonnisme?) bien qu’il s’en défende. En cette matière la ‘sincérité’ n’est pas un critère pertinent. La conférence reste passionnante en dehors de ces remarques.
Le point essentiel est l’arrivée de Trump au pouvoir. Il voit un conflit potentiel, ou au moins des problèmes critiques en 2025 ou 2026 au plus tard. Il pointe une opposition entre le réalisme et l’idéologie. Il est critique et assez méprisant contre les organes européens en particulier. Il rappelle que les Américains ne sont pas des alliés mais des protecteurs. Les Européens ne sont pas gaullistes mais otaniens, soumis aux US, et ‘bizounours’, utopistes. Trump, c’est le retour de l’Amérique du XIX-ème, pragmatique, notamment dans les visées expantionnistes. [Son discours est ici clairement anti-Trump]. L’immigration illégale va sombrer mais au profit de la légale, pour des personnes choisies, comme le Danemark ou l’Italie. Au niveau européen c’est la survie de l’Euro qui est en jeu. Mais sur le plan commercial les européens sont divisés. Au Proche-Orient la guerre à Gaza a changé les choses : les Etats arabes se fichaient des palestiniens mais leurs opinions publiques ne leur permettront plus. Ukraine : même Kissinger et Brzezinsky voulaient une Ukraine neutre, et un accord incluant la Russie. La ligne Biden était plus agressive sans vouloir la guerre avec la Russie, ce qui déplaisait à certains. Trump va arrêter la guerre, Zelinsky a déjà commencé à s’y préparer. Mais la ‘garantie’ reposera sur les armées européennes : France, Pologne, Allemagne, Angleterre… Avec les problèmes de division absolument pas réglées : les Européens ont tout fait pour éviter de les aborder. La seule solution qu’il envisage est la prise en mains par les militaires. Les ‘livres blancs’ sont très intelligents mais pas pertinents. En Afrique, la France n’a pas à rougir : les Belges, les Portugais, les Anglais sont partis en laissant le chaos, alors que la France est restée à la demande d’Houphouet Bagny. Il n’y a plus de ‘Françafrique’ depuis longtemps bien que son action soit plutôt honorable, elle a agit à la demande des pays. L’avenir de la France ne dépend pas de sa présence dans quelques pays qui ont simplement besoin d’un bouc émissaire. Du côté russe, il préconise un équilibre des forces : ni détente ni paranoïa. Il préconise le réarmement – pour être crédible – mais aussi les discussions avec la Russie car le problème des Américains c’est la Chine.