Même la réformette des retraites est oubliée, comme le soulignent Les 4 vérités :
Que restera-t-il des deux quinquennats d’Emmanuel Macron? Pas grand chose de bon, en tout cas. Pour sauver la tête du Premier ministre (ou plutôt pour gagner quelques semaines car, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on voit mal comment Sébastien Lecornu échapperait au sort de ses prédécesseurs), la Macronie a en effet accepté d’enterrer l’une des seules réformes dont elle pouvait se prévaloir, celle des retraites.
Cette réforme était déjà une réformette: elle ne remettait nullement en cause le système soviétoïde qu’est devenue la retraite par répartition; elle avait renoncé à toute introduction de liberté (il ne serait pourtant pas difficile de demander à l’INSEE quelle est l’espérance de vie des mineurs de fond et d’en déduire à quel âge ces derniers peuvent partir à la retraite, ajoutant un bonus s’ils partent plus tard et un malus s’ils partent plus tôt); elle avait même renoncé à reporter l’âge légal de départ à 65 ans. Eh bien, même cette réformette vient d’être enterrée.
Pardon « suspendue », mais personne n’est dupe: aucun gouvernement ne reviendra sur cette suspension avant 2027. Et non seulement, elle a été enterrée mais c’est assez largement au bloc central qu’elle le doit. Cette suspension a en effet été adoptée par 255 voix contre 146 – alors même que la gauche radicale, communiste et LFI, votait contre! Dans le détail, les seuls à s’être opposés à cet enterrement pour des raisons de rigueur budgétaire sont les groupes Horizons et LR. Il existait certes de bonnes raisons de s’opposer à cette loi (puisque la plupart des personnes concernées sont au chômage ou en pré-retraite et que l’on voit mal ce que peut apporter à l’économie du pays le fait d’avoir des chômeurs partant en retraite un an plus tard!), mais soutenir son abrogation est tout à fait autre chose: ce nouveau vote du RN avec la gauche ne risque pas d’élargir la base électorale du parti à la flamme.
Plus extravagant encore, Mme Borne, qui était à Matignon lors de l’adoption de cette réforme des retraites, s’est dite favorable à sa suspension. Non seulement nos politiciens n’ont ni imagination ni courage, mais, en outre, ils sont incapables de cohérence. Ou, plus exactement, le seul principe qui guide avec une certaine constance leur action politique concerne leur propre maintien dans les confortables prébendes qu’ils se sont attribuées. Comment voulez-vous que le peuple ait le moindre respect pour ces gens qui disent tout et le contraire de tout ? Même leur parole est dévaluée. Cela ne peut pas bien finir…
