Philippe de Villiers a été longuement interrogé dans Valeurs Actuelles. Extraits :
[…] Un peuple qui confie aux populations immigrées la tâche de faire des enfants à sa place a déjà choisi de sortir de l’histoire. D’après les démographes, le peuple historique français deviendra minoritaire aux alentours de 2070. Nous voilà écrasés entre les deux mâchoires de l’Islamistan et le Wokistan. L’Islamistan impose une religion d’État, avec ses normes culturelles propres, tandis que le Wokistan diffuse une idéologie dénonçant la masculinité forcément toxique et prône la déconstruction de ce que nous sommes.
Dans un premier temps, ces deux entités collaborent : le Wokistan décivilise pour que l’Islamistan recivilise, il décolonise pour que l’Islamistan recolonise. Et nous voilà contraints soit à la “dhimmitude”, soit à la “diminitude”. Dhimmis ou diminués. Pendant des siècles, les chrétiens et les juifs de Tolède subissaient cette capitis diminutio, considérés comme des demi-citoyens. Ce système de domination se dessine aujourd’hui pour les Français : le Wokistan nous impose une culpabilisation qui précède notre effacement, tandis que les islamistes installent leurs fiertés dans les quartiers ethniques devenus des quartiers souverains. […]
Le “mémoricide”, pour une nation, équivaut au génocide pour un peuple. Cette ablation de la mémoire se traduit par l’amnésie de nos grandeurs et l’hypermnésie de nos lâchetés. Nous en sommes là. C’est ce que j’appelle la mémoire invertie. Nous vivons à l’inverse des repères laissés par nos pères. Nous vivons à l’envers de notre civilisation, nous ne participons plus de ses héritages, et nous ignorons une loi élémentaire : ce ne sont pas les vivants qui gouvernent les morts, mais l’inverse. Un sondage récent a révélé que 60 % des Français ne savent plus ce que représente le 11 Novembre. Quand un peuple vit dans l’instant, il bascule dans un trou noir. […]
Ceux qui interviennent dans le champ culturel sont des fabricants de terreau, quand ceux qui interviennent dans le champ de la politique sont des semeurs. Mais si vous semez sur de la rocaille, rien ne pousse. Et si le terreau n’est pas utilisé, il ne sert à rien. Les deux sont nécessaires. Après avoir lu Gramsci et médité la phrase de Lénine, « Donnez-moi 1 000 hommes, et je ferai la révolution », je me suis convaincu de ce que la droite devait reprendre le terrain culturel. Il suffirait de 1 000 hommes en France pour changer les choses. Il faut non seulement des tempéraments, mais des talents, de vraies élites.
[…] On sent que la guitare à la messe, ce n’est pas votre tasse de thé…
Ils ont tourné le dos au Golgotha. À l’Orient fondateur. Ils ont tué le mystère. Au moment où l’Église a abandonné le latin, mes amis écoutaient les Beatles. Quand je leur demandais pourquoi, l’un d’entre eux m’a répondu : « Parce que je ne comprends rien. » Les jeunes cherchent le mystère. Ils n’ont pas envie de comprendre. Or, la vie est un mystère, la mort plus encore. La matrice chrétienne, pour reprendre les termes de Jérôme Fourquet, s’est effondrée. Non seulement elle ordonnait la vie des gens, mais elle canalisait la vie, la mort, l’espérance, l’héroïsme. Tout ce qui fait la grandeur des hommes. Marcel Pagnol avait une définition très juste : « Tout chef-d’œuvre s’appuie sur trois lieux communs : la souffrance, la mort, l’amour. » Aujourd’hui, que reste-t-il de l’aggiornamento ? Une “Église verte”. Un pape qui veut punir l’Europe.
[…] Soyons unis. Comme le dit souvent Vincent Bolloré, « nous ne sommes pas trop nombreux. » La division est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. Quand on se trouve dans la tranchée, on se serre les coudes. Nous pourrions gagner la bataille des idées.
Comment définiriez-vous le rôle de Vincent Bolloré en France ?
C’est un héros moderne. Chevalier de la vérité de notre temps. En effet, je pense que les nouveaux héros sont ces capitaines d’industrie qui, sans sectarisme, portent un amour sincère envers leur pays. Ils pratiquent un capitalisme sacrificiel, en consacrant une partie de leurs moyens au service de la liberté d’expression, qu’ils considèrent comme dangereusement menacée. Vincent Bolloré cherche à garantir quelques hauts lieux de la parole alternative. Il est rare que les entrepreneurs, qui sont des créateurs de valeur ajoutée, soient en même temps des créateurs de valeur tout court. Je le connais depuis longtemps, et j’ai pour lui une profonde affection et une grande admiration. C’est un Breton. Il est comme un roc de l’Armorique, battu par les vents de Galerne. Et comme il le dit lui-même, il sait « semer ses poursuivants avec le déhanché du lapin breton ».
[…] Jean-Marie Le Pen a assisté, depuis son balcon, à la victoire de ses idées. Il est le premier à avoir pointé du doigt la question de l’immigration. Il a expliqué que si nous cédions à l’immigration massive, la France serait en danger. Nous ne pouvons pas dire qu’il avait tort. En revanche, il y avait chez lui et chez ses amis une tendance à l’exil intérieur. Ne se considérant pas de ce monde, ils ne souhaitaient pas y participer. Son mouvement manquait d’enracinement. Un jour, je lui avais fait la remarque : « Vous savez Jean-Marie, si vous aviez été maire de La Trinité, peut-être que vous auriez été président de la République. » […]
Sab33
Idée tout sauf neuve. Cf Jean Ousset et la Cité Catholique…
On en revient toujours à la même question : le combat est-il d’abord politique ? d’abord culturel ? d’abord spirituel ?
Finalement, chacun y répond en fonction de son tempérament, de son histoire…
Et pour l’instant on voit le désastre s’intensifier et s’accélérer !
Gaudete
Il est les 3 mon colonel
PK
« Cf Jean Ousset et la Cité Catholique… »
Et surtout Château-Jobert qui explique dans la « Doctrine contre-révolutionnaire » non seulement cela, mais les moyens d’y arriver.
Laguérie
Philippe de Villiers n’a-t-il pas sa part dans ” l’exil intérieur ” qu’il reproche à JMLP ? Lui et d’autres qui n’ont apparemment pas voulu se rapprocher de Jean-Marie Le Pen au prétexte qu’il n’était pas fréquentable. Je n’ignore pas les petites phrases de Monsieur Le Pen qui ne rendaient pas la tâche facile. Mais une bonne négociation n’aurait-elle pas résolu le problème ? A-t-elle été tentée ? Personne n’en parlant, on peut en douter.
PK
Dans sa vieillesse, le vicomte oublie qu’il a été le principal moteur de l’empêchement de l’union des droites, agissant comme sous-marin (volontaire !) pour draguer l’électorat de Le Pen et l’empêcher d’arriver au pouvoir. Même son discours était beaucoup plus politiquement correct à l’époque.
On aimerait au moins qu’aujourd’hui il reconnaissât non seulement s’être fourvoyé, mais aussi qu’il dénonçât ses turpitudes politiques et ses alliances clairement anti-française et qu’il demandât pardon. C’est le minimum syndical pour être crédible !
On a le droit au pardon et d’avoir été le vilain petit canard. Mais le pardon commence avec la reconnaissance de la faute. Lui qui sait si bien faire la leçon aujourd’hui, qu’il se l’applique à lui-même pour commencer !
Paille, poutre quoi !