Dans Valeurs Actuelles, le père Danziec revient sur le témoignage de foi de Christine Kelly, qui a indisposé quelques laïcards :
« Connecté au réel ». Les meilleures publicités, comme les plus pertinentes homélies, sont celles qui se vérifient dans le quotidien des personnes auxquelles elles s’adressent. Une communication frappe fort lorsqu’elle parle juste. Ce n’est donc pas par hasard que Valeurs Actuelles a choisi de floquer ces trois mots sur ses produits dérivés : « Connecté au réel ». Quitte à le devancer et prévoir, tel un bon marin scrutant le ciel et ses nuages, les tempêtes de l’actualité ? Jeudi dernier, Christine Kelly faisait la une de notre précédent numéro. En couverture, sous la photo de la présentatrice de Face à l’info, on pouvait lire comme gros titre : « Liberté d’expression en péril ».
Deux jours plus tard, tandis que, sur l’autoroute du Sud, la France insouciante partait en vacances, une polémique comme notre monde postmoderne en a le secret, gonflait irrésistiblement sur les réseaux. Entendez ! Une vidéo est exhumée. On y voit Christine Kelly parler du début de l’aventure de l’émission phare de CNews.
La puissance de Dieu
Invitée à un événement organisé par l’église Pentecôtiste à Créteil, elle évoque, avec transparence et simplicité – avec cœur et émotion aussi – combien sa foi chrétienne l’a aidée à tenir le gouvernail de Face à l’info. « Première émission. Des manifestations devant. Je ne connais pas Éric Zemmour. Je ne sais même pas à quoi ressemblera l’émission. Mes deux genoux à terre dans les toilettes, je ne sais pas où je vais. Mais je sais que “l’Éternel est mon berger, je ne manquerai de rien”. » Applaudissements nourris des 1000 personnes sur place. « Je ne suis pas venue par gentillesse. Je suis venue pour témoigner de la puissance de Dieu », appuie-t-elle.
Il n’y a pas si longtemps, tous les petits écoliers apprenaient que Clovis s’était converti à la suite de sa victoire à Tolbiac en invoquant le « Dieu de Clotilde ». Sur les pages des cahiers jaunis, la geste de Jeanne d’Arc, aussi mystique qu’héroïque, rappelait que, grâce à ses voix, une jeune bergère sut préserver le royaume des Lys des Léopards bourguignons. Cotignac dans le Var, seul lieu d’apparition de saint Joseph reconnu dans l’Eglise, est devenu un sanctuaire prisé des pères de famille, suite à la réalisation du vœu de Louis XIII qui attendait désespérément un fils. Après quasi vingt-trois ans de mariage, enfin le futur Louis XIV naissait et ses parents le nommèrent Louis-Dieudonné. La Sainte Vierge elle-même, de Pontmain à l’Île Bouchard, n’a pas hésité à s’insérer dans le maillage de la France charnelle pour la préserver des tracas de son histoire…
Un témoignage courageux de foi et d’humilité
Alors, oui, beaucoup d’hommes peuvent nier le surnaturel chrétien, s’en moquer, voire le suspecter de véhiculer des idées d’extrême-droite. Cela n’a pas empêché un Bernard Tapie de confier à Vanity Fair qu’il portait toujours un crucifix dans sa poche ou un François Mitterrand de laisser apparaître dans ses ultimes vœux présidentiels un semblant de foi avec son laïus sur les « forces de l’esprit », formule sibylline mais suffisante pour faire bondir ses proches et amis francs-maçons.
« J’ai laissé Dieu tout piloter ». Dans cette sentence de Christine Kelly, les bienveillants verront un témoignage courageux de foi et d’humilité d’une journaliste habile, tant à conduire Zemmour sur son plateau qu’à gérer son départ. D’autres pointeront un aveu scandaleux de retour au divin quand ils pensaient acté le divorce de la raison avec l’obscurantisme catholique.
La polémique autour des convictions chrétiennes de Christine Kelly relève d’une double malhonnêteté intellectuelle. La première consiste à lui faire dire ce qu’elle n’a pas dit. Pour le socialiste rallié à la NUPES Olivier Faure, les propos de la journaliste sont « hallucinants » : « Il y a une journaliste qui pense être la médiatrice entre Dieu et les hommes pour les guider vers l’extrême-droite ? ». S’il voulait le prouver, le député réalise avec talent qu’il y a pire que d’avoir la foi, c’est d’en être de mauvaise…
La deuxième malhonnêteté intellectuelle est d’affirmer que si Christine Kelly s’était revendiquée de l’Islam, elle aurait eu droit à une levée de boucliers de la part de la droite des valeurs. On avait vu en effet la gauche ou Libération moins prompt à l’indignation lorsque la chanteuse Diam’s expliquait sur Brut TV combien le voile et l’islam l’avaient épanouie. Opération de communication bisounours qui cochait alors toutes les cases de l’islamogauchisme friendly.
On y reviendra toujours : quel problème fondamental y a-t-il à parler de sa foi chrétienne ? Notre monde, qui ne s’inquiète plus spirituellement, est-il si pleinement heureux et souverainement dilaté pour imposer une telle tyrannie areligieuse ? Quel problème se pose-t-il avec le Christ ? Qu’est-ce donc que l’Evangile ? Jésus – qui ne fut ni pilleur de caravanes, ni marié à une jeune enfant – a proclamé un message exigeant, fait d’amour et d’ascèse, d’orientation à Dieu et de sollicitude pour son prochain, de verticalité spirituelle et de fraternité d’âme.
Or l’une des prérogatives de ses disciples, c’est d’être ce sel qui donne du goût, cette lumière qui éclaire et qui rassure en ayant la charité de dire, toujours avec délicatesse, mais avec droiture aussi, la vérité. Le Seigneur nous invite même à la clamer sur les toits (Mt X, 27). Le chrétien ne peut donc se permettre de garder la bouche fermée et de verrouiller son cœur.
Parce qu’un cœur vaillant et baptisé, c’est un cœur appelé à déborder de l’amour du Christ, il ne peut rester muet. La partition jouée par Christine Kelly lors de cette soirée n’a rien d’extraordinaire. La violence avec laquelle ses propos ont été fustigés montre combien les temps à venir risquent d’être compliqués en même temps que prodigieusement stimulants pour les croyants. Il appartient à ceux qui veulent poursuivre la civilisation de l’Evangile de ne pas voir peur. Et de l’ouvrir proprement.