Dominicain, docteur en théologie et histoire des religions, professeur à l’Université de Lorraine, chargé d’enseignement en philosophie politique à l’ICP, le père Bernard Bourdin a accordé un entretien au Salon beige.
Vous organisez coup sur coup deux colloques (l’un les 27 et 28 mai à l’université Paris-Descartes, l’autre, le 29 au Saulchoir) sur les questions théologico-politiques. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces deux colloques?
Le thème de ce colloque porte sur “L’Eglise parmi les nations” et réunira de nombreux spécialistes américains et français. Le coeur de la question théologico-politique mettra donc en évidence le particulier (les nations) et l’universel (L’Eglise).
Les questions théologico-politiques semblent fort intéresser les intellectuels français. Comment l’expliquez-vous? Et pourquoi êtes-vous de l’avis inverse?
Il me semble qu’une clef majeure de ce regain d’intérêt est lié à la crise de civilisation que traverse l’Europe. L’organisation de ce colloque à la veille des élections européennes à pour cette raison une grande signification symbolique. Quelle Europe voulons nous est au fond la question que nous devons nous poser: Est-ce une Europe fédérale ou une Europe des nations influencée par son histoire ou une Europe post-historique coupée de son héritage, chrétien en particulier?
Peut-on dire qu’il y ait “une” pensée politique chrétienne?
Il y a en fait plusieurs pensées politiques chrétiennes depuis le long Moyen-Âge! Mais toutes sont référées à l’idée que le christianisme est une religion de l’Incarnation et qu’il ne saurait être pour ce motif un humanitarisme. Si le christianisme a été un marqueur pour les nations, il est le plus à même de relancer une véritable dynamique européenne de la culture et de la civilisation sans laquelle il n’y a pas d’universel vivant!
Aujourd’hui le théologico-politique est marqué par l’arrivée importante de l’Islam en Europe. Qu’est-ce que cela change?
Combattre l’islam n’est pas une bonne stratégie. En revanche, les Etats européens ne peuvent accueillir sans discernement les populations d’origine musulmane. Il convient donc de fixer des règles strictes si les Européens ne veulent pas renoncer à leur civilisation et aux principes et valeurs qui ont orientés l’Europe depuis plusieurs siècles. Les citoyens de l’Europe ne sauraient donc se réduire pour cette raison à n’être que des titulaires de droits. Un récit national (et des nations européennes) doit donc être retrouvé.
Pierre Manent a admirablement lié la nation comme forme politique et l’Eglise comme nouvel “communitas”, remplaçant l’empire de Rome. La construction européenne remet-elle en cause cette vision des choses et peut-on imaginer une politique, menée par des citoyens formés par le christianisme, hors du cadre national?
Je pense que c’est tout à fait nécessaire. Mais il faut d’abord que les chrétiens redécouvrent tout l’enjeu du cadre national. De là, ils pourront développer un sentiment d’appartenance européen, qui, une fois encore, doit être lié à une communauté d’esprit afin de devenir un espace politique commun de coopération entre nations européennes.
sivolc
Je suis d’accord avec ce que vous dites Eclaireur. Pour moi ces dominicains qui troquent la soutane blanche pour le complet veston portent une part de responsabilité dans le déclin du catholicisme et la montée de l’islam avec leurs imams barbus en robe longue. Le dialogue avec les musulmans c’est de les convertir.