Thibaut Dary, consultant en communication, journaliste spécialisé dans la bande dessinée pour le Figaro Magazine, estime qu'il est légitime de pouvoir critiquer le choix des ouvrages dans les bibliothèques :
"Alors que des livres pour enfants sont mis en cause par des usagers de bibliothèques municipales, alors que Jean-François Copé s'insurge contre la nudité pour tous comme outil pédagogique, le Syndicat National de l'Edition (SNE) vient de voler au secours de la littérature de jeunesse, sur les accents rassurants du «circulez, y'a rien à voir». Jugez plutôt. «Inventive, riche, ouverte au monde et aux autres», la littérature de jeunesse ose aborder «tous les thèmes» et poser «toutes les questions», écrit Hélène Wadowski, Présidente du groupe Jeunesse du SNE. Les auteurs? Pleins de «talent» et de «fantaisie». […]
Si la menace d'un monde sans livres à la Fahrenheit 451 s'avançait en France, ou encore celle d'autodafés publics que Najat Vallaud-Belkacem joue à redouter, il serait juste de s'alarmer. Mais rien de cela n'est raisonnablement à l'heure du jour. A l'inverse, on est ébahi, en tant qu'éducateur de ses enfants et critique littéraire, devant le tableau idyllique que dresse un tel plaidoyer pro domo, et face aux angles morts qu'il tolère.
Des parents, des familles, de leur rôle dans la construction de soi auprès de chaque jeune – y compris à travers la lecture – nulle trace dans la déclaration du SNE: on les cherche en vain. On saura pourtant très bien les trouver quand il s'agira de faire appel à leur porte-monnaie. Mais la validité de leurs préférences et de leurs choix d'adultes pour leurs enfants mineurs, voire simplement celle de leurs questions et inquiétudes, pas un mot pour y donner droit!
Et quant à embrasser avec enthousiasme et confiance aveugle tout ce qui s'écrit et se publie, de qui se moque-t-on? Voilà peut-être un rêve fou d'éditeurs, relayé par le SNE: achetez nos livres, et ne vous posez pas de questions. Mais nous, journalistes, sommes justement payés pour constater et faire savoir au public qu'il y a des titres à lire et d'autres à fuir. Car il faut voir ce qu'on nous met sous les yeux! Pour une œuvre qui mérite un article, combien d'autres dont nous épargnons l'épreuve aux lecteurs?
Croit-on sincèrement que tout ce qui est publié mérite l'attention? Il est alors temps de dessiller son regard: les idées creuses, la faiblesse d'inspiration, l'indigence culturelle, les clichés narratifs, la paresse intellectuelle, le travail bâclé, la laideur et la vulgarité, font partie des rencontres possibles et fréquentes dans les pages de la littérature de jeunesse, et notamment, j'en ai l'expérience et je m'en attriste, dans la bande dessinée. Si le talent existe, combien de fois est-il mal piloté! Combien d'abus de confiance vis-à-vis du lecteur pour lui fourguer de la camelote? Parce que le public n'a pas de temps et d'argent à perdre avec la médiocrité, il est salutaire de l'aider à faire ses choix.
Quelle ironie, enfin, de prétendre que «les livres ne doivent pas devenir un instrument de manœuvre politique!» Comme si, par un étonnant prodige, auteurs et éditeurs, tout en produisant des œuvres de l'esprit qui racontent et interprètent le monde, étaient les seules professions où n'existe ni opinion politique, ni préférence idéologique, ni représentation de l'homme. Comme si tout récit n'était pas habité au fond par une théorie. Le militantisme? Une rumeur, on vous dit. […]
La diversité éditoriale: voilà un argument qui aurait été recevable dans ce débat. Mais non! Le groupe Jeunesse du SNE, tellement certain de représenter une profession exemplaire, n'a pas pensé qu'on pût le discuter. Réjouissez-vous: il reste des journalistes pour qui sans liberté de blâmer – y compris des livres d'enfants – il n'est pas d'éloge flatteur.
Stephe
Sur ce sujet du militantisme de gôôôche imposé à tous il n’y a pas que les bibliothèques, allez donc jeter un œil sur les informations données dans les “Centres d’Informations pour la Jeunesse” vous serez sidéré par le tri qui y est fait, vous ne risquez pas d’y rencontrer du non politiquement correct et les listes d’associations conviées à se faire connaître sont soigneusement expurgées. Avec cet Etat nos jeunes sont bien gardés, encadrés et …manipulés! mais qui vous parle de censure ! ce sont des choix de professionnels vous répondra t’on ! Circulez il n’y a rien à voir !
Florian 78
Le souci est que, s’il existe d’excellents éditeurs qui publient de bons livres, le SNE est très orienté à gauche. Une gauche très bourgeoise au demeurant – une visite au Salon du Livre suffit pour le constater -, très “boboïsante”.
Myriam
Que les parents les grand parents qui aiment leurs enfants
Défendent LEUR droit et leur devoir d’éduquer leurs enfants….
La Lobotisation de la société française nous n’en voulons pas
Que tous les parents se mobilisent…. Si ils aiment leurs enfants….
blh
Dans la bibliothèque d’un collège, il y avait les exemplaires de Sexus, Plexus et Nexus, de Henri Miller. J’ai été le seul à poser des questions sur l’opportunité de ses livres.
Aucune réponse.
DUPORT
Quel culot il faut pour venir dire “qu’il ne faut pas bannir des ouvrages des bibliothèques” alors que depuis des décennies ils en bannissent par milliers !!!
Claire
Merci pour ces bons arguments qui viennent étayer ce que beaucoup ressentent sans forcément parvenir à le formuler.