De Guillaume de Thieulloy dans Les 4 Vérités :
Officiellement, la France vit sous un régime gouverné par la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, dont l’article 14 affirme : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi, et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. »
Il y aurait beaucoup à dire sur cette déclaration de 1789 et la mythologie qui l’entoure (et le moins que je puisse en dire est que je suis plutôt « réservé » sur cette charte de la France moderne), mais il est certain, du moins, que la Révolution a prospéré sur l’idée que l’impôt d’Ancien Régime était lourd et arbitraire.
Or, une rapide comparaison de notre situation à celle de 1788 suffit à montrer que l’impôt n’est pas moins arbitraire aujourd’hui qu’il n’était alors – et qu’il est beaucoup plus lourd.
Par conséquent, nous approchons à grands pas d’une période de turbulences où la légitimité de l’impôt risque fort d’être remise en cause.
Il est déjà assez étrange que la grève de l’impôt et la grève des agents publics ne soient pas sur le même plan. En effet, pour fonctionner, un État a besoin de deux choses : l’argent des contribuables et des fonctionnaires.
Or, non seulement la grève de l’impôt est interdite, mais même l’appel à la grève de l’impôt, quand la grève est autorisée dans la fonction publique – y compris régalienne (à l’exception des militaires).
Bénéficiant de droits particuliers (notamment l’emploi à vie), les fonctionnaires sont, au sens étymologique du mot, des privilégiés (ils ont une loi privée). Mais, de même que les privilèges de la noblesse sont devenus incompréhensibles à la fin du XVIIIe siècle car les droits ne correspondaient plus aux devoirs, les privilèges d’aujourd’hui deviennent progressivement insupportables.
Plus l’impôt s’alourdit et devient illisible, plus l’énorme masse de la fonction publique grossit, moins les citoyens peuvent croire qu’ils « consentent » à l’impôt.
Et, comme pour l’Ancien Régime finissant, tout le monde connaît le mal et ses remèdes, mais plus personne n’a le courage (ni peut-être même les moyens) d’appliquer ces derniers.
Il est tout à fait possible que l’État soit réellement devenu irréformable. En tout cas, comme jadis avec les cris d’orfraie des parlements devant toute tentative de réforme et le mépris de la noblesse de cour pour les revendications légitimes en faveur des plus nécessaires de ces réformes, nous observons les syndicats et l’extrême gauche hurler devant la moindre tentative de diminuer la dépense publique et les oligarques nous assènent leur idéologie visant à nous priver de toute propriété.
Il ne faudra pas s’étonner si tout cela finit une nouvelle fois en sanglante révolution.
Décidément, les leçons de l’histoire ne servent à rien et, du gouvernement des juges au refus des privilégiés d’écouter le peuple, Marianne V se prépare des lendemains aussi difficiles que Louis XVI !