Selon Gaël Brustier, interrogé dans le Figarovox :
"[…] Les années antérieures se sont soldées par un recul spectaculaire du PS et de l'ensemble de la gauche à toutes les élections intermédiaires. Nous avons assisté à une évidente dénationalisation du Parti Socialiste, qui a désormais disparu de pans entiers du territoire. […]
Fabien Escalona, comme d'autres spécialistes de la social-démocratie européenne, le soulignent depuis plusieurs années: cette famille politique est entrée en crise. Elle a semblé longtemps lente mais constante. Elle semble désormais s'accélérer. Cela dépasse le cas Hollande même si celui-ci a joué un rôle dans l'accélération française d'une crise plus globale. Il n'est pas impossible que le PS disparaisse. Il y a une différence fondamentale entre le PS et la SFIO de 1969: l'idéologie. Non que la SFIO fut rigoureuse dans la pratique. Du moins l'était-elle dans les textes: elle s'attachait à être «orientée à gauche». Il était possible de discuter sérieusement entre contestataires et direction, sur la base de textes âprement discutés… Depuis de très longues années, de fait, le PS comme intellectuel collectif n'existe plus. Il y a des textes intelligents qui y circulent. Il s'y trouve des gens qui pensent, Henri Weber ou Alain Bergougnioux évidemment dominant de haut des débats qui, le plus souvent de débouchent sur rien. Il n'y a pas, en revanche, de parti au sens où on l'entendait autrefois. C'est un parti qui ne se pense plus comme un intellectuel collectif ou qui transmet. En outre, l'affectio societatis tend à y fondre comme neige au soleil… Je laisse les lecteurs du Figaro Vox partir à la découverte ou à la relecture de La Société des Socialistes de Frédéric Sawicki et Rémi Lefebvre et de leurs plus récents écrits pour bien saisir où en est le «parti d'Epinay». De plus la seule innovation idéologique au sein du PS, le vallisme est en rupture nette et revendiquée avec la tradition du mouvement socialiste et du mouvement ouvrier. La candidature Valls vise à substituer un projet politique – le sien – à celui qui fut celui du Parti Socialiste. C'est une sorte de blairisme peu encombré de théorie, cuirassé de coercition étatique et paré des atours du plus complet verbalisme républicain. Le renoncement de François Hollande est au confluent de la crise de la social-démocratie et de la crise de régime. Rétrospectivement, il était inévitable. […]"