Mgr Athanasius Schneider a été interrogé par Jean-Marie Guénois dans Le Figaro, suite à la visite du pape François au Kazakhstan :
Les catholiques du Kazakhstan forment un « petit troupeau » au milieu d’une majorité musulmane et d’une présence considérable de chrétiens russo-orthodoxes. Nous voyons le pape non comme un leader politique, mais selon une vision surnaturelle, comme le successeur de saint Pierre, le vicaire du Christ sur terre et le chef visible de l’Église. Sa visite nous apporte la présence de l’Église universelle et révèle davantage la catholicité de notre foi. La présence du chef visible de l’Église catholique peut amener les non-catholiques à réfléchir plus profondément et à commencer à rechercher la véritable Église de Dieu.
La venue du pape a-t-elle marqué les esprits dans le pays, ou a-t-elle suscité de l’indifférence ?
L’opinion publique au Kazakhstan est encore marquée par une révérence envers tout ce qui est sacré et tout ce qui est lié à la religion. Tout le monde sait que le pape est le chef de l’Église catholique et que le ministère du pape est considéré comme l’une des plus hautes autorités morales du monde. À l’occasion de cette visite, nous avons été invités à expliquer les principaux éléments de la foi catholique et la messe en particulier. Celle-ci a été perçue comme un grand événement, auquel tous étaient invités.
Les catholiques forment une minorité de minorité au Kazakhstan. Est-ce une faiblesse ou un avantage dans un ancien pays communiste à majorité musulmane ?
Être une infime minorité dans la société ne nous paraît pas être une faiblesse. Notre Seigneur lui-même nous a encouragés à ne pas avoir peur, comme un petit troupeau. Nous sommes les héritiers de l’Église des martyrs et des confesseurs de la foi pendant la persécution communiste. À l’époque du totalitarisme, les catholiques étaient une minorité méprisée. Être une minorité devrait augmenter nos convictions. Aujourd’hui, les vrais catholiques du monde occidental sont aussi une minorité. Cependant, ils ne doivent pas nourrir de complexes de minorité, mais au contraire être fiers des nobles et saintes convictions de la foi catholique.
Quelle portée aura la rencontre interreligieuse pour laquelle le pape est venu?
Elle a pour objectif de promouvoir la paix et la compréhension mutuelle dans le monde, marqué par une grande diversité de peuples, d’opinions et de religions. En tant que tel, cet objectif a sa signification positive. Cependant, du seul point de vue extérieur, une telle réunion, où toutes les religions sont considérées comme égales, donne l’impression d’une sorte de supermarché des religions. Pourtant, la religion catholique est la seule vraie religion voulue par Dieu et il n’y a pas d’autre religion qui plaise à Dieu, que la Foi en Son Fils Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme et le seul Sauveur de l’humanité tout entière. Les rencontres interreligieuses telles qu’elles se réalisent de nos jours, sinon théoriquement, mais sûrement pratiquement, mettent Jésus-Christ au niveau de l’une des autres figures religieuses des religions mondiales. Cela sape la mission même de l’Église, qui doit enseigner toutes les nations afin qu’elles viennent à Jésus-Christ, leur Sauveur. Plus que jamais, l’Église catholique doit renouveler le zèle missionnaire des apôtres et des premiers chrétiens pour apporter le Christ avec amour et conviction au monde et à toutes les nations. Et ce, au lieu de rencontres interreligieuses de niveau mondial qui peuvent être aussi utilisées par les élites politiques pour servir leurs buts. C’est pourquoi il vaudrait mieux réaliser des rencontres entre adhérents de diverses religions au niveau personnel, familier et local et développer l’amour et le respect mutuel là où les gens vivent réellement. Il n’y aura pas de paix sociale sans la grâce du Christ et sans l’observance des commandements de Dieu et de la loi naturelle que Dieu a inscrite dans le coeur de chaque être humain ici-bas.