Dans L’Homme Nouveau, Eric Picard retrace l’histoire de la politique familiale en France, depuis 1945. Extrait :
[…] De 1950 à 1974, la branche famille de la Sécurité sociale est largement abondée par les cotisations patronales, même si celles-ci baissent au profit des cotisations maladie et vieillesse. Les prestations décrochent par rapport aux salaires et aux revenus. Les dépenses familles qui représentent 4 % du PIB en 1954 n’en représentent plus que 1,7 en 1977.
De 1974 à 2013, les prestations familiales sont une variable d’ajustement face aux crises. Elles deviennent de plus en plus sociales (mises sous conditions de ressources). Les cotisations employeurs baissent de moitié, remplacées par la CSG (sur les salaires et les retraites) depuis 1991. Les larges excédents de la branche famille auraient pu servir à financer une ambitieuse politique familiale, car le taux de fécondité passe en dessous de 2,1 en 1974 : le renouvellement de générations n’est plus assuré. Mais les excédents sont transférés sous forme d’avances aux branches maladie et vieillesse, puis ces avances sont annulées en 1994. Car d’autres choix politiques ont été faits sous les septennats de Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand : la remise en question de la famille traditionnelle et la solution migratoire (droit au regroupement familial pour les immigrés).
Depuis 2013, il est question de rupture historique. Les ressources de la branche famille diminuent de 23 %. Le quotient familial baisse de 33 % en 2013. Les allocations familiales sont liées aux ressources en 2015 et deviennent dérisoires pour beaucoup de familles. L’accent mis sur l’accueil de la petite enfance avant 3 ans (36 % des dépenses de la Caf en 2022) n’empêche pas qu’il manque en 2024 200 000 places d’accueil, individuelles ou collectives. Mais la scolarisation obligatoire à partir de 3 ans (2019) pallie cela.
Ainsi, malgré des ressources disponibles importantes, depuis 1974 il n’y a plus de véritable politique familiale, d’encouragement moral et matériel en faveur des familles. Celle-ci est désormais remplacée par une politique sociale, à l’efficacité douteuse. La baisse du taux de fécondité continue.