Extraits du discours du pape François à l’Institut Jean-Paul II sur le mariage et la famille, jeudi 27 octobre :
"[…] Dans la conjoncture actuelle, les liens conjugaux et familiaux sont mis à l’épreuve de bien des manières. L’affirmation de soi d’une culture qui exalte un individualisme narcissique, une conception de la liberté débarrassée de la responsabilité à l’égard de l’autre, la croissance de l’indifférence envers le bien commun, l’imposition d’idéologies qui agressent directement le projet familial, tout comme la croissance de la pauvreté qui menace l’avenir de tant de familles, sont autant de raisons de crises pour la famille contemporaine. Il y a aussi les questions ouvertes du développement des nouvelles technologies qui rendent possibles des pratiques parfois en conflit avec la véritable dignité de la vie humaine. La complexité de ces nouveaux horizons recommande un lien plus étroit entre l’Institut Jean-Paul II et l’Académie pontificale pour la vie. Je vous exhorte à fréquenter courageusement ces implications nouvelles et délicates avec toute la rigueur nécessaire, sans tomber « dans la tentation de les vernir, de les parfumer, de les ajuster un peu et de les domestiquer » (Lettre au Grand Chancelier de l’Université pontificale catholique argentine, 3 mars 2015).
L’incertitude et la confusion qui touchent les attaches fondamentales de la personne et de la vie déstabilisent tous les liens, familiaux et sociaux, faisant prévaloir toujours plus le « je » sur le « nous », l’individu sur la société. C’est un effet qui contredit le dessein de Dieu, qui a confié le monde et l’histoire à l’alliance de l’homme et de la femme (Gn 1,28-31). Cette alliance, par sa nature même, implique coopération et respect, dévouement généreux et responsabilité partagée, capacité de reconnaître la différence comme une richesse et une promesse, non comme un motif d’attrait et de domination. […]
La famille est le sein irremplaçable de l’initiation à l’alliance de l’homme et de la femme dans la création. Ce lien, soutenu par la grâce de Dieu créateur et sauveur, est destiné à se réaliser dans les nombreuses formes de leur rapport, qui se reflètent dans les différents liens communautaires et sociaux. La profonde corrélation entre les figures familiales et les formes sociales de cette alliance, dans la religion et dans l’éthique, dans le travail, dans l’économie et dans la politique, dans le soin de la vie et dans le rapport entre les générations, est désormais une évidence mondiale. En effet, quand les choses vont bien entre l’homme et la femme, le monde et l’histoire aussi vont bien. Dans le cas contraire, le monde devient inhospitalier et l’histoire s’arrête.
[…] Il est nécessaire de s’appliquer avec un plus grand enthousiasme au rachat – je dirais presque à la réhabilitation – de cette extraordinaire « invention » de la création divine. Ce rachat doit être pris au sérieux, dans le sens doctrinal comme dans le sens pratique, pastoral et du témoignage. Les dynamiques du rapport entre Dieu, l’homme et la femme, et leurs enfants, sont la clé en or pour comprendre le monde et l’histoire, avec tout ce qu’ils contiennent. Et enfin, pour comprendre quelque chose de profond qui se trouve dans l’amour même de Dieu. Réussissons-nous à penser comme cela « en grand » ? Sommes-nous convaincus de la puissance de vie que porte ce projet de Dieu dans l’amour du monde ? Savons-nous arracher les nouvelles générations à la résignation et les reconquérir à l’audace de ce projet ? […]"